Le management toxique passe pour une maladie inhérente au monde du travail. Jusque-là, aucune solution n’était vraiment venue à bout de ce mal. Pour sa part, l’Ayurvéda propose un ensemble de conseils destinés à tempérer les excès dont souffre le manager toxique. Le premier d’entre eux consiste à méditer.
Comportement tyrannique, critiques en rafale, vexations, sautes d’humeur… Le profil du manager toxique vis à vis de ses subalternes a fait l’objet d’études approfondies partout de par le monde. En France, Patrick Collignon, expert des neurosciences, et Chantal Vander Vorst lui ont consacré un livre intitulé « Le Management toxique »[1]. Même s’il n’a pas l’intention de nuire, le manager toxique rend la vie infernale à ses subalternes comme à ses collègues. Pire, il met en danger ses propres performances comme celles de son entreprise en acceptant de n’être plus qu’une caricature de manager. Souvent lucide vis-à-vis de son comportement, le manager toxique est un être profondément malheureux.
Pourtant, peu de solutions efficaces sont proposées au manager toxique qui décide de sortir par lui-même du piège qui l’enferme. En revanche, il existe une abondante littérature expliquant à ses subalternes comment faire face à un manager toxique et comment survivre au climat détestable qu’il crée autour de lui. L’impression qui prédomine est claire : les coaches et autres experts du sujet baissent les bras face à l’ampleur du problème. Même ceux qui se réclament de l’intelligence émotionnelle[2] admettent que sortir un manager toxique de sa condition n’est pas chose aisée. Ils assimilent cet état de fait à une sorte de maladie inhérente au monde du travail et dont les effets se mesurent entre autre par un fort taux de turn-over qui entrave la marche des entreprises. Les coaches les plus avisés recommandent de ne pas réagir face au manager toxique, d’apporter tout son soutien à ses subalternes et enfin d’avoir de la compassion vis-à-vis de ce manager.
Le repos, clé de l’équilibre
L’Ayurvéda procède autrement en s’attaquant aux causes profondes de ce mal. Elle propose un ensemble de conseils destinés à aider le manager toxique à sortir de cette impasse par le haut et de retrouver, à plus ou moins long terme, son vrai statut de leader[3]. Car, toujours selon l’Ayurvéda, c’est l’accumulation de déséquilibres des trois doshas, et notamment du dosha Pitta, qui sont à l’origine de son comportement (voir à ce sujet https://www.forbes.fr/management/layurveda-une-connaissance-millenaire-au-service-du-manager/ ). C’est pourquoi, en premier lieu, l’Ayurvéda recommande plus de repos, tant au niveau physiologique que mental. Un sommeil réparateur est nécessaire pour l’équilibre des doshas dans la physiologie. Il permet d’apaiser un Pitta déséquilibré, surtout chez ceux qui ont tendance à se réveiller en pleine nuit. En été, ils doivent veiller à garder de la fraîcheur dans leur chambre à coucher. Ils peuvent diffuser de l’huile essentielle de lavande biologique à l’aide d’un microdiffuseur et favoriser la fraicheur en se promenant le soir au clair de lune. Les promenades en pleine nature lui seront également bénéfiques. En hiver, ne pas surchauffer la chambre et penser à humidifier l’air ambiant. Eviter les douches trop chaudes.
L’autre repos, le repos mental, est gagné par la pratique de la méditation. Plusieurs méta-analyses montrent que la méditation transcendantale est la pratique qui apporte le repos le plus profond, deux fois plus profond que le sommeil le plus profond. Il est suffisant pour tempérer les épisodes de colère et d’impulsivité et modifier dans le bon sens la perception du temps, diminuant du même coup l’impatience. Rappelons que le comportement du manager toxique provient pour l’essentiel du fait que l’amygdale du cerveau est en état d’hyperactivité, état engendré par l’excès de stress et d’émotions négatives. Avec la pratique régulière de la méditation transcendantale, l’hyperactivité de l’amygdale baisse, le stress diminue en même temps que le taux de cortisol, le cortex préfrontal reprend le contrôle du fonctionnement cérébral et harmonise les émotions. Avec le temps, les sources de la colère se tarissent. Le sujet découvre alors une vision plus large de son environnement qui lui permet de reconnaître ses propres erreurs et, in fine, de demander pardon à ceux qu’il accusait ou harcelait il n’y a pas si longtemps.
