« Contrairement à une croyance répandue, la bienveillance n’est pas un terme galvaudé ou une faiblesse dans le monde professionnel. Au contraire, elle représente une force transformatrice. »
Une contribution de Kevin Bourgeois président et co-fondateur de Supermood
Avec moins de 40% de salariés engagés en France, plus que jamais, la reconnaissance et la bienveillance deviennent des piliers essentiels pour garantir non seulement la motivation des salariés, mais aussi leur bien-être général. Il est temps pour les entreprises de se saisir de ces valeurs afin d’éviter le repli et ne laisser aucun collaborateur en marge de l’humanité en entreprise. Il est crucial de mettre fin au “tabou” de la gentillesse et de la gratitude dans les relations professionnelles. Ce que nous attendons de nos relations sociales privées, nous sommes en droit de l’attendre également au sein de notre environnement professionnel.
L’hécatombe des relations humaines au travail
Aujourd’hui, les relations humaines au travail sont souvent mises à mal par des dynamiques de stress et de désengagement. Selon une étude de Gallup, 85% des employés dans le monde ne se sentent pas engagés dans leur travail, ce qui conduit à un turnover élevé et à des niveaux alarmants de burnout. En France et selon le Baromètre National de l’Engagement au Travail de Supermood, l’engagement au travail est en baisse de près de 8 points avec seulement 39% de salariés engagés. Le coût du désengagement par salarié en France en 2022 est estimé à 10 070€, et les équipes désengagées subissent un taux de turnover de 18% à 43% plus élevé que les équipes engagées .
Les conséquences de ce désengagement sont lourdes. Non seulement la performance globale de l’entreprise en souffre, mais la satisfaction client diminue également. Les salariés désengagés sont plus enclins à quitter l’entreprise, ce qui entraîne des coûts supplémentaires liés au recrutement et à la formation des nouveaux employés. De plus, le stress et le burnout affectent la santé mentale des employés, contribuant à une augmentation des coûts liés aux troubles mentaux, qui atteignent 106 milliards d’euros en France .
La bienveillance en entreprise : un terme ni galvaudé ni honteux
Contrairement à une croyance répandue, la bienveillance n’est pas un terme galvaudé ou une faiblesse dans le monde professionnel. Au contraire, elle représente une force transformatrice. La bienveillance consiste à instaurer un climat de respect mutuel et de soutien, où chaque employé se sent valorisé et écouté. Des études, telles que celles réalisées par la Harvard Business Review, montrent que les entreprises adoptant une culture de bienveillance observent une augmentation significative de la productivité et de la satisfaction des employés.
La bienveillance au travail inclut des pratiques telles que la reconnaissance des efforts, la communication non violente, la mise en place d’une stratégie de feedback et la création d’un environnement de travail positif et inclusif. En valorisant ces aspects, les entreprises peuvent non seulement améliorer le bien-être de leurs employés, mais aussi renforcer leur engagement et leur fidélité.
Impact de la bienveillance et de la reconnaissance sur la performance
La reconnaissance et la bienveillance ont un impact direct sur la performance individuelle et collective. Reconnaître les efforts et les succès des employés améliore leur motivation et leur engagement. Par exemple, une étude de Deloitte révèle que les entreprises qui excellent dans la reconnaissance des employés sont 14% plus productives et ont un turnover réduit de 31%. En outre, la bienveillance favorise une meilleure collaboration au sein des équipes, réduisant les conflits et augmentant l’efficacité. Les salariés engagés apportent une forte valeur ajoutée à la performance de l’entreprise : la satisfaction client augmente de 10 %, la profitabilité de 22 % et la production de 21 % .
Pour instaurer cette culture, les entreprises peuvent adopter plusieurs initiatives simples mais efficaces :
Former les équipes au feedback : La communication constructive renforce la confiance et la cohésion au sein de l’entreprise.
Écouter les collaborateurs : La mise en place d’un baromètre régulier permet de mesurer en temps réel le niveau d’engagement des collaborateurs et d’ajuster les stratégies de gestion en conséquence.
Célébrer les compétences : Organiser une “Talent Fair” offre aux collaborateurs l’occasion de mettre en valeur leurs talents et leurs passions devant leurs collègues.
Construire des relations positives : La communication non violente est essentielle pour favoriser des relations saines et constructives au sein de l’équipe.
Partager les bonnes pratiques : La mise en place de moments d’échanges entre managers favorise la diffusion des bonnes pratiques et des expériences réussies.
Dire merci ou bravo : Permettre à tout collaborateur d’envoyer un message de gratitude, de compliment ou de remerciement à un autre collègue. Ces échanges ludiques, en plus d’enclencher des discussions et d’augmenter la motivation et la confiance intra et inter-équipes, peuvent aussi être utiles à l’équipe managériale.
Le rôle moteur des RH et du Codir
Les départements des ressources humaines et les comités de direction jouent un rôle crucial dans l’instauration de la bienveillance au travail. Ils doivent mettre en place des programmes de reconnaissance structurés, offrir des formations en intelligence émotionnelle et encourager une communication transparente. Le leadership par l’exemple est également essentiel : les dirigeants doivent incarner ces valeurs pour créer une culture d’entreprise bienveillante.
Mais avant de mettre quelqu’action en place, il est d’abord nécessaire d’évaluer le climat de l’entreprise et de comprendre les employés pour mettre en œuvre des actions nécessaires à la création d’un climat propice à l’engagement et à la bienveillance.
Des pratiques telles que les “Gemba Walks” (qui peuvent aussi se faire de façon digitale), où les managers se déplacent pour observer directement les processus de travail, permettent de mieux comprendre les défis quotidiens des collaborateurs et de proposer des solutions adaptées. Traduire les valeurs de l’entreprise sur le terrain et construire des relations positives à travers la communication non violente sont également des actions essentielles pour renforcer l’engagement des salariés.
Il est essentiel que les entreprises intègrent la bienveillance et la reconnaissance au cœur de leurs pratiques. Ce que nous attendons humainement dans nos relations sociales privées, nous sommes en droit de l’attendre au sein de notre entreprise. En prenant exemple sur des cultures de travail plus déshumanisées, comme celles observées dans certains contextes en Chine, nous voyons les dangers d’une approche négligeant l’humanité. Adopter la bienveillance et la reconnaissance est non seulement bénéfique pour les employés, mais aussi pour la performance globale de l’entreprise.
En investissant dans le bien-être, le développement et l’épanouissement de leurs équipes, les entreprises tracent la voie vers un succès durable et partagé. Ces pratiques ne sont pas seulement des mesures à mettre en place, mais les fondations d’une révolution inspirante dans la manière dont nous concevons la collaboration. Ensemble, faisons en sorte que chaque salarié se sente valorisé, respecté et motivé, contribuant ainsi à une entreprise plus humaine et performante.
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