La compagnie française, qui s’est rapprochée de son homologue néerlandais, supporte plusieurs vagues de grève depuis trois ans. Calme plat chez KLM qui a connu sa dernière secousse protestataire en… 1995!
Séquestrer les cadres du groupe autour d’un piquet de grève pour obtenir les mêmes acquis sociaux que leurs alter ego d’Air France : que nenni pour les salariés de la compagnie néerlandaise KLM. La dernière grève de la compagnie quasi-centenaire – fondée en 1919 – remonte à 1995. Le pays cultive la politique du compromis et du consensus en matière de dialogue social. Les salariés de KLM se sont pliés aux exigences de leur hiérarchie pour répondre favorablement aux modifications du marché du transport aérien accélérées par la concurrence féroce des compagnies qui adoptent la stratégie du low-cost. «On a accepté un accord qui prévoit une hausse de productivité des pilotes de 8 à 9% en modifiant les temps de repos », indique le président du syndicat néerlandais des pilotes «VNV ». L’accord conclu avec le board de KLM inclut un recul de l’âge de départ à la retraite et un gel des salaires sur trois ans jusqu’en 2017.
Cette culture du compromis s’oppose aux grèves à répétition décidées par les français d’Air France. Le syndicat des pilotes « VNV » a fait part, lundi 13 juin 2016, de sa désapprobation après la nouvelle période de grève entamée au début du mois par les pilotes d’Air France. La corporation représentative des salariés de KLM affirme que «toutes les options» n’ont pas été étudiées par les deux parties, une attitude qui fait naître « beaucoup d’inquiétudes et d’exaspération » chez les personnels au sol et le syndicat du personnel en cabine. Les trois parties représentatives des salariés de la compagnie batave avaient publié en 2015 une pétition pour protester «contre les grèves d’Air France». Ce document, toujours accessible en ligne, redouble d’utilité pour relayer leur frustration et leur colère.
NVLT inquiet de la grève AirFrance, mais ne soutient pas initiative du personel KLM "Aretté la greve chez AirFrance" https://t.co/XTqlXiUfWY
— Robert Swankhuizen NVLT (@RJSwankhuizen) June 14, 2016
D’un mariage d’ambition à une cohabitation de raison
Le mariage officialisé au printemps 2004 après la fusion des deux compagnies aériennes a du plomb dans l’aile, poids rajouté par les salariés de la compagnie française. Les multiples conflits sociaux, la crise économique au niveau mondial en 2008 couplée à l’émergence des compagnies low-cost ont conduit à plusieurs restructurations du groupe Air France-KLM. Sous la houlette d’Alexandre de Juniac, arrivé en octobre 2011 à la tête du premier réseau long-courrier au départ d’Europe, les trois plans sociaux inclus dans le plan stratégique baptisé «Transform» sont appliqués. Ils aboutissent à la suppression d’environ 5 500 emplois de 2012 à l’horizon 2020.
Le dernier plan de restructuration appliqué – le deuxième sur trois – à l’automne 2015 s’est traduit par la suppression de 2 900 postes et une réduction de la flotte de 17 long-courriers et de 22 lignes, à l’horizon 2017. La compagnie traverse alors une forte période de turbulences rythmée par une révolte des salariés dont certains se montreront virulents vis-à-vis de la direction. Cinq salariés, mis à pied par la direction après l’affaire dite de la «chemise arrachée» du directeur des ressources humaines de la compagnie, comparaîtront à la rentrée 2016. La peine encourue pour leurs actes de«violence en réunion» et «dégradations en réunion» est respectivement de 3 ans d’emprisonnement accompagnés d’une amende qui peut aller jusqu’à 45 000 euros et onze années pour le second chef d’inculpation. Le troisième plan social sera mis en place d’ici à 2020 avec la suppression potentielle de 1607 postes répartis entre les personnels au sol (1407) et les personnels navigants commerciaux (200).
Le groupe Air France-KLM, dont Alexandre de Juniac quittera la barre dès cet été pour intégrer l’association internationale du transport aérien (IATA), a essuyé une perte opérationnelle de 225 millions d’euros en 2014 avant un première exercice achevé dans le vert depuis 2008 (avec un bénéfice de 118 millions d’euros). La 1109e entreprise du classement Global 2000 Forbes emploie 96 417 personnes pour un chiffre d’affaires de 26,1 milliards d’euros en 2015. Ce chiffre permet à Air France de faire partie des 300 meilleures sociétés au monde du classement de Forbes en termes de ventes.
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