Les autres conseils prodigués par l’Ayurvéda portent sur l’alimentation et le mode de vie. Commencer par réduire progressivement jusqu’à supprimer totalement tous les excitants, l’alcool en priorité car il aggrave le déséquilibre du dosha Pitta. La consommation d’alcool reste dans notre pays un problème d’actualité qui n’épargne pas le monde de l’entreprise. A titre indicatif, les experts estiment que l’alcool au travail aurait occasionné près de 16 milliards d’euros de pertes de productivité pour les entreprises françaises en 2000. Arrêter la consommation d’alcool est clairement une priorité, mais elle n’est pas la seule. L’Ayurvéda met aussi dans la catégorie des excitants la cigarette, le café et le thé qui, tous, accentuent les déséquilibres de Vata et Pitta.
Les bénéfices d’un moment détente
Autre conseil à prendre au pied de la lettre : consacrer une heure par jour à jouer. Pas question de jeux de compétition. Un jeu sans but ou sans résultat à obtenir fera l’affaire. Ceux qui ont de jeunes enfants peuvent jouer avec eux dans un cadre de détente affectueuse. Ils ne doivent pas se sentir coupables d’abandonner un moment leur poste de manager. De nombreuses personnalités du monde des affaires admettent au moment de leur retraite que leur plus grand regret dans la vie est de ne n’avoir pas vu grandir leurs enfants. D’autres possibilités s’offrent à ces managers dans ce même registre des jeux de détente. L’heure « perdue » sera largement compensée en étant moins stressé, plus productif et plus heureux.
L’Ayurvéda recommande aussi de suivre un régime alimentaire pacifiant le dosha Pitta. En clair, réduire au maximum les viandes rouges et les remplacer par des viandes blanches, éliminer le pain et les produits fermentés comme yaourts et fromages, manger plus de légumes verts en hiver et de salades fraîches en été. Les personnes de constitution Pitta ayant souvent un gros appétit, il leur faudra manger modérément une nourriture fraîchement préparée avec peu de sel, peu de goûts piquant (poivre, piment, etc.) et acide (citron, tomate, agrumes, etc.), en favorisant les aliments doux (pâtes, riz, céréales, légumineuses, huile d’olive, beurre, etc.), amers (légumes verts et salades) et astringents (artichauts, kakis, etc.). L’Ayurvéda leur conseille aussi de boire de l’eau à température ambiante loin des repas.
Autre conseil : choisir une activité physique en rapport avec l’âge et la constitution. Pratiquée de préférence le matin, elle devra utiliser la force, la concentration et la vitesse. La natation et le ski ont le mérite d’apporter de la fraîcheur et le Yoga du calme. A inscrire rapidement sur l’agenda quotidien.
Dernier conseil, et non des moindres : favoriser tout ce qui apporte du contentement et satisfait le cœur. S’il aime la peinture, le manager peut filer droit au musée voir une exposition. S’il est sensible à la musique et qu’elle a sur lui des effets positifs? Qu’il s’inscrive à la chorale ou au conservatoire le plus proche de son domicile. Même s’il n’est pas mélomane, le manager peut gagner en écoutant régulièrement une musique classique apaisante. Il est possible de renforcer cette influence de joie et de contentement en diffusant de l’essence de rose biologique pendant l’écoute les yeux fermés d’une sonate de Mozart ou de Bach.
Ces conseils finiront par avoir raison du caractère toxique de la personne en laissant émerger progressivement un manager heureux et performant, rayonnant de l’enthousiasme tout autour de lui. C’est juste une affaire de temps.
[1] « Le management toxique, Harcèlement, intolérances, missions impossibles… Comment s’en sortir ? », Patrick Collignon et Chantal Vander Vorst, Editions Eyrolles, Collection : Neurosciences et vie au travail. Parution : 24/10/2013.
[2] Le concept d’intelligence émotionnelle a été proposé en 1990 par les psychologues Peter Salovey et John Mayer. Il se réfère à la capacité de reconnaître, comprendre et maîtriser ses propres émotions et à composer avec les émotions des autres personnes.
[3] En cas de difficultés persistantes, le manager toxique peut se faire accompagner par un professionnel de l’Ayurvéda.
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