La start-up suisse AVAtronics a mis au point un algorithme permettant de supprimer les fréquences indésirables pour une écoute plus confortable.
C’est au cours d’un voyage professionnel en Chine, que Jeyran Hezaveh et l’un de ses associés ont réalisé que les casques à réduction active de bruit ne permettaient pas de couvrir tous les bruits environnants. Comme cela arrive souvent, un bébé s’est mis à pleurer et le casque qu’elle portait ne couvrait pas ses cris. Il fallait trouver une meilleure solution pour combattre cette pollution sonore.
Les casques à réduction active de bruit
La réduction passive du bruit passe par l’utilisation de matériaux isolant. À l’inverse, la réduction active du bruit implique l’utilisation de micros intégrés qui enregistrent les sons extérieurs et produisent une fréquence opposée. En se rencontrant, les deux fréquences vont s’annuler. Cette technologie a été développée par un des principaux fabricant d’enceintes, dans le but d’accompagner l’exploration spatiale. En effet, les fusées produisaient un son très puissant qui risquait de rendre sourd les cosmonautes dans le cockpit. Les casques ainsi créés sont aujourd’hui également disponibles pour le grand public et permettent à tout un chacun d’écouter sa musique dans des lieux bruyants, sans être dérangé par des bruits extérieurs. Il n’est plus non plus nécessaire d’augmenter le volume, ce qui reste un réflexe nocif pour les oreilles. Il reste toutefois un problème : les hautes fréquences, comme le cri d’un bébé, un coup de klaxon ou la voix aiguë d’une personne au téléphone, ne sont pas prises en compte par les dispositifs actuels et continuent donc de perturber l’écoute.
S’offrir le silence
Les hautes fréquences sont partout et elles sont source de stress. Le silence est devenu un luxe cher dans nos sociétés du son et de l’image. Les trois associés à l’origine d’AVAtronics ont donc travaillé pour mettre au point un système abordable permettant d’écouter de la musique sans être gêné par des bruits environnants. Pour cela, ils se sont intéressés au traitement du signal, une discipline qui étudie l’analyse et l’interprétation des signaux intelligibles à l’homme, comme le son. Après des années de recherche, ils ont créé un algorithme capable de supprimer les hautes fréquences indésirables. Alors que les casques à réduction de bruit les plus performants et les plus onéreux permettent de supprimer les sons jusqu’à une fréquence maximale d’environ 1000 Hz, l’algorithme mis au point par AVAtronics en supprime jusqu’à cinq fois plus. Sachant que les humains peuvent généralement entendre les fréquences sonores situées entre 20 Hz et 20 000 Hz, cette innovation risque donc de trouver rapidement son débouché sur le marché.
Un modèle basé sur la licence
Depuis sa création en 2016, AVAtronics a déjà établi plusieurs brevets et mis au point différents prototypes de casques. Le modèle d’affaire de la start-up est basé sur l’octroi de licences d’exploitation de ses algorithmes aux fabricants de casques. Outre le secteur des casques audio, ces algorithmes peuvent également être appliqués à d’autres technologies. A titre d’exemple, il permet d’effacer les bruits indésirables pour les systèmes de commandes vocales intégrés aux télévisions ou pour les matériels d’audioconférence De même , intégré dans des appareils auditifs, il permet d’éliminer les fréquences gênantes et d’améliorer la qualité de l’audition pour les personnes malentendantes . Il pourrait en théorie être intégré dans n’importe quel dispositif d’écoute.
Des applications multiples
Basée à Lausanne, la start-up bénéficie du support de différentes agences (telles que Innosuisse et Innovaud) qui croient en son potentiel. Plusieurs acteurs majeurs du secteur ont également investi pour qu’elle continue à développer ses solutions. Il faut dire que les applications de cette technologie sont vastes, allant de l’aide aux enfants autistes à la protection des personnes travaillant dans les mines. AVAtronics souhaite devenir un maillon important du secteur en continuant à travailler sur de nouveaux algorithmes innovants.