Jusqu’à il y a une dizaine d’années, être « assidu », « loyal », « fidèle » faisait partie des meilleurs qualités que l’on pouvait nous attribuer. Les gens étaient fiers de porter ces étiquettes. Aujourd’hui, il faut être « agile », « stratège », « design thinker » et « problem solver ».
Le « problem solver » gagne rapidement en popularité car notre nouveau monde exige, en plus d’une pensée critique et créative, la capacité à résoudre – rapidement et efficacement – des problèmes de tous rangs et qui muent chaque jour.
En fait, « problème » n’est qu’un autre mot pour une situation que nous ne savons pas traiter. Cela signifie que lorsque nous résolvons des problèmes, nous apprenons réellement quelque chose de nouveau. Sans problèmes, il n’y a pas d’apprentissage et de croissance.
J’ai personnellement toujours adoré trouver des solutions aux problèmes. Enfant, les distributeurs de boissons me fascinaient et, n’ayant pas la possibilité de me payer une boisson, je m’amusais à vouloir construire des prototypes de ceux-ci avec du carton, mais je n’ai jamais réussi.
Je pensais peut-être que la résolution de problème était due à l’intuition. Il est vrai que certaines personnes sont des « résolveurs » de problèmes dans l’âme, mais les meilleurs d’entre eux combinent l’intuition et la logique pour trouver leurs solutions et affichent un état d’esprit basé sur une méthodologie rigoureuse.
Cette méthodologie peut être découpée en six étapes principales :
1/ Identifier le vrai problème. L’identification du problème à résoudre est souvent le problème même. Ce n’est pas aussi simple que vous pourriez le penser. Pensez à une entreprise qui a des problèmes de revenus. Il pourrait y avoir quelques centaines de raisons pour expliquer que son commerce n’est pas florissant : problème de clientèle, de budget, de produits, la liste est encore longue ! Poser les bonnes questions et se mettre dans la peau d’un ethnographe avisé vous aidera à résoudre votre/vos problème(s) avec précision.
Définir le problème même qui nous ronge va définir le type de remède auquel nous allons vouloir faire appel. Si un docteur vous diagnostique un rhume alors que vous avez une grippe, vous allez à la fois perdre du temps, de l’argent voire même de la santé en prenant un mauvais traitement.
2/ Soyez créatifs mais surtout ouverts d’esprit . Maintenant que vous avez une idée claire du problème qui vous ronge, réfléchissez à toutes les solutions possibles. Le meilleur remue-méninge se produit lorsque vous avez la possibilité de faire rebondir les idées des autres. Rassemblez les bonnes personnes lors de votre brainstorming et pensez à autant de solutions que possible. Mais ce n’est pas le moment d’évaluer. On a tous déjà expérimenté cette situation : on est en réunion, on cherche une solution à un problème, et, au fur et à mesure que les solutions tombent, il y en a toujours un pour évaluer et critiquer la solution avant même que vous ayez fini ce que vous avez à dire.
Listez d’abord vos idées, puis passez à l’évaluation !
3/ Prioriser. C’est à ce moment que vous évaluez les idées que vous avez trouvées au cours de la phase d’idéation. Évaluez d’abord les idées en fonction de leur impact et la complexité de l’idée. Généralement, les deux facteurs complexes sur lesquels vous tomberez sont classiquement le temps et l’argent. Difficile d’harmoniser vos contraintes budgétaires avec vos contraintes de délai ! Misez donc sur des idées impactantes minimisant vos contraintes.
4/ Prototyper rapidement. Ceci est une autre étape que les problems solvers non aguerris zappent souvent : donnez rapidement vie à vos idées.
Une bonne stratégie de prototypage, ça se nourrit de tous les résultats dégagés lors des phases précédentes d’immersion, de problématisation et d’idéation.
5/ Tester. Il n’y a pas mille façons de recueillir l’opinion d’un public : aller vers lui, lui parler, l’interroger. Et c’est comme ça qu’un prototype peut avancer, à condition bien sûr de poser les bonnes questions ! Même si vous avez mis toute votre énergie et votre âme dans votre prototype – c’est un peu votre bébé –, il va falloir s’en détacher, être neutre et faire face aux critiques. Mais ne jetez absolument pas l’éponge. Retournez aux étapes précédentes et lancez la solution suivante pour essayer, puis réitérez jusqu’à trouver LA bonne solution.
6/ Suivi de la solution : Une fois que nous avons défini une solution et que nous avons progressé, nous devons mettre en place les mesures appropriées pour nous assurer qu’elles fonctionnent comme prévu.
Trop souvent, nous résolvons et abandonnons le problème. Nous devons nous assurer qu’il reste résolu ou, du moins, que nous avons la bonne solution.
Une méthodologie rigoureuse est nécessaire pour résoudre un problème donné, mais elle n’est pas capable, en un coup de baguette, de résoudre n’importe quel problème. L’état d’esprit type de bons problem solvers réside, selon mon expérience, en 6 points :
1. Ils voient un problème comme une source d’opportunités et tentent, coûte que coûte, de relever ce défi.
2. Ils ne s’arrêtent pas au problème qu’on leur donne. Ils creusent et entrent en empathie avec les personnes qui vivent cela.
3. Ils cherchent à trouver la bonne solution en s’aidant des autres plutôt que vouloir prouver qu’ils ont raison à tout prix.
4. Ils vont au-delà d’un état d’esprit fixe et adoptent le growth mindset, et s’ouvrent à de nouvelles façons de penser pour explorer et exploiter de nouvelles options.
5. Ils savent qu’ils ne réussiront jamais seuls.
6. Ils sont conscients que les problèmes ne finissent jamais. Si vous voulez réussir, vous ne pouvez pas ignorer ou éviter les problèmes, vous devez les traiter (immédiatement, si possible). Il n’est pas facile d’accepter le fait que les problèmes ne cesseront jamais, mais si vous ne l’acceptez pas, vous serez toujours surpris lorsqu’un nouveau problème apparaîtra.
Les bons problem solvers restent pragmatiques quant aux objectifs et aux contraintes. A la fois fins stratèges et idéalistes, ils n’oublient pas de garder les pieds sur terre, même si voir grand et rêver est souvent nécessaire pour donner vie à des solutions exceptionnelles !
Derrière chaque problème se cache une opportunité, une opportunité d’apprendre, d’aller plus loin, d’assurer un statu quo ou, au contraire, de tout transformer pour un meilleur monde : voilà pourquoi j’adore les problèmes.
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