En janvier, les Français vont doublement scruter leur bulletin de paie… Les traditionnelles primes de fin d’année et autres bonus étant généralement versés sur la période. En plein marasme économique, quelle marge de manœuvre pour l’entreprise ? Quelles tendances ? Eléments de réponse avec Sylvie Girbal, responsable de l’offre Rémunération au sein de Gras Savoye Willis Towers Watson.
A année extraordinaire, frappée d’une crise multiple, à quoi peuvent s’attendre les Français pour les traditionnelles primes de fin d’année ?
Sylvie Girbal : Ces primes sont généralement intimement liées aux performances économiques de l’entreprise. Ainsi, en fonction des secteurs d’activité, l’impact des résultats économiques peut varier fortement et donc impacter de façon très différente l’enveloppe des primes. En fin d’année peut être versé un 13éme mois. Ce dernier est fixe et sera obligatoirement versé car il s’agit d’un élément de rémunération fixe et non lié aux résultats de l’entreprise.
Lorsque le versement de ces gratifications est inscrit dans la convention collective, ou dans un accord collectif de branche, l’entreprise peut-elle décider unilatéralement de leurs non-versements au prétexte du marasme économique ?
S.G : Lorsque ces primes sont prévues dans des accords, le mode de détermination de l’enveloppe est généralement prévu également. Les résultats économiques sont la plupart du temps retenus parmi les critères de détermination de l’enveloppe
Les primes de fin d’année dépendent-elles uniquement d’objectifs financiers ?
S.G : Pour la détermination d’une enveloppe globale, à distribuer auprès des salariés éligibles, les critères économiques et financiers sont généralement les seuls retenus. Au niveau de la distribution individuelle de cette enveloppe, il s’agit généralement de critères tant quantitatifs que qualitatifs, permettant de mesurer la contribution et la performance du collaborateur.
Ce coup de pouce financier va de pair avec une stratégie managériale au service de l’engagement, de la fidélisation. En cas de coup de rabot conséquent, n’y a-t-il pas un risque de démoraliser ‘les troupes’ ?
S.G : L’engagement, la fidélisation et la cohésion d’équipe ne relèvent pas tant des éléments financiers, ils sont d’avantage corrélés à des actions managériales, à de la communication. Si une baisse significative des montants versés était constatée, les bonnes pratiques, pour maintenir l’engagement et la fidélisation, relèvent plus de la communication, de l’anticipation de ces résultats, de l’information en amont des collaborateurs, afin de leur expliquer les raisons factuelles de ces résultats, mais aussi de leur transmettre la vision, la stratégie de l’entreprise pour renouer avec des résultats économiques solides.
Il y a aussi la délicate question des bonus des cadres rémunérés sur les performances réalisées…Quelles réponses les DRH adressent-elles à cette problématique ?
S.G : Les entreprises peuvent décider d’agir sur les mécanismes (revu à la baisse des objectifs, changement dans les pondérations des indicateurs retenus, abaissement du seuil de déclenchement, …) voire même garantir un montant minimum. Certaines ont décidé de ne pas agir sur les bonus de performance, dans ce cas, nous conseillons vivement que l’entreprise communique bien en amont, pour préparer à des versements de primes en baisse comparés aux versements des années précédentes, en donnant de la visibilité et du sens aux actions de l’entreprises
La générosité des entreprises envers leurs collaborateurs durant cette période a aussi un impact sur la consommation et le pouvoir d’achat. Sommes-nous en train de créer les conditions d’une hypothèque sur la croissance ?
S.G : Le montant des primes peut-être très différent en fonction du secteur d’activité, en fonction du statut (employé / agent de maitrise / cadre), en fonction du métier exercé (commercial / opérationnel / fonction support), ainsi une potentielle baisse des primes ne va pas toucher de façon uniforme l’ensemble des salariés. Il y a aussi la volonté de la part des entreprises de trouver le bon équilibre entre préserver l’emploi (et donc préparer l’avenir) et ajuster les primes pour préserver les finances.
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