L’intrapreneuriat permet à un salarié d’entreprendre au sein de son entreprise, en bénéficiant de son cadre, de sa structure, de ses ressources.
C’est un modèle qui suscite l’intérêt des grandes entreprises, car il est une réponse à la crise d’innovation qu’elles traversent ainsi qu’à la perte de repères liée à l’accélération digitale. Ainsi, l’intraprise est une solution permettant de reconfigurer la création de valeur de l’entreprise en fournissant de nouvelles opportunités de croissance.
Explorer le gisement d’idées
Les entreprises font face à une crise de l’innovation dont l’une des causes est la lourdeur de leurs process. Et ce phénomène ne s’observe pas uniquement dans les très grandes entreprises, mais aussi dans les plus petites. Il pèse sur les énergies créatives individuelles et collectives. L’intrapreneuriat est donc une solution intéressante pour libérer le potentiel d’innovation. En effet, les intraprises fonctionnent sur les mêmes codes que les start-up.
Ainsi ces projets « d’entreprise dans l’entreprise » permettent-ils de développer des projets technologiques innovants pour un coût attractif (en fonctionnant sur le principe du Minimum Valuable Product, par exemple).
Les start-up n’ont pas les moyens de développer des projets pharaoniques, elles ont donc appris à faire autrement… Notamment en utilisant le gisement d’idées contenu dans chacun de leurs employés, en les formants aux différentes techniques de créativité, en la favorisant, en comprenant qu’un « temps mort » peut-être source d’inspiration, en stimulant l’apprentissage permanent…
Evidemment, l’intrapreneuriat implique que la structure originelle accepte la prise de risque liée à tout projet entrepreneurial. Tout autant que de passer d’une logique d’exploitation de l’existant à une logique d’exploration.
Identifier des potentiels parmi les collaborateurs
L’intrapreneuriat a l’avantage de faire émerger des pépites insoupçonnées parmi les salariés. Certains profils sont vite perçus comme des créatifs en herbe (les idéateurs qui ont 100 idées à la minute, notamment) mais en réalité, tous les profils sont intéressants lors d’un processus de création. C’est ainsi que des employés se mettant peu en avant pourront, sur un projet qui les intéresse, se révéler comme des talents novateurs et ainsi apporter leur contribution au développement stratégique de l’entreprise.
Il faut changer l’approche du talent management, qui a aujourd’hui tendance à trier et sélectionner les mêmes types de profils alors que l’innovateur est en général un salarié en dehors du moule, un corporate hacker qu’il faut soutenir, porter et encourager.
C’est ainsi que l’intrapreneuriat pourra être, pour les ressources humaines, un formidable moyen de détecter des potentiels au sein même de leurs salariés. Cela implique d’envisager une manière de recruter tout à fait nouvelle : en considérant le marché interne du recrutement (par interne, j’entends interne à l’entreprise) et une évolution des systèmes de reconnaissance.
Repenser le management
Les RH (et les gérants de PME ou de start-up) peuvent, par le biais de l’intrapreneuriat, repenser les parcours professionnels de leurs équipes. C’est une tendance de fond, cette aspiration à expérimenter de nouveaux modes de travail, de nouvelles manières de faire. L’entrepreneuriat est une des manières d’en faire bénéficier tout autant les salariés que l’entreprise.
C’est aussi un outil de management permettant de retenir (ou d’attirer) tous les types de talents, de rebooster une motivation en demie teinte… Chacun, à parité, à la possibilité de contribuer au développement de l’entreprise, de donner son avis, d’avoir des idées et de mettre des projets en œuvre. Une façon de redonner du sens tout en démultipliant les expériences et finalement de renforcer l’engagement des collaborateurs.
Du point de vue humain, cette approche se révèle être un formidable accélérateur de carrière ainsi qu’un outil d’empowerment* notamment parce qu’il synchronise l’envie actuelle de passer rapidement de l’idée à l’action. Pour accompagner ces projets, le management évolue lui aussi, passant du contrôle au soutien, au coaching… le manageur devient un encadrant. Et ça, ça change tout.
* émancipation
Transformer ses process
L’intrapreneuriat permet, en fait, de transformer son organisation globale par l’action d’un petit groupe. Dans une logique de transformation digitale d’une entreprise, l’intrapreneuriat peut ainsi s’envisager comme un test à petite échelle avant un déploiement plus large.
Cette démarche d’entrepreneuriat internalisé peut aussi servir (dans les plus grosses structures) à créer des espaces plus souples et agiles, comme des bulles pour les salariés qui navigueront ensuite de l’une à l’autre, entrant ainsi dans une ère de l’organisation horizontale, et même polycellulaire.
Ainsi, et d’une manière organique et douce, les deux types de structures s’hybrident : la structure ‘de base’ s’enrichit d’une culture digitale, fait évoluer ses modes de management et d’organisation, tandis que l’intraprise bénéficie de l’expertise des salariés et des moyens de l’entreprise. C’est aussi, il me semble, un point de vigilance à avoir : ne pas favoriser l’opposition entre les deux types de structures, mais au contraire, en faire émerger toutes les synergies possibles !
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