Les scientifiques ont classé les différentes techniques de méditation en trois grandes familles, typologie qui permet aux entreprises de choisir celle qui répondra le mieux à leurs attentes.
En parlant de méditation sans autre précision, ou en ne se référant qu’à la méditation de pleine conscience, la presse généraliste occulte la diversité des techniques disponibles pour tous ceux qui veulent disposer d’un outil de gestion du stress et de développement personnel adapté à leurs besoins. Face à cette diversité, tout manager voudra savoir ce que ses équipes peuvent tirer de la pratique d’une méditation qui leur demande d’investir chaque jour un peu de leur précieux temps. A cette demande parfaitement légitime, la recherche scientifique apporte quelques premiers éléments de réponse.
Ainsi, la New York Academy of Sciences organisait durant l’été 2013 une conférence scientifique destinée à favoriser des échanges sur les effets produits par différentes pratiques comme la méditation de pleine conscience, la méditation transcendantale, la méditation Za Zen, le Qi Gong, etc. Plusieurs dizaines de milliers d’études ont été réalisées dans le monde sur ces techniques. Le prestigieux Journal of American Medicine a récemment procédé à une méta-analyse de 18.000 d’entre elles. Sa conclusion? La méditation est à la fois un outil de gestion du stress et un outil de développement du bien être psychologique.
Mais, ne nous y trompons pas. Malgré ces nombreuses études, ces techniques sont encore loin d’avoir livré tous leurs secrets. La conférence de New York, première du genre, en a fait le constat. Depuis, une réunion de travail s’est tenue en juin 2014 à l’Institut Esalen (Big Sur, Californie) en collaboration avec l’Université Maharishi de Management et l’Institut des Sciences Noétiques. Elle avait pour but de créer une liste de critères agréés par tous les chercheurs, grâce auxquels les techniques de méditation pourraient être évaluées à l’avenir. Bien que cette liste ne soit pas encore finalisée, cette réunion a permis d’apprécier l’apport spécifique de chaque technique de méditation et de voir comment elles pourront conduire à une meilleure compréhension de la conscience. L’année 2013 marque donc un tournant significatif à cet égard.
En attendant l’éclairage de nouvelles études en cours, que savons-nous exactement des effets à court terme et à long terme de ces pratiques ? Un point commun : la plupart de ces effets repose sur la plasticité du cerveau. De quoi s’agit-il ? Le cerveau humain a la capacité de modifier ses structures en fonction des sollicitations qu’il reçoit. Les circuits neuronaux fréquemment utilisés – et dont les interconnexions neuronales se multiplient –, se consolident et se développent. Ceux qui servent peu finissent par s’étioler. A différents degrés, les méditations augmentent et améliorent la connexion entre les différentes parties du cerveau, s’opposant ainsi, en quelque sorte, au processus de vieillissement des cellules et des structures cérébrales. La matière blanche du cerveau de personnes pratiquant une technique de méditation présente plus de faisceaux de fibres nerveuses reliant les différentes parties du cerveau, notamment dans le corps calleux qui relie les hémisphères droit et gauche, le tractus pyramidal qui relie le cerveau à la moelle épinière et enfin dans le faisceau uniforme liant le lobe frontal au système limbique, siège des émotions. Parmi d’autres résultats communs, les recherches ont montré un haut niveau d’activité dans les parties du cerveau qui contribuent à former les émotions positives (enthousiasme, maîtrise de soi, joie) assorti d’une activité moindre dans les parties reliées aux émotions négatives, notamment la zone en rapport avec la peur et la colère.
La conférence de New York a permis de dégager trois familles de méditation. Elles se différencient aussi bien par leurs procédures que par le mode de fonctionnement du cerveau qu’elles induisent. Ce sont les « méditations avec attention focalisée », les « méditations avec attention non focalisée » et les « méditations avec transcendance automatique ». Chaque type de méditation aborde un angle différent pour explorer la conscience, induisant des expériences subjectives et des effets différents. La méditation de la compassion, qui est une méditation avec attention focalisée, développe le système émotionnel dans le cerveau. La vie affective de la personne devient alors plus riche et plus complète. La méditation de pleine conscience, qui est une méditation avec attention non focalisée, améliore la prise en compte consciente des situations et accroît le bien-être mental et physique. Dans ces deux familles de méditations, des changements prennent place dans certaines parties spécifiques du cerveau. Quant à la méditation transcendantale, de la famille des méditations avec transcendance automatique, elle ne développe pas de qualité particulière ou d’orientation d’activité. Elle développe une cohérence globale des ondes alpha, les différentes parties du cerveau fonctionnant alors ensemble comme un tout. « Cela conduit à un quatrième état de conscience qualitativement différent des états de conscience de veille, de rêve et de sommeil », explique Fred Travis, enseignant-chercheur en neurosciences et directeur du Center for Brain, Consciousness and Cognition à l’Université Maharishi de Management (Fairfield, Iowa).
Les échanges entre chercheurs lors de ces réunions ont également mis en évidence l’importance capitale de certains paramètres comme « la facilité de la pratique » et « l’expérience de la transcendance ». Sur le plan de la neurophysiologie, Fred Travis et son équipe ont publié de nombreuses études étayant cette affirmation. Selon l’analyse publiée dans les Annales de l’Académie des sciences de New York , le dénominateur commun des expériences des 52 sujets pratiquant la méditation transcendantale est un sentiment de conscience de soi sans contenu, libre de toute pensée. Concrètement, la transcendance stimule le fonctionnement intégré de toutes les parties du cerveau. Avec la pratique, l’individu devient moins susceptible d’être submergé par les vicissitudes de la vie quotidienne.
Pourquoi cette expérience, dont le caractère spirituel ne fait aucun doute, est-elle si importante dans le cadre de la vie professionnelle ? La réponse est simple. La transcendance intervient directement dans le développement des performances et des qualités du leadership de chaque individu. Il est acquis que le stress est nuisible à la performance. En tant que solution antistress, toute technique de méditation empêche donc la productivité intrinsèque d’un individu de s’éroder sous l’effet du stress, connu aussi pour perturber le fonctionnement cognitif, favoriser le vagabondage mental et la fatigue. Mais, ainsi que l’a reconnu la méta-analyse du Journal of American Medicine, la méditation et l’expérience de la transcendance sont bien plus qu’une simple parade antistress. En développant le fonctionnement intégré du cerveau, l’expérience de la transcendance améliore systématiquement les performances de celui qui médite. Une étude prospective portant sur des managers d’une entreprise de matériel médical a montré que ceux qui pratiquaient la méditation transcendantale, en comparaison avec un groupe témoin apparié, manifestaient une meilleure « contribution à l’organisation » selon un indicateur d’évaluation associant différents facteurs tels que l’amélioration de la productivité, de la capacité au management et des relations professionnelles, une vitalité accrue, une plus grande clarté d’esprit, l’amélioration de la satisfaction au travail et un tempérament moins coléreux.
Conclusion. Les méditations avec attention focalisée développent le système émotionnel. Les méditations avec attention non focalisée diminuent stress et vagabondage mental et développent la pleine conscience des situations. Les méditations avec transcendance automatique stimulent le fonctionnement intégré du cerveau, clé de productivité et de leadership.
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