MANAGEMENT | En novembre dernier, l’Apec faisait paraître une étude, véritable état de lieux, visant à explorer avec finesse le lien, souvent complexe, parfois fluctuant, qu’entretiennent les cadres avec leur entreprise. Ce passage au crible a permis de mettre en lumière une relation très investie, d’une grande loyauté. Montrant qu’il se dégageait même, chez la majorité des cadres (8 sur 10 tout de même), un sentiment d’adhésion et de fierté qui pourrait conduire ces derniers, si besoin en était, à prémunir leur entité de tout déficit d’image en la défendant bec et ongles.
Une contribution de Cynthia Drici, issue u numéro 24 – été 2023, de Forbes France
Alors quelle ombre pourrait-il y avoir au tableau ? D’où l’obstacle pourrait-il jaillir ? À l’heure où le burn-out est presque devenu un rite de passage dont il ne faudrait plus avoir à rougir, les cadres semblent, eux, déterminés à ne pas légitimer les excès qui mènent à cette rupture. Parce qu’ils menacent leur intégrité physique et psychique, mais également car ils mettent à mal leur équilibre familial et bousculent leur intimité.
Il apparait donc que les aménagements mis en place en vue d’optimiser la qualité de vie au travail ne soient plus suffisants pour cette population souvent encline à troquer le confort matériel au sein de l’entreprise contre une meilleure gestion de carrière et un gain substantiel en termes de rémunération, preuve de reconnaissance certes, mais surtout garante d’une meilleure qualité de vie tout court. L’idée n’est pas de parvenir à faire prévaloir les intérêts d’une sphère sur une autre, mais bien que la vie personnelle ne soit pas sacrifiée sur l’autel d’un surinvestissement professionnel qui ne s’avère payant qu’à court terme.
Toutes ces considérations invitent à pointer une perte non négligeable de sens au travail pour les fonctions dites stratégiques, avec un risque accru de céder à l’aliénation de ce travail censé nourrir et révéler normalement.
Au creux d’une période où tout est fait pour réduire les coûts et le temps, il peut être probant, voire urgent, de repenser le rapport à ce dernier. En effet, le temps gagnerait sûrement à s’écouler plus lentement durant des moments définis, en vue de prendre soin de ceux qui, en cascade, impactent significativement l’humeur et l’implication des collaborateurs dont ils ont la responsabilité. Imaginer pouvoir instaurer, par exemple, progressivement, un nouveau modèle assumé, qui donnerait la possibilité sur son temps de travail de se voir octroyer, avec autant de facilité que peut l’être un coaching servant l’ambition, un accompagnement psychologique, dans certains cas, tout aussi indispensable.
Un tel dispositif, ou la réflexion quant à l’élaboration de bien d’autres, favoriserait grandement le renouvellement de l’engagement des cadres pour leur entreprise à laquelle ils tiennent, en plus, à rester fidèles. Ne plus aveuglément dissocier l’homme de la fonction et prendre en compte les affects et leurs rôles intrinsèques dans la prise de décision.
La rétribution, la charge de travail, les enjeux identitaires… le cercle vertueux tient à peu de choses et il existe une intrication forte entre toutes les composantes de la vie professionnelle. Chacun le sait, mais souvent, chacun le tait.
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