L’étymologie du mot passion vient du grec pathos signifiant souffrance. Tout cela commence bien ! Intéressant d’imaginer que de prime abord, la passion devrait être envisagée sous un angle plutôt négatif. Doit-on s’arrêter à cette acception connotée en déterminant que la passion est synonyme de contrainte et d’effort pour y parvenir ? Pour cela, il faut comprendre les mécanismes de la passion et les conséquences lorsqu’elle se concrétise.
Envisager la passion au travail comme une évidence serait un peu simpliste ; surtout lorsque l’on sait les difficultés rencontrées sur le terrain. Même si les concepts de soft skills, de bienveillance, d’humanisation des entreprises, etc, sont dans l’air du temps, il existe une réalité un peu différente où la passion n’est pas toujours bien vue. En effet, elle gêne parfois parce que la passion demande de la conviction et de l’audace. Cela pose donc la question suivante : faut-il être passionné(e) pour réussir dans les organisations aujourd’hui ?
La passion et l’envie
En ébauchant un début de réponse, on peut se dire que les nouveaux systèmes font de plus de plus de place à la notion même de passion, surtout dans des métiers où l’humain est prépondérant comme la gastronomie, la haute joaillerie, la viticulture… Du côté de la formation, c’est aussi valable. Cela a d’ailleurs était le leitmotiv de Xavier Niel en fondant l’école 42. Le seul pré-requis pour intégrer la formation est la passion de l’informatique et du développement, pas celui des diplômes. Cependant, il faut différencier la notion de passion et celle de l’envie. Un exemple concret : avoir un penchant pour maquiller ses proches n’est pas suffisant pour envisager un parcours dans le secteur hyper concurrentiel du make-up et de la beauté.
La passion génère de la bonne humeur et de l’enthousiasme.
Ce qui est incroyable avec la passion, c’est qu’elle génère pour soi et pour les autres une forme d’enthousiasme. Cet enthousiasme aboutit souvent à une meilleure compréhension de l’autre et des problématiques soulevées. L’enthousiasme est aussi générateur de plus de relations positives entre ses collègues et/ou ses collaborateurs. Il est évident qu’il est tout de même plus facile de « suivre » une personne passionnée et positive qui saura emmener les équipes et/ou les projets. La passion seule bien évidement n’est pas omnipotente. Bien entendu, elle doit s’appuyer sur les compétences techniques avérées. La question que l’on peut se poser est tout de même la suivante : ne faut-il pas mieux être moins compétent techniquement mais passionné(e) que l’inverse ? En découle mécaniquement une forme de bonne humeur, parce qu’il y a fort à parier qu’une personne passionnée arrive à passionner son équipe et/ou ses collègues afin que tous aient du plaisir à collaborer et à co-créer. Comme le dit l’adage : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Le revers de la médaille est celui du « trop » passionné qui risque d’être aveuglé, d’être enfermé dans son jargon, sa technicité et qui, de fait, ne peut transmettre ses connaissances. Comme pour toute chose, l’équilibre est la sagesse. Mais comment peut-on être dans l’équilibre quand on définit la passion comme un élément source de feu, d’énergie et de mise en mouvement. Le grand risque c’est d’être pris à son propre piège. La réflexion doit donc se porter sur une vigilance de tous les instants pour que cette passion ne desserve pas celui qui en est doté !
La passion comme atout de différenciation
Aujourd’hui bon nombre de collaborateurs ont mis leurs passions au service de l’entreprise. Ces nouveaux employés appelés intrapreneurs ont développé des soft skills et réalisent les projets d’une autre manière. Fortement engagés, curieux, très autonomes, attachés à la mission pour laquelle ils sont nommés, ces personnes sont les nouveaux relais internes des succès économiques et humains des entreprises.
Pour réaliser de grandes choses, la passion est une évidence et elle fait plutôt bon ménage avec la recherche d’une forme d’excellence. La passion est un élément directement lié au cœur et aux tripes. C’est la célèbre citation d’Hegel qui écrit : « Rien de grand ne s’est fait sans passion ». Bien entendu, elle permet de soulever des montagnes et de développer des compétences importantes telles que la conviction et la persévérance. Apprendre, se documenter, aiguiser sa curiosité, aller plus loin, réfléchir, faire et refaire… Cela ne coûte rien à celui ou celle qui est passionné(e). La passion relativise la temporalité. En effet, la passion fait oublier le tic-tac de la montre et des heures qui défilent. Ainsi de citer cette phrase, souvent prêtée à Confucius, qui dit : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». Dans le travail, la passion est donc un outil puissant de motivation et de mise à distance de l’échec.
La passion : un outil vers le bonheur
Derrière la notion de passion, on peut faire l’hypothèse d’un idéal de bonheur, voire de réussite. Elle peut aussi avoir comme fonction d’échapper à la routine en rappelant que « le problème n’est pas le lundi, c’est le job ». La passion c’est, par conséquent, faire ce que l’on aime et se dire que l’on est à la bonne place. La passion rend concrète sa quête de sens par « j’aime ce que je fais et je fais ce que j’aime ». Il est classique de rencontrer des personnes qui vers 45 ans souffrent d’une crise de milieu de vie en s’interrogeant sur leur parcours et sur leur rêve d’enfant. Certains (pas tous) franchiront le pas d’une reconversion comme cette directrice communication devenue fleuriste. En trouvant sa voie au-delà même de la notion de prospérité. Néanmoins, cette vision est sur le long terme une philosophie gagnante. Vivre de sa passion est une possibilité. Seulement ne nous leurrons pas, elle va souvent de pair avec celle de devenir indépendant, à savoir créer sa propre entreprise (nonobstant l’intrapreneuriat). Il faudra peut-être se dire que le démarrage sera difficile mais peu importe puisque notre passion saura braver les difficultés, les baisses de moral, les personnes malveillantes… In fine, la notion de réussite financière est probablement la conséquence logique de la passion. Prenons en vrac des exemples d’entrepreneurs passionnés qui ont réalisé des success-stories mondialement connues : Helena Rubinstein, Danièle Henkel, Richard Branson, Chantal Thomass, Jack Ma, Thierry Marx… La passion permet de prendre de la hauteur et de se sentir en vie sur des projets qui parlent aux tripes. Elle nécessite de l’engagement et de la persévérance.
La passion est heureusement présente pour soutenir certains secteurs d’activité dont la suite n’est pas assurée comme par exemple beaucoup de métiers d’art (plumassier, dentellier, brodeur…). La passion c’est aussi un peu de folie et beaucoup de créativité comme celle de Charles Lindbergh qui réalisa un vol transatlantique dans les années 30, celle d’Yves Saint-Laurent qui créa le premier smoking pour femme, ou encore la passion de Mademoiselle Chanel qui revisita les formes des tailleurs des femmes en ajoutant que « la copie c’est le succès ». La passion c’est aussi cela, c’est parfois être précurseur et visionnaire loin du formatage et des attentes convenues de la société. CQFD.
Pour aller plus loin, n’hésitez pas à lire :
Vraies passions, vrais talents de Clément Finet aux éditions Manitoba/Les Belles Lettres
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