Si le télétravail, inventé dans les années 50 par Norbert Winer, prend véritablement naissance à l’aune de la télématique dans les années 70, il continue à se développer, mais cette fois-ci à la vitesse du débit de la fibre optique. Aujourd’hui, si 30% des Américains l’ont adopté contre seulement 10 à 20% des Européens, la France est quant à elle, cantonnée dans les taux les plus faibles.
Il est conseillé dans les administrations aux Pays-Bas, accompagné financièrement en Allemagne, outil de lutte pour une meilleure qualité de vie au travail en Belgique. Bref, tout le monde, au sens propre, y va de son idée pour le favoriser et l’intégrer dans un nouveau mode de fonctionnement. Travailler de chez soi ou dans ces espaces dédiés au coworking qui ont envahi les capitales depuis une quinzaine d’années, et ouvrant par centaines chaque année en province.
Le télétravail c’est une progression fois 10 à l’échelle de la planète en moins de 8 ans. Avec un taux de satisfaction des télétravailleurs comme des employeurs draguant les 100%, tout le monde y trouve son compte.
Envolés, les trajets maison travail synonymes de stress, de perte de temps, de coûts parfois exorbitants, de lieux d’agression concernant les transports en commun, et l’on ne peut écarter les problèmes de pollution inhérents ou encore de proxémiques, générateurs de contamination, entre autres.
Meilleur équilibre de vie et plus de sommeil pour les employés, gain de foncier et productivité accrue de 20% pour les employeurs, le monde professionnel change.
La vérité comme souvent, se trouve très certainement entre les deux
Il est évident que tous les métiers et toutes les strates de responsabilité et d’encadrement ne peuvent être remplacés par de la productivité en ligne. De même que certains remarqueront que leurs idées ont du mal à être partagées à distance, d’autres que les réunions pourtant chronophages en présentiel ont du mal à être remplacées par la visio, prétextant un manque d’efficacité ou encore d’assiduité et de concentration des participants.
Force est de constater de surcroît, que plus de la majorité des salariés sont heureux de retourner travailler à l’issue de cette période de confinement. Même Michel E. Leclerc confiné en Bretagne, déclarait il y a peu sur Linkedin, que « les rencontres et la présence de ses collaborateurs » lui manquaient, car il y « puise des idées et de l’énergie ».
Nous fonctionnons quasiment tous de la même manière, mais l’avis de ce grand patron ne fait pas loi en la matière. Des salariés moqués, harcelés, déprimés ou encore en burn-out pensent l’inverse.
C’est du WIN–WIN
Le télétravail est un mix des deux ; il faut du win-win, aussi bien pour son propre équilibre, psychologique et intraprofessionnel, mais aussi pour celui de LA ou de SA productivité.
Dans le GIGN des années 80 déjà, une fois formé et breveté, le rythme de travail était cadencé par les semaines d’alerte. Une de PREMIERE, pour être prêts à partir dans le quart d’heure sur tout le territoire national comme à l’étranger et pour tout type de crise. Et une de SECONDE, avec un top départ à deux heures pour venir en support de la précédente, ou pour une mission connexe. Ces dernières pouvant être courtes, d’une douzaine d’heures comme d’une durée de plusieurs jours voire plusieurs semaines. Tel est le prix de la gestion d’une crise.
Le rythme est donc soutenu et la dépense nerveuse et énergétique importante. Les corps mais aussi le mental sont soumis à rude épreuve. Aussi, les deux semaines restantes du mois commencé sont vouées à renforcer les groupes d’alerte si nécessaire. Mais en dehors de cet impératif, c’est du télétravail.
Nous savons ce que nous faisons, mais ignorons ce que nous pourrions faire
Le télétravail n’est pas forcément synonyme de bureau, d’écran d’ordinateur ou encore de visioconférence. Il peut être le maintien des compétences par de la formation ou encore de l’entrainement personnel, de la révision, mais aussi par de la poursuite d’objectif, de spécialisation, de progression donc, dans un esprit plus calme, de tension apaisée et même de… méditation.
Cela permet de garder, voire de développer, sa pensée critique, ce qui amène à trouver des solutions concrètes, plus pragmatiques peut-être. De retrouver de fait, plus de capacité d’initiative, de créativité même, et développer ses facultés organisationnelles. De savoir travailler aussi sans pression, sans promiscuité et sans bruit, sans stress donc, ce qui favorise un bon résultat.
Le luxe est bien de ne pas se laisser distraire en permanence, avoir un fractionnement ad hoc et personnalisé de son temps de travail en compartimentant sa journée sans être inondé de mails et de sollicitations diverses. Car l’efficacité passe par la concentration sur une seule tâche à la fois.
N’est-ce pas là le cœur de la problématique ? Stay focused sur son objectif afin de l’atteindre de la meilleure façon qu’il soit ? Tel est le mode de fonctionnement et l’état d’esprit d’une unité de gestion des crises majeures, dont la prospective en est le moteur. La réussite et l’excellente réputation l’accompagnent depuis presque 50 ans.
Tribune de Bernard Meunier, ancien chef de la cellule négociation du GIGN, Consultant en sûreté et conférencier.
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