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Plutôt Que La Vitesse, Réduisons Les Déplacements Professionnels 

Rappel vitesse maximale 90 km/h

Le premier ministre Edouard Philippe a baissé la vitesse de 90 km/h à 80 sur les routes secondaires. Dans le même temps, chaque jour, des millions de français se rendent au travail pour faire un travail qu’ils pourraient aussi bien faire à leur domicile (ou ailleurs). Plutôt que de réduire la vitesse ne vaudrait-il pas mieux réduire le nombre de déplacements inutiles ? L’ubiquité est entrée dans nos vie mais le temps et l’espace de travail n’ont pas encore changé… Les outils mobiles soutiennent une aspiration métaphysique de l’homme, presque aussi vieille que l’Humanité. Ce paradigme est aujourd’hui presque atteint. Reste cependant à s’affranchir des usages, de la culture et des normes qui n’ont pas encore suivi cette révolution technologique. 

 

Prévenir les accidents de la route pour se rendre au travail 

Première cause de décès au travail, les accidents de la route sont à l’origine de plus de 20% de la mortalité du travail. Conduire pour se rendre au travail n’implique pas les mêmes exigences que conduire dans le cadre de la vie courante. Même si les conducteurs ne sont pas forcément en retard, ils se déplacent dans le cadre d’un emploi du temps et donc d’une contrainte horaire à respecter. Aujourd’hui, 80% des travailleurs avouent utiliser leur téléphone au volant en situation de travail alors qu’ils sont «seulement» 60% à le faire hors cadre du travail. La voiture est devenu un lieu pour préparer sa journée de travail, boucler deux mails et envoyer quelques messages. Ce comportement est irresponsable et engage tout autant les salariés que leur employeur. En effet, écrire un message en conduisant multiplie par 23 le risque d’accident. Or, s’il est possible de travailler depuis sa voiture, il est tout autant possible de travailler depuis son domicile.

Une démarche de prévention qui incombe à tout employeur

L’évaluation des risques constitue le point de départ de la démarche de prévention qui incombe à tout employeur dans le cadre de son obligation générale de sécurité à l’égard de son personnel. Les résultats doivent être transcrits dans le document unique. Le plan de mobilité obligatoire pour toutes les entreprises regroupant plus de 100 salariés sur un même site est une seconde opportunité pour traiter ce problème (article 51 de la Loi du 17 août 2015). Au delà du strict respect de l’obligation réglementaire, ces documents doivent permettre à l’employeur d’élaborer un plan d’action définissant les mesures de préventions appropriées. Dans son plan d’action, le chef d’entreprise doit envisager deux axes prioritaires : éviter les déplacements inutiles et réduire l’exposition des salariés en déplacement. 

Eviter les déplacements inutiles  

L’utilisation des nouvelles technologies de communication (visioconférence, messagerie, etc.) permet d’éviter certains déplacements et les coûts associés. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place une nouvelle organisation du travail définissant de nouvelles règles au sein de l’entreprise et de repenser les habitudes et les façons de travailler (notamment par une meilleure prise en compte du télétravail). Les entreprises devraient encourager les collaborateurs qui le peuvent à travailler depuis leur domicile. De la même façon, il n’est plus nécessaire que tout le monde arrive à 9H et reparte à 18H pour que l’entreprise fonctionne correctement. Il est ainsi possible de différer les arrivées et les départs. Les entreprises pourraient d’ailleurs en profiter pour offrir des plages d’ouvertures étendues à leurs clients (qui ne réclament souvent rien d’autre). Tout cela nécessite de revoir la culture des entreprises qui valorisent trop souvent le présentéisme. Bien évidemment, il est contraignant de changer ses habitudes. Mais le gain individuel et collectif dépasse de loin les contraintes d’un tel changement. 

Encourager les comportements vertueux 

De nouveaux modes de non-circulation serait à valoriser. Il ne s’agit pas d’inciter les personnes à prendre les transports en commun mais bien à faire leur travail à distance. Alors  que la mobilité pendulaire, ou alternante, est un phénomène caractéristique des métropoles et de leurs zones péri-urbaines dû à l’étalement urbain et à la division spatiale des activités, se déplacer tous les jours pour se rendre au travail tous les jours à 9H est devenu inutile pour une grande partie des travailleurs. Le rôle des politiques est de mettre à disposition des entreprises et des individus les infrastructures technologiques, techniques et légales pour accompagner ces opportunités. Les entreprises doivent elles s’en saisir et investir ces nouveaux espaces aux potentialités infinies. 

En initiant de nouveaux modes de travail, cela permettra : 

  • de diminuer le nombre d’accidents, 
  • d’améliorer le confort dans les transports en commun 
  • de diminuer notre emprunte carbone
  • d’améliorer le temps de déplacement 
  • d’augmenter la productivité individuelle 
  • d’optimiser les infrastructures existantes 

En définitive, la dé-mobilité limiterait les déplacements et opterait pour de meilleurs déplacements. En 4 mots : « faire mieux avec moins » !

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