Relation entre Entreprises et Talents : quelles perspectives pour 2023 ?

Crises à répétitions, pénurie des talents, transition énergétique et cyber-risques, etc. Après la grande démission en 2021 puis la démission passive en 2022, comment aborderons-nous 2023 ?

Pour comprendre ce qui est en train de se jouer concernant cette tension chronique entre Talents et Entreprises, et je suis allée à la source sur le point de vue de chacune des parties :

le Baromètre Adecco 2022 « Démêler l’énigme des Talents » https://www.adecco-jobs.com/-/media/project/adeccogroup/documents/global-workforce-of-the-future-whitepaper_the-adecco-group_2022.pdf/
la matinale IFA “Responsabilité sociale et sociétale : le capital humain au cœur des enjeux du conseil” https://www.ifa-asso.com/mediatheques/matinale-club-esg-responsabilite-sociale-et-societale-20-octobre-2022/

Pourquoi ? pour quoi ?

Si le sujet n’est pas nouveau, le constat à fin 2022 est unanime : une nouvelle relation se développe entre l’entreprise et ses salariés, il faut se réinventer et vite. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Pour ce qui concerne l’urgence climatique, même si tout reste à faire pour inverser la trajectoire, le volet Environnemental de l’ESG est aujourd’hui mature. Un consensus a en effet été atteint autour de l’empreinte carbone comme critère de mesure et d’objectivation et fait l’unanimité les scientifiques, la réglementation, le monde économique et l’opinion publique.

Il n’existe en revanche aujourd’hui aucun équivalent ni même de définition partagée sur le champ de la responsabilité sociale et sociétale.

Du côté de l’Entreprise.

Dans un contexte où les crises se succèdent, la gouvernance doit piloter une stratégie à 2 niveaux : se donner un cap clair, lisible et activable ; et maintenant plus que jamais donner à l’entreprise les moyens de développer sa capacité d’anticipation et une résilience intrinsèque comme vis à vis de son écosystème.

Portée par son rôle social et son ancrage dans les territoires, l’Entreprise entend bien assumer pleinement sa place comme acteur majeur de la “vie politique”, dans le sens 1er du terme, c’est-à-dire au cœur de la vie citoyenne.

Les débats IFA ont également mis en évidence que, du point de vue des investisseurs et actionnaires, le capital humain et le “faire ensemble” sont un fondement de la valeur du collectif qu’est l’Entreprise “bien au-delà des résultats financiers trimestriels”. Et d’ajouter “pour piloter la stratégie dans un contexte si exigeant et mouvant, investir de manière durable et avoir un impact positif, il est indispensable que l’entreprise puisse prospérer”. C’est certain.

Du côté des Talents.

Si le Baromètre Adecco nous révèle des tendances de fond (*) qui touchent toutes les générations et tous les pays, les entreprises internationales se doivent d’adresser ces questions sociales et sociétales de manière contextualisée. En effet, les normes sociales et les attendus en termes de vie politique sont intimement liés aux règles des pays et aux cultures des régions du globe.

Et, même si les administrateurs salariés s’expriment très peu sur ces sujets en Conseils, les attentes des Talents sont claires et très fortes : ils sont prêts à s’engager et volontaires pour contribuer à une “transition juste” et à la croissance pour peu qu’elle soit “inclusive et responsable”. En termes de retours d’expérience, les Entreprises avancées en la matière s’appuient sur un Baromètre annuel interne qui leur permet de comprendre ces attentes et ainsi les prioriser, agir, mesurer, améliorer…ensemble.

Bref, l’équation est complexe…en cette fin d’année 2022 on voit la relation talents-entreprises se reconfigurer progressivement autour d’un projet collectif qui se veut responsable. Allons-nous vers une nouvelle forme de dialogue social, en quelque sorte une coalition face aux défis environnementaux et sociétaux, permettra de réenchanter l’Entreprise ?

(*) ce baromètre Adecco nous confirme que la préoccupation de santé au travail (job security 72%, trust 70%, flexibility and work / life balance 67%) s‘est très nettement exacerbée depuis 3 ans ; le phénomène de démission (27% des salariés interrogés envisagent de changer d’entreprise) reste prégnant.