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Une nouvelle étude sur le travail hybride pourrait contribuer à régler la question sur ce sujet parfois controversé

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Travail hybride. | Source : Getty Images

Selon une étude publiée dans la revue académique Nature, deux jours de télétravail améliorent la satisfaction au travail et réduisent le turnover par rapport au travail en présentiel cinq jours par semaine.

Article de Jena McGregor pour Forbes US – traduit par Flora Lucas

 

L’éternel débat sur la question de savoir si le télétravail nuit à la productivité ou diminue les performances des travailleurs a atteint le sommet du prestige académique : une étude publiée dans la revue Nature.

Les résultats de l’étude

Les dirigeants désireux de ramener les travailleurs au bureau pensent souvent que cela entraîne une baisse de la productivité et une érosion de la culture d’entreprise. Cependant, une nouvelle étude publiée mercredi 12 juin dans la revue académique de référence Nature par Nicholas Bloom, économiste à l’université de Stanford, et ses coauteurs, apporte de nouvelles preuves des avantages des horaires hybrides. Un essai contrôlé randomisé mené auprès d’employés d’une entreprise technologique basée en Chine a révélé que deux jours de télétravail et trois jours en présentiel réduisaient le taux de démission, amélioraient la satisfaction au travail et n’avaient pas d’impact sur les performances, par rapport au travail à plein temps en présentiel.

« Tout le monde a entendu parler de Nature », déclare Nicholas Bloom. Si vous parlez d’aménagements de travail flexibles avec un PDG qui veut que les employés reviennent à temps plein, « un essai contrôlé randomisé de grande envergure [publié dans Nature], ils peuvent encore l’ignorer, mais c’est beaucoup plus difficile ».

L’étude a divisé au hasard 1 612 travailleurs de Trip.com, une grande agence de voyages internationale, selon que leur date de naissance était paire ou impaire. Un groupe pouvait travailler à domicile les mercredis et vendredis, l’autre travaillait au bureau les cinq jours. Les chercheurs ont constaté que pour ceux qui avaient des horaires hybrides, le taux démission a chuté d’un tiers au cours des six mois de l’expérience, d’autant plus pour les non-cadres, les femmes et ceux qui avaient de longs trajets à faire, tandis que les scores de satisfaction au travail se sont améliorés. Le groupe hybride n’a pas non plus présenté de différences significatives en matière d’évaluation des performances ou de taux de promotion, même jusqu’à deux ans après le début de l’expérience, et il n’y a pas eu de différences significatives entre les deux groupes en ce qui concerne les lignes de code soumises par les ingénieurs en logiciel.

Cette méthode d’essai, une expérience réelle sur deux groupes d’employés séparés au hasard par rien d’autre que la date de naissance, a permis aux chercheurs de conclure que c’était l’horaire de travail hybride qui était à l’origine de l’amélioration du taux de démission et de la satisfaction au travail, selon Nicholas Bloom, et non pas une simple coïncidence avec d’autres facteurs. « Dans de nombreuses études, ce n’est pas le cas », explique Nicholas Bloom. « Il n’y a pas de différence entre les personnes nées un jour pair et celles nées un jour impair. »

L’étude ne s’est pas penchée spécifiquement sur les télétravailleurs à temps plein, ni sur les arrangements où les employés ont le choix personnel du lieu et du moment où ils travaillent, ce qui reste une priorité pour de nombreux travailleurs. Ce débat se poursuivra probablement. Cependant, l’étude actuelle apporte des preuves supplémentaires de l’intérêt pour les salariés de travailler à domicile, au moins une partie du temps, plutôt qu’à plein temps au bureau.

Les autres effets de l’étude

Dans l’article, Nicholas Bloom et ses coauteurs notent que certains pourraient se demander si la réduction du taux de turnover dans le groupe de travail hybride ne s’explique pas par le fait que les membres du groupe de travail à temps plein étaient frustrés de ne pas avoir bénéficié d’un horaire flexible au cours de l’expérience. Toutefois, les taux de turnover des employés de bureau à temps plein ont légèrement diminué par rapport à la période de six mois précédant l’expérience, écrivent les chercheurs dans l’article, ce qui suggère que certains ont peut-être « deviné (à juste titre) que la politique serait étendue à tous les employés une fois l’expérience terminée ».

Autre effet : l’étude a révélé que les cadres de l’entreprise ont modifié leur point de vue sur le travail hybride au cours de la période d’expérimentation. Avant le début de l’expérience, les cadres de l’entreprise pensaient que le travail hybride réduirait la productivité de 2,6 %. À la fin de l’expérience, ils pensaient que les arrangements flexibles pourraient améliorer la productivité de 1 %. « L’expérimentation est utile », écrivent les auteurs de l’étude.

Cette étude fait suite à des mois de débat sur l’impact du travail à distance sur la culture d’entreprise, la productivité des employés et les inconvénients potentiels pour l’innovation ou la collaboration. Nicholas Bloom, qui étudie le travail à distance depuis des décennies, a suscité des remous l’année dernière lorsqu’il a publié un document de travail qui passait en revue les études existantes sur le sujet et indiquait que les recherches montraient que les effectifs travaillant à distance semblaient avoir une productivité légèrement réduite en moyenne. Cependant, les études ont également montré que lorsque l’horaire de travail était bien géré et hybride au moins une partie du temps, l’effet était nul ou légèrement positif, a déclaré Nicholas Bloom à Forbes à l’époque.

En effet, un des premiers articles de Nicholas Bloom portait sur la même entreprise, Trip.com (l’un de ses cofondateurs, James Liang, est un coauteur et un ancien étudiant en doctorat de Nicholas Bloom). Il a constaté que, parmi un groupe d’agents de centres d’appel à distance qui travaillaient en présentiel un seul jour par semaine, la productivité a augmenté de 13 % et le taux de turnover a chuté de moitié.

La nouvelle étude a porté sur des travailleurs dans des domaines tels que le marketing, l’ingénierie logicielle, la finance et la comptabilité, ce qui permet de répondre aux préoccupations selon lesquelles les études antérieures sur les employés moins bien rémunérés effectuant des tâches répétitives avec des mesures plus objectives pourraient ne pas être généralisables à l’ensemble de la main-d’œuvre. « Il s’agit de créatifs, de diplômés ou de professionnels qui innovent, créent et forment », explique Nicholas Bloom à propos des participants à l’étude actuelle.

Selon Nicholas Bloom, Trip.com cherchait un moyen de réduire les coûts de l’expérience, estimant que chaque employé qui démissionnait coûtait à l’entreprise 20 000 dollars en frais de recrutement et de formation, rapporte la revue Nature. À la suite de cette étude, l’entreprise a décidé d’étendre la politique hybride à tous ses employés.

« Le travail à domicile présente des avantages et des inconvénients, mais il s’avère qu’avec la politique hybride, ils se compensent mutuellement », explique Nicholas Bloom. « Les employés étaient beaucoup plus heureux s’ils pouvaient travailler à domicile deux jours par semaine, et leur taux de démission a ainsi diminué d’un tiers. L’entreprise en a donc tiré les conséquences. »

 


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