Le One Planet Summit est le résultat d’une prise de conscience : celle de la nécessité d’agir pour préserver notre planète. Ce sommet international sur le climat voulu par Emmanuel Macron se tient à Paris ce mardi 12 décembre, deux ans après la signature de l’Accord de Paris signé lors de la COP21. En matière de climat comme sur bien d’autres sujets, l’émotion précède souvent l’action. Pour que le changement soit l’affaire de tous, il doit s’appuyer sur les bons ressorts.
Dans le cas des nouveaux gestes nécessaires et urgents liés au changement climatique, les informations qui ont le plus d’impact sur les décisions sont celles qui touchent le grand public dans sa vie de tous les jours. Pourquoi ? Car elles font appel à sa sensibilité en révélant des conséquences concrètes : les dangers liés aux canicules, les risques d’inondations, les impacts des vagues de sécheresse… L’information apportée est d’autant plus efficace si elle touche le contexte particulier d’un individu, joue sur sa corde sensible en faisant échos à ses attentes, à ses incertitudes, en le confortant dans l’idée que ses gestes ont bien un rôle dans la marche du monde. Et qu’ils peuvent s’inscrire, en changeant, dans la boucle de l’intérêt général.
Le pouvoir de l’image
Comme le dit très bien François-Michel Lambert, député écologiste et président de l’Institut de l’économie circulaire, “il est souvent impossible de générer de vraies prises de consciences à partir d’une vision globale. Le citoyen lui-même n’a pas la perception que son geste a des conséquences. Dans ce sens, l’image d’une tortue prisonnière d’un sac plastique peut avoir plus d’impact, pour faire changer les choses, qu’un long discours”. Il est urgent de sortir du traditionnel « à quoi bon » ?
C’est l’excuse préférée pour justifier notre enracinement dans nos usages traditionnels. Pourquoi changer puisque nos gestes n’ont pas de conséquences visibles sur notre l’environnement ? L’image pèse souvent plus dans la balance qu’une argumentation scientifique ou qu’une liste de risques qui paraissent bien lointains. Elle permet de réduire instantanément la distance qui sépare l’individu de causes qui le dépassent.
Capables plutôt que coupables
Une fois les individus convaincus, il s’agit de les accompagner dans leur évolution vers de nouveaux comportements pour les faire durer dans le temps. Certainement pas par la peur, l’angoisse et la culpabilité, qui ont des effets négatifs sur notre capacité à résoudre des problèmes qui nécessitent de penser et d’agir autrement. A l’inverse, les émotions positives et la motivation autonome stimulent l’aptitude à penser de manière plus globale et à inventer de nouveaux modes de vie. Nous devons transformer la vision d’une écologie de drame en écologie porteuse de solutions concrètes. Jean-Marie Dru, président de l’Unicef, apporte à ce sujet un témoignage très inspirant : « plutôt que de communiquer sur l’urgence, nous préférons toujours parler des résultats positifs, montrer aux gens que le travail des ONG porte ses fruits pour entraîner une réelle dynamique collective »
Autrement dit, au lieu de parler de ces sujets avec sérieux, gravité et urgence, mieux vaut impliquer le public et rompre avec le discours scientifique. Il est en effet plus efficace d’opter pour une culture divertissante et décalée, qui emprunte au cinéma, aux séries ou encore aux réseaux sociaux les nouveaux codes de dramaturgie qui font changer les consciences. Le film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent est un formidable exemple de réappropriation individuelle et collective du champ des responsabilités par une bouffée d’optimisme.
Changer par intérêt
En France, l’usage quotidien et domestique de l’énergie génère la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre. La difficulté rencontrée dans la lutte contre le réchauffement climatique réside dans le fait que créer de nouveaux comportements touche chacun d’entre nous dans sa vie quotidienne. La résistance à l’évolution des comportements réside principalement dans cette question : pourquoi changer si nous n’avons rien à y gagner, et plutôt tout à y perdre ? Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du GIEC résume parfaitement la situation en expliquant que « le vrai déclic, c’est la crédibilité économique du changement. Il faut montrer aux individus qu’ils ne vont perdre ni argent, ni opportunités d’emplois, ni qualité de vie, en choisissant un autre mode de développement, d’activité ou de vie. Mais qu’ils pourraient plutôt en gagner. »
Il est possible de casser des automatismes solidement établis à condition de modifier nos représentations et nos schémas mentaux. La perspective du profit généré est la clé pour lever les blocages !
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