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Soft Skills : 70% des salariés français ignorent ce concept

Soft Skills

Alors qu’il agite médias et services RH, le concept de soft skills est peu maîtrisé par les Français. Ils sont en outre une majorité à s’en méfier.


Les soft skills sont devenues la nouvelle obsession des ressources humaines. Mais pas forcément des premiers concernés par la question : à savoir les employés. Selon une étude OpinionWay pour Dropbox, seulement 20% des salariés français voient bien ce que sont les soft skills, et près de 70% des Français ignorent ce concept. 

Sans surprise, ce concept est bien plus familier aux CSP+. En effet, 43 % affirment savoir ce que sont les soft skills contre seulement 18 % des CSP-. De même, parmi les 29 % qui affirment connaître ce concept, 42 % sont des managers, soit presque deux fois plus que les répondants qui n’en encadrent pas (23 %). On peut donc constater que malgré le nombre d’ouvrages qui sont consacrés aux soft skills depuis plusieurs années, le concept n’a pas encore pénétré les mentalités au niveau des salariés, en particulier ceux qui n’ont pas de responsabilités managériales. Cette différence de langage peut amener un hiatus entre ce que les managers évaluent et ce sur quoi les salariés s’attendent à être évalués. 

« L’évaluation reste souvent très obscure pour les employés, relève Thibaut Champey, country manager France de Dropbox. Cela est souvent dû à de mauvaises expériences dues à la subjectivité des évaluateurs ou à du copinage, qui permet à certains salariés de se faire mieux voir. »

 

L’expertise et l’implication dans le travail restent le principal critère d’évaluation pour les salariés

Sans tenir compte de la nomenclature relative aux soft skills, les salariés estiment que l’implication dans le travail (70 %) et le savoir-faire ou l’expertise technique (59 %) sont les deux premiers critères sur lesquels un salarié devrait être évalué. L’esprit d’équipe, considéré comme une soft skill, n’arrive qu’en troisième (50%). Seule une minorité estime au contraire que le salarié devrait être évalué en premier lieu sur sa personnalité (23 %), sa créativité (22%) ou sa flexibilité (21%). L’intelligence émotionnelle, qualité très prisée des managers, ne constitue un critère d’évaluation prioritaire que pour 8 % des salariés, marquant une nette séparation entre les attentes des personnels encadrants et celles des encadrés. Globalement, les salariés estiment qu’être évalués sur des critères autres que des compétences intellectuelles et techniques est trop subjectif (63%) et constitue une pression supplémentaire (62% en moyenne contre 67% selon les femmes). Toutefois, notons que 56 % jugent une telle évaluation bénéfique, et 53 % trouvent cela motivant.

“Accumuler des soft skills ne doit pas être un but en soi mais contribuer à cimenter la culture d’entreprise, et renforcer l’adhésion et l’engagement des collaborateurs, explique Thibaut Champey. Le travail collaboratif pour résoudre des problèmes complexes, l’esprit d’équipe nécessaire à cette collaboration, ou encore la créativité, deviennent des qualités primordiales.”

 

La méfiance domine

Pour 76 % des sondés, l’accent mis sur les soft skills peut représenter un frein pour la promotion des employés introvertis, par définition moins aptes à se mettre en avant, faire preuve d’aisance à l’oral, ou encore adopter une posture de leadership. Autre réserve : l’exigence des entreprises en matière de soft skills inciterait les salariés à se présenter sous un faux jour afin de réussir individuellement pour 68 % des salariés. 66% admettent que juger les salariés sur leurs soft skills peut freiner la promotion d’employés compétents. Enfin, pour 61% des salariés, privilégier les soft skills risque de favoriser le “copinage”. Il semblerait que les salariés souhaitent des garde-fous pour éviter tout abus ou toute évaluation injuste, mais sont conscients qu’un candidat ne se résume pas qu’à un savoir-faire ou une expertise, il doit également contribuer positivement à la vie de l’entreprise.

 

Un levier à l’embauche pour le recruteur comme pour le candidat

Pour les trois quarts des sondés (75 %), les soft skills permettent à un candidat de témoigner de son aptitude et de sa motivation, mais sont difficilement évaluables lors d’un entretien d’embauche (74%). Ils reconnaissent en revanche l’intérêt des soft skills pour cerner le potentiel et les qualités d’un candidat (74 %). S’ils sont une majorité (67 %) à estimer que les soft skills peuvent introduire un biais lors de l’embauche, une minorité (47 %) déclarent qu’elles ne devraient pas être prises en compte du tout. A noter que si elles sont plus méfiantes que les hommes sur l’évaluation des soft skills, les femmes reconnaissent davantage l’utilité de soft skills pour le candidat qui souhaite démontrer son aptitude et sa motivation (81 % contre 70 %) comme pour le recruteur qui a besoin de cerner ses qualités (79 % contre 69 %).

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