Travailler avec des personnes négatives est pire que de travailler seul !
L’âge et l’expérience avançant, je crois que la négativité et l’orientation problèmes sont les attitudes que je détecte et fuis le plus chez un coéquipier, quelle que soit la configuration de l’équipe (hiérarchique, fonctionnelle, projet, communautaire,..).
Des séparations qui valent plusieurs recrutements
Le niveau d’efficacité collective surpasse tellement l’effet numéraire que je préfèrerai toujours une petite équipe agile, disposant d’un haut niveau d’intelligence pratique et de bon sens, optimiste et déterminée qu’un effectif pléthorique et adepte de la complainte monotone et du ressassement.
Une des meilleures décisions que j’ai pu prendre ces dernières années a été de me séparer d’un collaborateur réputé “majeur” dans l’organisation mais qui plombait l’équipe par ses remarques et questions en orbite géostationnaire autour de ses angoisses personnelles. Son départ a non seulement libéré la soif créative, de prise de risque de l’équipe et aussi fait disparaître le nuage de problèmes qui planait toujours au-dessus de nous. Nous pensions tous que ce départ chargerait nos agendas respectifs et serait difficile à compenser. Le résultat fut à l’inverse : nous avions gagné deux fois, une première fois par la disparition du nuage noir permanent, la seconde par l’amélioration nette et rapide de notre productivité collective. L’empêcheur de tourner en rond, le point de contention, l’aversion permanente à tout risque venait de vaquer à d’autres occupations. Nous avions gagné en capacité à faire ensemble et pouvions, en outre, réinvestir son salaire – significatif – dans de nouvelles directions.
Résultat : un soulagement général, la libération des énergies, la séparation la plus fructueuse possible !
Les principaux facteurs limitants chez un coéquipier
Mon expérience m’amène à identifier trois facteurs qui s’avèrent particulièrement limitants chez un collaborateur, au sein d’une équipe au travail :
- Le manque d’engagement.
- L’orientation problèmes,
- Le manque d’intelligence,
Et de ces trois facteurs très limitants, l’orientation problème me semble le plus néfaste au collectif. Cet état d’esprit dévastateur s’éveille dès le petit matin, lorsque la personne ouvre ses volets ou tire son rideau : « quel temps de m**** ! Encore un lundi, vivement vendredi ». Mais que peut-on faire contre le mauvais temps ? Et contre un lundi ? Absolument rien, bien sûr.. Alors pourquoi se lamenter sur des faits ou événements sur lesquels on n’a et on ne peut avoir aucune prise ? Pourquoi ne pas considérer les avantages de la pluie ou d’un temps couvert comme une garantie de fraîcheur, ou d’un lundi comme une journée que l’on peut aborder avec tous les bénéfices d’un bon week-end régénérateur ?
De la même manière, qui d’entre nous n’a pas en tête une réunion bien préparée, abordée avec enthousiasme et ravagée par un esprit chagrin qui ressasse la litanie de ses problèmes et de ses incapacités à faire ou à proposer. Vous n’en aviez sans doute pas assez de vos sujets pour qu’un autre vous fasse étalage des siens et de ceux qu’il a déjà évoqué maintes fois dans ce format de rencontre collective.
Comme j’en avais pris l’habitude lorsque j’étais manager chez Orange, je demande toujours à un coéquipier qui vient me voir avec un problème, s’il a réfléchi à une ou plusieurs solutions pour le résoudre. Si ce n’est pas le cas, je lui propose de réfléchir et d’en reparler plus tard, si toutefois je peux lui être utile.
Je me plains donc je suis !
Comme moi vous avez probablement aussi en tête ce voyage client ou d’équipe qui s’annonce et ce collègue qui vous liste ses petits soucis logistiques, personnels et d’humeur. Si je précise petits, c’est que s’ils étaient majeurs, bien évidemment, notre attention à tous serait de bon aloi, bienveillante et engagée. Mais pour ce qui concerne le reste, ils figurent plutôt un niveau d’égoïsme et d’égocentrisme de celui qui se plaint, pénible à supporter. Cet exemple logistique est un bon test.
