N’ayant pas su faire mieux que ses prédécesseurs, le règne de Marissa Mayer à la tête de Yahoo arrive à sa fin. Et se termine par un échec retentissant !
Mais pour Yahoo cet échec pourrait bien être le dernier et marquer la fin du pionnier de l’Internet.
Cette fin tragique aurait pu être évitée mais une fois de plus, ce ne seront pas les décisionnaires de ces mauvais choix stratégiques qui en supporteront les conséquences mais les investisseurs, les employés et même les clients.
Yahoo allait déjà très mal lorsque Marissa Mayer est arrivée.
Il n’y avait plus de croissance possible pour Yahoo sur un marché monopolisé par Google et Facebook. Sa raison d’exister pouvait même être remise en question car qui consulte encore les sites d’agrégation d’articles et d’actualité – c’est la raison de la disparition d’AOL – ?
De plus, les revenus provenant de la vente de mots sur son moteur de recherche sont tous investis depuis longtemps chez Google par ses clients. Les internautes sont avant tout des fans de médias sociaux et Yahoo n’a absolument aucune offre sur ces réseaux.
En résumé, Yahoo avait désespérément besoin d’un changement de positionnement et surtout d’une toute nouvelle stratégie quand Marissa Mayer a été engagée. Mais le fonds du problème est qu’elle n’a rien proposé du tout pour que cela change!
Au contraire, elle a mis en place une série d’actions assez insignifiantes :
- Transformer la page d’accueil,
- Modifier la mise en page,
- Supprimer la politique de travail à la maison (home office)
- Recruter Katie Couric (la Anne Sinclair américaine)
Elle a aussi décidé, sans réelle vision à long terme, d’une série d’acquisitions vides de sens et douteuses. Des décisions inutiles et coûteuses résultats d’une stratégie en totale contradiction avec les attentes du marché: pour Marissa Mayer, Yahoo devait rester uniquement focusé sur son « cœur de métier » .
Une cautère sur une jambe de bois!
Ce bricolage confirmait l’ignorance de la direction sur les retards de Yahoo et sur son manque de pertinence sur internet. Il aurait fallu un changement spectaculaire et rapide, mieux : Un miracle !
Alibaba a permis à Yahoo de respirer un moment. Cette décision d’investir dans la société chinoise datait d’il y a bien longtemps et a heureusement permis à Yahoo d’augmenter de façon impressionnante sa valorisation. C’était alors le moment idéal pour décider des changements rapides et importants qui auraient pu faire évoluer Yahoo et lui permettre de rattraper son retard. Malheureusement, Marissa Mayer s’est cachée derrière cette actualité positive comme derrière un rideau de fumée pour y ensevelir les ruines de l’ancien leader de l’Internet.
Elle n’a pris aucune décision pertinente et a juste animé des tables rondes pour savoir de quelle façon dépenser la manne providentielle provenant d’Alibaba.
Marissa Mayer a engagé le cabinet McKinsey & Co pour la guider dans sa stratégie et définir à sa place les postes a réduire dans son projet de « restructuration ». En écoutant les acteurs du marché elle aurait eu gratuitement le conseil de se débarrasser de tout.
Après trois années à la tête de Yahoo ponctuées de nombreux licenciements, on constate malheureusement que la seule façon dont Marissa Mayer a su libérer de la valeur chez Yahoo est en licenciant! Il serait maintenant temps qu’elle réalise qu’après trois ans de baisse des revenus, ce n’est pas avec des licenciements supplémentaires qu’elle fera augmenter la valeur de l’action.
Cela n’allait déjà pas bien – c’est pire maintenant !
Les analystes soulignent que Yahoo est une coquille vide, son cœur de métier historique est sans valeur, la société ne vaut que par sa participation dans Alibaba. La vente de publicité sur les pages Yahoo est quasi nulle, communiquer sur Internet en se passant de Google ou de Facebook est impossible, oublier Yahoo dans ses plans de communication ne pose aucun problème.
Les investisseurs sont inquiets car les impôts vont fortement impacter les revenus générés par Alibaba, grevant fortement le budget. N’ayant plus d’espoir du côté de la CEO et de son sempiternel discours «cœur de métier» dont elle use à toutes les sauces, leur bon sens les pousse à envisager une vente à Softbank de ce qui reste de Yahoo . Cela permettrait à cette entreprise japonaise d’être propriétaire de l’intégralité de Yahoo.
C’est donc pour cela que le Yahoo que nous avons connu disparaîtra – comme AOL et tous les autres acteurs qui n’ont pas su s’adapter à la vague des réseaux sociaux.
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