Quels sont les points communs entre la pandémie de 2020 et l’actualité géopolitique de 2025 ? À l’instar du Covid il y a quelques années, le risque cyber, aujourd’hui amplifié par l’essor de IA, s’impose comme une préoccupation majeure des entreprises, relayée à juste titre par les médias. Les enjeux de cybersécurité démontrent le rôle vital de l’IT dans la résilience et la pérennité des acteurs économiques. Dans ce contexte, la place du DSI au sein de l’entreprise est en pleine évolution. Dans les structures matures dans leur transformation digitale, il participe désormais au Comex. Sa connaissance des flux d’informations et sa vision transverse sont essentielles dans la stratégie et dans la réussite de l’entreprise.
Une contribution de Samuel Revenu, co-fondateur et CEO d’Abraxio, ancien DSI et passionné par le métier de DSI
En 2020, le Covid a démontré le rôle vital de l’IT dans l’adaptabilité et la résilience des entreprises. En 2025, l’actualité n’est pas moins anxiogène et les défis non moins complexes. Confrontés aux risques cyber, à l’émergence des nouveaux usages de l’IA et de technologies comme la blockchain, fragilisés par le contexte géopolitique et les menaces liées à la dépendance aux Bigs Tech, les dirigeants ont besoin de s’entourer. Pour prendre les bonnes décisions et tirer profit des opportunités créées par l’IT, il est primordial d’appréhender ces sujets correctement.
C’est pourquoi la présence des DSI au Comex s’intensifie ces dernières années, notamment dans le secteur des services. Leur rôle est stratégique. Parce qu’ils sont porteurs de la transformation digitale de leur entreprise, leur fonction a changé : ce ne sont plus les responsables informatiques du monde d’avant, mais des partenaires du business, influents et actifs dans la création de valeur et de bénéfices. Aujourd’hui, leur intégration dans la gouvernance est une évidence.
Au sein du Comex, le DSI en tant que persona apporte une expertise et une vision bien spécifiques : une compréhension et une connaissance approfondie des process métiers et des flux d’informations de toute l’entreprise. Cette approche transversale, souvent plus opérationnelle, complète très utilement celle du dirigeant et du DAF pour enrichir la réflexion stratégique de long terme et contribuer à la résilience de l’organisation. Cette “place à part” influencera ses échanges avec ses pairs des autres métiers. Son expertise technologique et sa capacité de décryptage et de pédagogie sur ces sujets complexes nourrira aussi les choix stratégiques du Comex.
Dans le jeu de rôles que constituent les instances de gouvernance, il pourra ainsi endosser celui de “conseiller spécial” accompagnant les métiers et la direction dans leurs décisions stratégiques, garant de la cohérence et de la pérennité des choix.
Un DSI avec lequel nous échangions récemment résume ce mindset spécifique : “la transformation digitale de l’entreprise est disruptive. Avec elle, nous avons changé de paradigme. C’est pourquoi la présence du DSI au Comex est indispensable. Au Comex, on ne vient pas avec des problèmes, mais avec des questionnements et des solutions. En tant qu’expert-urbaniste du SI, en tant que sachant des process des métiers, le DSI est à même de sortir de son périmètre d’expertise, et d’accompagner les métiers avec un point de vue stratégique plus large. Il est en capacité d’accroître les résultats et les bénéfices de l’entreprise”.
Sa personnalité contribue aussi à enrichir les discussions et les débats : neutre et pragmatique, plus détaché du business qu’un directeur commercial, ou des finances qu’un DAF, le DSI apporte une distance nécessaire pour challenger les sujets abordés avec une réflexion long-termiste, intégrant toutes les dimensions d’un projet. Son tempérament “techno-froid”, sa capacité à interconnecter les éléments et à anticiper les impacts des décisions feront la différence…Dans un débat, il peut constituer le point d’équilibre.
Le DSI partenaire business
En intégrant le Comex, le DSI sert le business de son entreprise. Les technologies en général, l’IA actuellement, sont des leviers de différenciation et de création de valeur, dans de nombreux domaines. Les gouvernances qui s’ouvrent à leur expert en SI sauront actionner ces leviers et prendront de l’avance dans leur secteur, avec agilité et inventivité. En favorisant l’alignement parfait entre l’IT et les métiers de l’entreprise, le potentiel de succès des projets est optimisé. Les bénéfices sont assurés. L’acculturation intrinsèque à la transformation digitale, et la transformation elle-même, sont favorisées. Elle sera mieux ancrée, plus profonde.
Un exemple : celui de l’IA, autour de laquelle les différents services de l’entreprise représentés au sein du Codir sont tentés aujourd’hui de lancer des initiatives ponctuelles. Lorsque le sujet remonte au Comex, éclairé par l’expertise du DSI, la réflexion devient stratégique, avec à la clé, une meilleure compréhension des enjeux et des risques, moins d’erreurs, de la cohérence, et de meilleurs résultats.
Au service de son propre marketing
Le DSI lui aussi récolte les bénéfices de sa présence au Comex. En accédant à l’étage de la gouvernance, il s’élève dans l’entreprise et donne du poids à sa fonction. Pour cela, il est parfois obligé de se remettre en question et de se réinventer. Car le DSI n’est pas naturellement porté sur le marketing de sa fonction. Être au Comex lui donne de la légitimité et conforte ses collaborations internes. Son image en sort grandie. A condition, bien sûr, qu’il soit prêt à opérer ce changement de psychologie et de posture.
Pour faire évoluer sa position et prendre de la hauteur, l’une des clés est la confiance. Avant d’intégrer le Comex, il peut y avoir un chemin à parcourir, pour le dirigeant de l’entreprise, comme pour son DSI. Pour le dirigeant, il faudra prendre conscience des enjeux liés à l’IT, de l’apport du DSI en termes de valeur et de business, de la dimension stratégique de sa fonction, et lui accorder sa confiance.
Le DSI devra comprendre les attendus d’un Comex, et peut-être gagner en confiance en se formant pour travailler sur la stratégie et le développement global de l’entreprise.
Un contexte gagnant-gagnant, pour l’un comme pour l’autre, avec, cependant, un bémol selon la taille de l’entreprise. Dans les PME, le DSI peut vite être enfermé dans un rôle très opérationnel. S’il aspire à jouer plus transversal et stratégique, il devra trouver du temps pour se détacher du quotidien et se préparer à cette position nouvelle. Le Codir peut à ce titre constituer une rampe de lancement, pour éprouver la confiance de ses pairs et sa propre aspiration à endosser un rôle nouveau qui préfigure l’avenir.
Car le DSI au Comex ne sera sans doute plus, demain, l’apanage des grandes entreprises.
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