Ces dernières années, le paysage naming de la sphère politique française a été interrogé, bousculé, puis renversé. Création de mouvements, nouveaux partis, changement d’appellations, que révèlent les noms de nos organisations politiques?
Une stratégie naming bouleversée
Si autrefois les appellations des partis consistaient à traduire des démarches citoyennes, des idéaux individuels et collectifs, en termes politiques, tels que communiste, socialiste, radical, démocrate, libéral, populaire, républicain, national, ou simplement gauche, droite, qui avaient l’avantage d’affirmer une orientation claire, on observe aujourd’hui un inversement de stratégie. Pour les mouvements les plus récents, il n’est plus question de se référer à cet ordre ancien.
Le Parti-Pris de l’individu
En 2017, En Marche! et La France Insoumise, fondés à deux mois d’intervalle, au moment des élections présidentielles, dépoussièrent le naming des partis politiques, et à l’exact opposé des formulations passées, attribuent une attitude individuelle à une pensée politique : l’expression En Marche raconte un mouvement progressiste et La France Insoumise, une réaction à l’autorité. Cette personnification de la pensée permet au plus grand nombre de se reconnaître, de s’identifier, non plus à un parti mais à un mouvement qui se dit citoyen, au moment où les Français se désintéressent de plus en plus de la politique.
Le nom Place Publique, mouvement de Raphaël Glucksmann, dépasse le champ lexical de l’individu et, à travers le symbole de l’agora antique ou du forum romain, invite chaque citoyen à prendre la parole, créant ainsi un mouvement polyphonique, qui s’accorde à un monde où chacun est libre de s’exprimer publiquement sur les réseaux sociaux, sans porter d’autres orientations politiques que cette volonté démocratique.
Parti.s
Le collectif s’évince au profit de la pluralité des individus. Il n’est plus question d’ « Union pour un Mouvement populaire » mais des Républicains. Florian Philippot s’est inspiré du même modèle en créant son parti Les Patriotes, avec une sensibilité identitaire plus prononcée.
Le mouvement fondé par Benoît Hamon après les présidentielles, Génération·s, insiste sur ce pluriel grâce au point médian de l’écriture inclusive, lequel semble embrasser les français dans leur diversité, hommes et femmes confondus, peu importe leur origine ou leur croyance.
Naming conservateur
Les partis plus conservateurs revendiquent cependant leur appartenance à une idéologie, le Front s’est peut-être adouci en Rassemblement, il a gardé son empreinte « nationale », comme l’UMP, qui en devenant Les Républicains renoue avec les origines du parti, autrefois l’UNR (L’Union pour la Nouvelle République) ou encore le RPR (Le Rassemblement pour la République).
L’ascension au sommet de l’Etat du mouvement En Marche! a entraîné une institutionnalisation du nom, désormais appelé La République En Marche.
Ce bouleversement naming des organisations politiques n’est que l’indicateur d’une évolution plus globale. Avec les réseaux sociaux, la manière de s’adresser aux français ne peut être identique à celle du siècle dernier : la communication se fait digitale et mieux ciblée pour atteindre chaque citoyen selon ses valeurs et les causes qu’il défend.
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