Créer du lien et chercher la chaleur humaine est un besoin naturel car nous sommes des êtres sociaux et la nécessité de faire partie d’une équipe, y compris au travail, nous habite. Ce sentiment d’appartenance ainsi généré étant un des piliers de la pyramide de Maslow, on comprend mieux pourquoi créer du lien facilite la créativité, la responsabilité, le partage d’information, l’esprit d’équipe et in fine l’engagement. D’ailleurs à l’inverse, il est impossible d’embarquer les équipes quand les gens ne se connaissent pas.
Les entrepreneurs en sont les meilleurs témoins car, n’ayant ni salaires de marché, ni locaux confortables à proposer, ni aucune garantie sur la pérennité de leur société, ils déploient tous les leviers qui permettent de créer de l’engagement par le lien. En effet, pourquoi un salarié, un client, un investisseur, rejoindrait-il cette start-up dont le niveau de trésorerie à six mois est incertain ? Quand l’entrepreneur démarre, sa capacité à embarquer les équipes est donc sa principale ressource pour fédérer son eco-système. Il a besoin de se nourrir de son réseau à toutes les étapes de son projet, que ce soit pour écouter les prospects avec empathie, sentir le marché en discutant avec tout un chacun, comprendre les attentes des financeurs, motiver tout son écosystème dans l’aventure, partager ses idées pour créer un élan… Explorons plusieurs leviers reproductibles par tous pour développer ce sens du collectif :
Passer à l’action diffuse de la reconnaissance
Contrairement à la maison qu’on retape, nos actions au travail sont de plus en plus abstraites et nous ne voyons que rarement nous-même les effets concrets de notre travail. Or dans une start-up l’action pragmatique c’est au quotidien. Passe rapidement à l’action est gratifiant, les équipes voient rapidement les retours sur leur travail et réagissent mieux. Le passage à l’action participe également à décomplexer l’erreur, banaliser le changement et tout cela soude une équipe. Coupons nos projets en étapes concrètes tangibles, impliquons-nous dans des tâches banales du quotidien. En se voyant sur le terrain, se créent des rencontres affectives. La frugalité, la simplicité dans l’action rapprochent les individus et génèrent de l’innovation, les patrons de la Silicon Valley nous le répètent tous les jours.
Travaillons notre optimisme au quotidien
Si râler ou partager des ragots est une forme de conversation accessible à tous, l’optimisme résulte d’un choix, c’est un travail sur soi de tous les jours et la bonne humeur est contagieuse au sein de l’équipe. Imaginez un entrepreneur qui dise « pffff c’est compliqué tout ça » ? Impensable.
Instaurer la confiance
Pour développer la confiance, l’entrepreneur Vyneet Nayar évoque l’importance de la transparence concernant l’information dans l’entreprise. il fut parmi les pionniers à développer un forum ouvert à tous permettant à chacun, y compris au PDG, d’exprimer ses questions sur tout type de sujet et de recueillir les réponses nominatives de l’ensemble des salariés le souhaitant. Ce type d’outil créé du débat, des discussions, une culture de conversation libre, donc une forme d’intimité entre salaries qui réduit les rumeurs, ragot et fausses informations qui rétablit la confiance.
Créer un esprit de corps.
Nombreux sont les entrepreneurs qui désormais arborent quotidiennement un t-shirt à l’effigie de leur entreprise, qui est à la fois un support de communication vivant mais également une façon d’incarner et de véhiculer le fort sentiment d’appartenance à l’entreprise. A l’image des étudiants en médecine qui ont besoin de décompresser en faisant la fête, l’entrepreneur fédère également parce qu’il incarne le sens des joies simples. Retour aux jeux de carte et blagues carambar, créons les conditions propices à l’éclosion de joies simples, d’espaces de liberté et de gentillesse.
Assumer et exprimer nos originalités
Les entrepreneurs ont souvent des personnalités fortes. Mais nous aussi ! La montée en puissance du politiquement correct empêche l’expression de la parole, les salariés s’autocensurent souvent quand ils ne partagent pas l’opinion qui semble majoritaire. Créer des liens, c’est aussi partager sur ce que l’on aime. Quand nous sommes noyés sous la charge de travail et déconnectés des autres, les petites choses qui font le sel de la vie ont tendance à passer à la trappe dans la liste des « minutes non performantes ». Qu’est-ce qu’on ne connaît pas de nous et qui pourrait surprendre nos équipes ? L’esprit de tribu de l’entrepreneur s’illustre également dans sa proximité avec ses équipes. On est tous le voisin de quelqu’un, encourageons l’autre à parler de lui, chacun d’entre nous est responsable de ses propres comportements, de son amabilité, de sa bienveillance.
Raisonner en petits groupes
Le volume et l’industrialisation rompent le lien. La solitude au bureau est un sentiment de plus en plus fréquent car nous n’avons pas le temps de nous connaître. Inspirons-nous des scientifiques qui démontrent que la taille idéale d’un groupe pour une bonne qualité d’échanges est de 6,8 personnes, créons des communautés de travail à taille humaine regroupant des gens qui ont l’occasion de se connaître, raisonnons localement.
S’inspirer de la maison
Faute de moyens pour s’offrir du mobilier design, l’entrepreneur opte souvent pour un univers confortable favorisant la spontanéité des échanges qui s’inspire de celui de sa maison : grandes tablées familiales pour déjeuner, possibilité de s’asseoir par terre, mobilier rustique, bibliothèque avec accès à des livres que l’on n’aurait jamais ouverts, livres de blagues ou de poésie, présence des plantes, paquet de trombones ou balle antistress à tripoter en réunion…
Plus globalement, susciter l’éveil pour rester à la pointe booste les équipes, cela peut prendre différentes forme en entreprise, comme la création d’observatoire prospectif pour réaliser de la veille sur les nouveaux métiers, en rencontrant des entrepreneurs, en les invitant à témoigner sur leur parcours… Pourquoi ne pas entraîner ses équipes à s’imaginer entrepreneur lors d’un séminaire ? Cela consiste tout d’abord à choisir un sujet de création d’entreprise, il peut d’agir d’une réflexion sur une envie ou une passion à développer, un problème à résoudre, un changement réglementaire qui offrirait une opportunité, copier un acteur existant. Ensuite les équipes réfléchissent à définir les atouts, la concurrence, le besoin de financement, le discours commercial, la cible, la stratégie de vente. Une façon de goûter à cet univers énergisant et fédérateur.
Alexia de Bernardy, multi-entrepreneure et auteur de « Moteurs d’engagement »
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