Aujourd’hui, les start-up fleurissent et meurent dans l’excitation générale, autour de valorisations parfois affolantes de ces entreprises. Cette dynamique repose pour beaucoup sur de l’immatériel, des promesses de succès auxquelles les investisseurs croient, dans l’espoir d’avoir débusqué la future licorne.
Pour autant, même si elles semblent paraître – souvent à tort – moins dynamiques ou attractives que les start-up, les entreprises plus matures ou traditionnelles ne sont pas en reste et devraient s’inspirer davantage de ce qui a cours pour les jeunes pousses. Comme elles, la question de la valeur des PME se posent. Et si les règles du jeu avaient changé? Si les PME apprenaient à mieux valoriser leurs atouts ?
Les dirigeants qui ont pour objectif de céder ou transmettre leur activité se posent cette question : combien vaut mon entreprise ? A quoi tient la valeur de mon entreprise ? Que puis-je faire pour renforcer et asseoir cette valeur ?
Quand le monde économique était moins rebondissant de surprises, de ruptures et autre « ubérisation », les arguments de chiffre d’affaires et de résultat net passé restaient des indicateurs rassurants, tangibles et fiables, bien que malléables parfois. La plupart du temps, un florilège de méthodes classiques de valorisation, ou combinées (approche patrimoniale, rentabilité ou rendement) permettait d’arriver à une fourchette de valeur, mise à mal au moment des négociations. C’est moins vrai aujourd’hui du fait que les actifs dits « immatériels » portent de plus en plus, voire essentiellement dans de nombreux secteurs, le potentiel, et donc la valeur, des activités. Ainsi, toute valeur qui vous serait indiquée par un logiciel du commerce ou votre fidèle comptable, ne sera pas nécessairement « la bonne ».
Il faut en effet pouvoir assurer au successeur que votre entreprise a un avenir, et ce quels que soient son passé, ses réussites… ou ses casseroles !
Bien sûr, tout ce qui est passé n’est pas à jeter ! Mais il faut néanmoins étudier chaque chiffre avec circonspection et s’assurer qu’ils pourront être reproductibles dans le futur. C’est bien là que réside tout l’enjeu, et là où « l’immatériel » prend toute sa place. Seulement, apprécier l’immatériel comprend un part importante de subjectivité. C’est pourquoi il est nécessaire de recourir à des tiers indépendants et spécialisés pour procéder aussi objectivement que possible aux estimations financières qui y sont associées.
Quels sont alors aujourd’hui les axes majeurs qui rassureront un repreneur, au point de payer l’entreprise à sa juste valeur?
- Fidélisation des clients autour d’une stratégie de marque forte : la valorisation de la marque aura donc ici son importance. Du point de vue du dirigeant, cela implique de construire et soigner sa stratégie de marque.
- Un savoir-faire unique, maîtrisé par des employés fidèles et transférable à de nouveaux salariés
- Des projets, produits ou services récents lancés avec succès et dont l’exploitation assure un avantage concurrentiel durable (grâce à des barrières à l’entrée : secret, brevet…). Sur ce point, le dirigeant a tout intérêt à développer une stratégie cohérente de développement et à mettre en place des indicateurs de suivi du déploiement de ces projets.
- Des projets innovants pour le court ou moyen terme qui permettront de suivre les tendances du marché, voire de proposer une rupture sur ce marché en s’appuyant sur l’étude des usages des clients ciblés. Cela se traduit en projets R&D, en brevets ou encore par la « digitalisation » ou transition numérique…
En amont, il sera conseillé au chef d’entreprise d’user des outils juridiques pour sécuriser au mieux ses efforts et sa propriété intellectuelle.
Du point de vue de la valorisation, un brevet ou une solution numérique, devra faire l’objet d’une évaluation spécifique. - Bases de données, data. Ces éléments sont encore sous estimés au sein des TPE, PME. Il n’y a pas que les start-up qui sont à même de brasser des données et de les exploiter.
Il est donc utile d’identifier les données de valeur, d’en assurer une réelle protection et valorisation.
De plus, la réglementation concernant la gestion des données, notamment les données personnelles, imposera à l’entreprise de se conformer aux bonnes pratiques en la matière sous peine de voir ces actifs dévalorisés. - Intelligence organisationnelle, élément immatériel s’il en est, elle constitue le cœur de l’entreprise. Parfois, elle est labellisée par une norme ISO ou autre : ce qui contribue à accroître la valeur de l’entreprise. En somme une entreprise au fonctionnement bien huilé devait faire valoir cet atout.
La liste n’est pas exhaustive. Nous pourrions évoquer aussi la responsabilité sociale et environnementale par exemple. Toutefois ces premiers points donnent une bonne indication de là où doivent se porter les efforts des futurs cédants, surtout s’ils sont confrontés à une concurrence forte.
La valeur de l’entreprise se construit au fil du temps. Il ne s’agit pas de se poser ces questions et d’engager des actions quand il est trop tard.
Pour gagner du temps, et compte tenu de l’importance et de la spécificité du sujet, n’hésitez pas à solliciter un regard extérieur aguerri pour savoir sur quel levier porter l’essentiel de vos prochains efforts !
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