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Pas De Retour À La Normale Sans Cerveau Droit

Alors que le lien humain s’est fortement délité ces derniers mois, les dirigeants ont à portée de main la formidable opportunité  de réengager chaque salarié pour atteindre des résultats immédiats et ambitieux.

Chômage technique, vacances imposées, télétravail, la reprise de l’activité s’annonce complexe car non seulement le lien humain s’est délité ces derniers mois et en parallèle le contexte économique s’est brutalement détérioré. La forte incertitude sur le présent et l’avenir menace la survie de nombreuses entreprises tandis qu’elle commande aux dirigeants de mobiliser chaque salarié pour assurer la reprise de l’activité, immédiatement. Cependant, comment y parvenir quand tout le monde a oublié ce qu’était la pâte humaine?

La montée en puissance du cerveau gauche et du désengagement

Ce qui est abstrait ne vit pas. Comme le télétravail, le process, les KPI, les slogans, les grilles d’évaluation, l’intelligence artificielle, les emails. Ils sont le fruit du cerveau gauche sur-sollicité dans l’entreprise pour parfaitement répondre au besoin de se prémunir contre l’incertitude et le risque. Ses approches privilégiées comme le rationalisme forcené ou encore l’aspect technique et bureaucratique en toute chose qui détruisent progressivement le sens d’appartenance et in fine l’identité individuelle. Son rêve ultime: une entreprise régie par la technologie avec un tableau de bord où tous les paramètres de l’activité s’affichent en temps réel, y compris le taux de burn-out (sic) comme cela existe déjà chez certains leaders du conseil.

Lorsque le cerveau gauche prédomine comme dans de nombreuses organisation, il y règne un foisonnement de moyens pour se focaliser sur la précision et le court-terme. Classer, découper la réalité en immobilismes, produire des rapports et inventer des procédures sont ses privilèges. De ce fait, les 20 dernières années ont vu l’arrivée massive des processes. Bien qu’utiles pour mieux contrôler et piloter l’activité, ils étouffent souvent la créativité, tendent à diluer la responsabilité et renforcent les silos. Qui ne connait pas des initiatives pour augmenter le revenu, stoppées net en raison de l’incompatibilité avec le process ? Qui s’étonne encore de la lourdeur bureaucratique pour passer un simple achat de fourniture? 

Si le désengagement n’est pas un fait nouveau en France avec un taux record à 94% et un manque à gagner abyssal de €97 milliards, cette fois-ci les soirées dansantes, weekends de ski et autres concours de cupcakes ne sont pas à la hauteur des enjeux. A l’image d’un joueur de tennis qui sur-sollicite un seul bras sans compenser par des entraînements avec l’autre, l’entreprise devient malade de son déséquilibre. Puisqu’il préfère les choses au vivant, le cerveau gauche avantage la tâche plutôt que la personne-même laissant les attentes des salariés difficilement conciliables avec le contexte économique.

Le cerveau droit et l’émotion pour engager dans l’atteinte des résultats

L’apanage du cerveau droit est notamment de s’intéresser à la personne. Sans lui, pas de réengagement et de reprise possibles car il comprend ce qu’est la pâte humaine, notamment comment s’appuyer sur le potentiel et les qualités uniques de chacun. Cette période de rupture sans précédent nécessite de redonner sens au travail, favoriser la coopération, s’appuyer sur  la créativité de tous. Aussi, l’émotion a toute sa place pour unir les volontés vers les mêmes objectifs. Métaphores, grand récit sont des leviers puissants pour remotiver et engager les équipes après cette période de flottement. 

Plus avant, le management est attendu pour sa capacité à remettre en route l’activité rapidement ; il faut agir vite et fort pour atteindre des résultats, même modestes. Les dirigeants doivent pouvoir s’appuyer sur des managers qui redeviennent plus opérationnels aux côtés de leurs équipes et œuvrent en coach pour faciliter les obstacles tout en laissant la liberté de manœuvre. Par exemple, la simplification des processes non liés à l’atteinte des revenus, la fluidité de la communication, ou encore l’autonomie de décision au niveau local pour la création d’offres ad-hoc. Pragmatisme, capacité opérationnelle, intérêt sincère pour la personne sont les domaines privilégiés du cerveau droit pour compenser l’hyper-rationalisation de l’entreprise.

Deux approches à explorer : 

  • Un discours rassembleur du dirigeant pour bâtir le présent et l’avenir dans la confiance. Rassembleur à la fois autour de la stratégie communiquée, la réalité de la situation et l’importance de chacun dans l’atteinte des résultats. Mais également sur les comportements attendus et la vision ambitieuse du dirigeant pour son entreprise. Pour que cela fonctionne, le dirigeant doit être convaincu du formidable potentiel de ses salariés pour parier sur l’avenir. Comme le chemin peut être long et difficile pour s’en sortir, l’émotion à travers un grand récit qui unit chacun à l’objectif commun ou des métaphores pour faire vivre le projet en chacun sont des points d’ancrage fondamentaux;
  • Des managers qui sont dans l’opérationnel c’est-à-dire ceux qui vont œuvrer aux côtés des équipes jour après jour dans l’atteinte des résultats. Le retour au travail doit s’appuyer en priorité sur de hauts standards de qualité et de la discipline parce qu’engager chaque ressource et effort est capital pour assurer le retour de l’activité. Par exemple, Les comportements attendus sont explicités et valorisés régulièrement par le management. De même que la clarification des rôles. Plus avant, chacun doit être encouragé ou recentré dans l’atteinte d’objectifs ambitieux déclinés en résultats individuels et collectifs. Enfin, la responsabilisation individuelle prend toute sa place dans ce contexte puisque chacun s’engage dans la réussite de sa propre mission et celle des autres.

De l’importance d’être deux

Pour avancer dans la même direction, il faut vouloir les mêmes choses et refuser les mêmes choses. A trop négliger le vivant, l’action engagée va rester insuffisante par rapport aux enjeux et l’entreprise risque de s’étouffer avec un individualisme forcené promu par le cerveau gauche.

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