Ils ne sont pas freelance mais ils changent d’entreprise au gré des missions. Qualifiés de « talents », ils ne sont pas des salariés classiques, mais ils bénéficient tout de même d’un CDI. Ces nouveaux professionnels du secteur de la communication, du marketing et du digital sont embauchés par la start-up Genius, qui affirme « réinventer le travail ». Il est parfois difficile pour les sociétés d’embaucher sur le long terme. La jeune pousse s’adapte alors aux pics d’activité de l’entreprise ou au remplacement temporaire des salariés en proposant d’embaucher de jeunes talents pour une mission ponctuelle de 3 à 36 mois. Ces derniers sont, pour leur part, employés par Genius. Déjà adopté ponctuellement par 66% des entreprises, l’outplacement deviendra-t-il à l’avenir un modèle commun ?
« Pour une fois, on est considéré »
Amira a 23 ans et a terminé son alternance chez le groupe de communication français Publicis il y a un an. Depuis, elle a été embauchée en tant que talent chez Genius et multiplie les expériences. « Ma première mission était chef de projet chez la banque BNP Paribas, puis j’ai travaillé au sein de la communication digitale de Genius pendant 6 mois, détaille-t-elle. Ce fonctionnement permet d’acquérir beaucoup d’expériences sur le court terme. » Ce qui plaît à Mathieu, c’est plutôt la bienveillance qu’il perçoit dans les entreprises qui l’accueillent. « Comme on arrive de l’extérieur, on nous demande un avis externe sur tel ou tel aspect, explique-t-il. En plus les missions sont assez longues donc on a le temps de s’intégrer. » En effet, pour les jeunes diplômés, cette solution semble donc ne présenter que des bénéfices face à un marché du travail souvent hostile à l’embauche de jeunes diplômés sans expérience. « Actuellement, il est difficile d’évoluer dans une entreprise quand on est jeune, renchérit Amira. Grâce à cette solution, pour une fois, on est considéré par les employeurs. »
Encore un marché de niche
Mais qu’en est-il pour les salariés déjà présents dans l’entreprise ? Considèrent-ils l’arrivée de ces ambitieux « talents » comme une menace pour leur poste ? C’est ce que craint Danièle Linhart, directrice de recherche au CNRS. « Personnellement, en tant que salariée, si mon entreprise m’annonçait que l’on m’envoyait un « talent », cela m’énerverait… Je pense qu’il serait plus juste de qualifier ce nouveau venu « d’expert ». »
Pour le cofondateur de Genius, Josselin Martin, ces «talents » ont une double mission au sein de la société : apporter une forte valeur ajoutée immédiate et accompagner les salariés dans leurs domaines d’expertises. Et pour s’assurer que le professionnel proposé correspondra aux exigences du client, il est sélectionné selon sa personnalité. « Tous les candidats ont un bac +5, ont fait une année à l’étranger et parlent anglais, explique l’entrepreneur. Ce que nous regardons avant tout est : est-ce que la personnalité du « talent » sera en harmonie avec la vision de telle ou telle entreprise ? »
Selon Josselin Martin, cette embauche à la mission séduit de plus en plus de dirigeants : « aujourd’hui on a presque du mal à répondre à toutes les attentes tellement nous comptons de demandes. Pour le moment, nous n’avons pas de concurrents directs mais cela ne va pas tarder. Nous sommes encore sur un marché de niche, ce sera moins le cas demain et c’est tant mieux ! » s’enthousiasme-t-il.
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