Cette personne aura probablement souvent tendance à remarquer les problèmes et à se plaindre pour, au bout de quelques années, virer à l’aigreur de répétition et au ressassement éternel. « Je me plains donc je suis ».
Ce mal dispose d’une capacité de propagation qui peut s’avérer fatale pour une équipe.
Et comme la transparence intègre par défaut une dimension de vertu, pour quelle raison devrais-je m’en cacher ? Combien de fois entends-je lors de mes accompagnements clients la remarque suivante de la part d’un membre d’équipe : “je vous avertis, je suis “cash”, je dis les choses telles que je les pense, comme elles me viennent et.. je me moque des conséquences”. Génial !..
Je suis transparent et authentique, donc “cash” à 100%
Je pense que tout ceci est un sujet de respect. Lorsque j’arrive en retard le matin à la réunion d’équipe alors que cela ne me serait jamais arrivé pour récupérer un enfant ou aller à un entretien de recrutement, il s’agit à n’en pas douter d’un problème de respect.. des autres. Vous observerez d’ailleurs que les occurrences de retard s’avèrent généralement proportionnelles à la proximité du domicile.
Quant au coéquipier cash, on saisit aisément le bien instantanné qu’il peut ressentir en vidant son sac, mais il estime probablement très mal le lot de dégâts collatéraux qu’il génère en procédant de la sorte. Les mots peuvent être des armes de destruction massive et leur violence redoutable. Alors, non, le collègue “cash” n’en est pas cool pour autant. Je n’ai pas choisi un rôle ou un job pour supporter la violence de mes collègues, fussent-ils “sincères” ou “authentiques”. En effet, on peut tout à fait être sincère et authentique, en un mot, tout dire, et le faire sans violence. Pas étonnant que la CNV – Communication Non Violente – soit un must dans les formations d’entreprise de nos jours.
Le respect avant tout
Respecter l’autre, c’est déjà se respecter soi-même, résoudre ses problèmes à son niveau, gagner en autonomie, être son propre patron, “le CEO de ses rôles”. La balance de l’autonomie s’équilibre avec la responsabilité !
Parmi les centaines d’équipes que j’ai eu la chance d’accompagner et dont j’ai pu évaluer la performance collective, quasiment personne ne se montrait hostile à aider ses pairs. L’entraide semble une caractéristique naturelle de l’homme, comme le lien social, le langage et l’humour. Pour autant, être prêt à aider ne signifie aucunement faire à la place de ou se mettre en posture de serviable et corvéable à merci. La volonté d’entraide utile embarque plutôt la capacité à apprendre à pêcher plutôt qu’à donner du poisson.
Respecter l’autre, c’est donc essayer par soi-même, chercher puis demander de l’aide pour apprendre et ne plus demander.
Respecter l’autre, c’est gérer ses petits problèmes à son niveau, et partager ses faiblesses et vulnérabilités pour faire avec les autres ce qu’on ne saurait réaliser seul.
Respecter l’autre, c’est raisonner solution plutôt que problème, avec enthousiasme et détermination, sans s’arrêter à la première ou la seconde difficulté.
Ce sont les équipes les plus performantes
Les équipes les plus performantes qu’il m’ait été donné de croiser avaient réussi à se constituer autour d’individus convaincus par la puissance du collectif, positifs et prêts à relever des défis grâce à leurs super pouvoirs collectifs. Elles ne se contentaient pas de “perforer la motte de beurre”, mais souhaitaient contribuer à la réalisation de choses hors de l’ordinaire. Dans ce type d’équipe, la performance est une conséquence de préalables soigneusement travaillés. Une fois clarifiés de façon convergente les rôles, responsabilités, redevabilités et objectifs, une véritable équipe permet à chacun de s’appuyer les uns sur les autres pour réussir.
Un haut niveau de confiance entre les membres et dans sa capacité à livrer ce qu’on attend d’eux caractérise ces collectifs qui jouissent par ailleurs d’une belle sécurité psychologique, c’est-à-dire de bienveillance, de droit à l’erreur et d’humilité.
Voilà des équipes de nouvelle génération, dotées d’un état d’esprit positif, orientées solution, nourries de leur intelligence collective et de la volonté de se dépasser, de se mettre en déséquilibre pour atteindre un niveau inédit d’estime de soi.
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