Le confinement levé, il a fallu réintégrer nos organisations : bureau, usine, point de vente, organisation de santé, administration. Cela a donné lieu à une curieuse période d’incertitude. Les salariés allaient-ils réintégrer leurs locaux de gaieté de cœur ? Si certains étaient las de rester chez eux, dans des conditions familiales parfois difficiles, beaucoup ont pu s’aménager des espaces et du temps. Aux États-Unis surtout, on a observé une vague de démissions.
Par Pierre Mangin, issu du numéro 24 – automne 2023 de Forbes France
Moins ailleurs. Certains dirigeants ont pris peur, et ont dû promettre que le télétravail partiel serait préservé. Très attachés à la cohésion interne, à la « culture d’entreprise », ils ont mis du temps à admettre ce que révélaient les études : le télétravail ne nuit pas à la productivité. Au contraire. Pour leur part, les RH ont constaté que les jeunes diplômés et apprentis demandaient des engagements formels sur la flexibilité du travail.
Bref, les réticences sont tombées. Tout est devenu négociable : un à deux jours de télétravail, travail à temps partiel, semaine de 4 jours avec des journées de 10 heures ou plus, suivies de récupération – dimanches ou samedis inclus ou non –, congés plus répartis, congés parentaux ou sabbatiques, etc. Une réorganisation en profondeur s’est enclenchée, rappelant, en mieux sans doute, le passage aux 35 heures.
Vers un meilleur équilibre entre vie pro et vie perso
Il n’est plus tabou de vouloir concilier responsabilités professionnelles, sociales ou associatives et personnelles. Et de revendiquer un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. RSE oblige, l’employeur est prêt à privilégier le bien-être et la satisfaction au travail. Chaque collaborateur doit gagner en autonomie et, grâce à la formation, bénéficier de perspectives d’évolution. Des lieux d’échange conviviaux sont mis en valeur, et les contributions à la créativité et à l’innovation sont favorisées à tous les échelons de l’organisation, pour nourrir une ambiance positive.
Beaucoup de patrons, notoirement les femmes, le disent : il faut non seulement se préoccuper en amont de la formation des jeunes mais se soucier de leur logement et des coûts de transport : le télétravail devient une partie de la réponse.
Aujourd’hui, c’est clair, la productivité en dépend, tout comme la fidélisation à l’entreprise et le recrutement des meilleurs talents.
Plusieurs options de télétravail
Dans cet état d’esprit, la définition des modes de télétravail nécessite échanges et imagination. Il s’agit bien d’un équilibre à négocier entre les besoins de l’organisation et les attentes des salariés. Une communication interne claire et efficace devient cruciale. Tout doit être documenté. Des outils abondent pour y parvenir. Tout cela est mis en musique par des événements internes, des formations où transparaissent les valeurs de l’entreprise et où le sentiment d’appartenance à l’organisation se fortifie.
On pourra ainsi se décider parmi plusieurs options de télétravail « hybride » : il peut être fixe (tels jours de la semaine, et toutes les semaines se ressemblent) ou flexible, mais avec un nombre de jours plafonné sur un mois ou sur l’année. Le critère important est : combien de fois, et combien de temps les équipes se retrouveront- elles en présentiel, si possible au complet, afin de maintenir l’esprit d’équipe, la convivialité, la créativité ?
Il restera à évaluer la nécessité de réorganiser ou non les locaux, en tenant compte des économies d’échelle possibles. C’est aussi une réalité à admettre. Le concept de flex office avec pré-réservation ou la location d’espaces de coworking peuvent être une partie de la réponse.
Bref, toutes ces transformations, accompagnées d’une appropriation des nouvelles technologies, ne réussissent que si une communication efficace, positive et un minimum de transparence sont privilégiés.
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