De Mac Gyver à Mad men, quand les séries TV nous enseignent le management (Dunod 2017) est un outil ludique à destination des managers « sérievores » qui souhaiteraient s’inspirer (ou non) d’un Don Draper (Mad men), d’un Rick Grimes (The Walking dead) ou d’une Birgit Nyborg (Borgen). Les thématiques abordées dans cet ouvrage collectif sont celles rencontrées au quotidien par un manager : comment gérer une équipe, comment être un bon chef, comment se positionner par rapport au marché ou gérer l’innovation. Rencontre avec ses auteurs.
Grincheux, arrogant, à la limite du harcèlement. Que peut donc bien apprendre un manager de Dr House ? L’ouvrage collectif De Mac Gyver à Mad men, quand les séries TV nous enseignent le management (Dunod 2017), coordonné par Benoît Aubert et Benoît Meyronin plonge le lecteur dans le foisonnant monde des séries en l’analysant sous le prisme du management.
Anticiper et prévenir les risques avec Narcos, gérer une affaire familiale avec Six Feet Under, créer sa start-up avec Breaking bad…
« Dr House, je n’aimerais pas l’avoir comme patron », s’amuse Benoît Aubert, directeur de l’ICD, international business school, du groupe IGS. « Mais souvent, on applique les pratiques de management en voyant les erreurs, les faux pas des autres. » C’est donc au cynique Gregory House qu’est consacré, sous la plume de Monika Siejka, le premier chapitre du livre. Un Dr House que l’enseignante-chercheuse à l’université de Paris-Saclay qualifie de manager « agile ». Si House apparaît au premier abord comme un anti-modèle, Monika Siejka révèle aux lecteurs des qualités managériales insoupçonnées, notamment envers son équipe : il « revendique le droit à l’erreur » en soulignant le fait que « l’éthique de l’erreur suppose la reconnaissance de celle-ci afin de progresser », ou encore permet « le droit à la contestation », et garde une « neutralité vis-à-vis de la hiérarchie ». Chaque chapitre se conclut par des conseils directement tirés de l’étude au long cours des personnages.
La série, source d’empathie ?
« L’intérêt de la série est qu’elle se situe sur une temporalité longue qui permet de voir les évolutions des personnages et donc de leur type de management », indique Benoît Aubert, directeur de l’ICD, International business school qui coordonne cet ouvrage collectif. Problème, il est rare que dans la « vraie vie », le salarié connaisse les rebondissements de la vie de son chef, les méandres de sa pensée, ses atermoiements, ses doutes, ses envies et ses craintes.
« Dans une série, on sait pourquoi le personnage est perturbé, intraitable… Si l’ancrage dans le temps permet de mieux les comprendre, il permet aussi d’avoir un autre regard sur ses collègues, et ses managers », poursuit Benoît Aubert. La série comme source première d’empathie ?
Cet enseignant chercheur en marketing s’est, sans surprise, intéressé au tortueux personnage de Don Draper, pubard de la série Mad Men. « La vie personnelle de Don Draper a un impact direct sur sa vie professionnelle », analyse Benoît Aubert. Au-delà de l’intérêt esthétique de la série Mad Men, son personnage Don Draper nous apprend par exemple à « adopter une démarche collaborative dans la création ». Pour Benoît Aubert, si la série Mad Men se déroule dans les années 1960 et plonge le spectateur dans une certaine nostalgie, les codes sont ceux d’aujourd’hui, afin que le sériephile s’identifie aux personnages et aux situations vécues.
Réappropriation
Pour Eric Le Deley, directeur de l’IGS-RH et qui a également collaboré à l’ouvrage, la série a le mérite de présenter des « principes intangibles et des leçons dont on peut s’inspirer ou non. Elles permettent la réappropriation car elles font appel à des émotions universelles ».
Co-auteur, entre autres, du chapitre sur The Young Pope, Eric Le Deley, qui a fait sa thèse sur l’intemporalité de la négociation, insiste sur le fait que des principes du XVIème siècle sont encore utilisés aujourd’hui. « Je crois aux humanités : on peut apprendre de l’histoire, de la culture, et des séries qui ont l’avantage de permettre au spectateur d’appréhender et de comprendre le temps long. » A ses étudiants, le directeur aime raconter l’anecdote de Philippe Le Bel qui patiente sept ans avant de pouvoir monter le procès du Temple. Quant au Young Pope, il nous apprend à « ne pas confondre jeunesse et modernité ».
Un manager peut-il avoir des failles, s’interrogent avec la série Ray Donovan, Eric Le Deley et Mireille Pallares, directrice de l’ISCPA. « C’est un personnage triste, qui règle les problèmes par des moyens pervers », indique Mireille Pallares. « Mais il permet de comprendre comment gérer les crises, anticiper, concilier vie professionnelle et vie personnelle. »
Vrai regret, le manque de personnage féminins pour illustrer les situations managériales. Les auteurs le promettent, ils feront en sorte d’établir une certaine parité pour un deuxième volet du management par les séries. Dans ce premier ouvrage, seulement treize séries ont été analysées, « mais toutes pourraient être traitées », indique benoît Aubert.
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