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Start-up : Secte 3.0 Ou Nouvel Eldorado Des Temps Modernes ?

Entre les inconditionnels de la « coolitude » des start-up qui frôlent parfois l’idolâtrie aveugle et les éternels sceptiques qui les clouent au pilori du droit du travail en les qualifiant de « secte 3.0 », la vérité est nécessairement ailleurs.

Loi de la jungle, précarité, enfer, totalitarisme pour les uns ; creuset d’innovation et de créativité, management de nouvelle génération et laboratoire de progrès social pour les autres… Les start-up ne laissent personne indifférent. Mais si leur mode de management remet profondément en cause l’héritage taylorien et les modèles d’entreprise traditionnels quelque peu sclérosés, les startup ne présentent pas plus de garanties de pérennité et d’irréprochabilité du management que les autres entreprises.

 

Qu’est-ce qu’une start-up ?

Wikipedia définit la startup comme une « entreprise innovante à fort potentiel de croissance », l’étymologie du terme renvoyant à une « entreprise qui décolle ». Si l’expression existait déjà au début du 20e siècle, elle s’est popularisée à la fin des années 1990 avec l’avènement du web. Au-delà de son dynamisme économique et de sa jeunesse, la startup est souvent caractérisée par une nouvelle culture d’entreprise, où décloisonnement, collaboration, créativité et « intrapreunariat » (ou « mode projet ») sont les principaux mots-clés, avec une forte appétence technologique. Pour ces raisons, elle est devenue le modèle le plus prisé des plus jeunes générations, répondant à leur quête de sens, leur aspiration à plus d’autonomie et de liberté (par exemple au niveau du code vestimentaire), leur désir de flexibilité et leur manière de se projeter professionnellement.

 

Mais le management « ouvert » n’est pas l’apanage des startup. Il existe aussi dans des entreprises dites traditionnelles. La culture d’entreprise est avant tout portée par des femmes et des hommes – des patrons et managers – avec leur personnalité propre et des objectifs différents. Non, les startup ne sont pas la recette magique à tous les maux de l’entreprise et sur ce point rien n’a changé depuis la nuit des temps. Quel que soit le nom accolé à celui de l’entreprise ou à ces nouvelles méthodes de management érigées en révolutions libératrices, le bon sens, la sincérité, la bienveillance (sans complaisance), la qualité des relations et de la communication développées avec ses collègues et toutes les parties prenantes sont les vrais gages d’un développement sincère.

On touche ici à la dualité universelle de la nature humaine. Si l’on a affaire à des patrons, managers ou salariés malveillants, injustes, manipulateurs ou de mauvaise foi, l’état d’esprit de l’entreprise a 99,9% de chance d’être difficile à vivre au quotidien, quel que soit son business model. Un peu comme dans toute relation, amoureuse ou amicale, dans l’entreprise, il faut savoir trouver le groupe, les individus, l’état d’esprit, la culture, les valeurs qui nous correspondent le mieux. Mais en acceptant le risque de se tromper, et donc d’arrêter et de passer rapidement à autre chose.

 

Des humains et des objectifs

Le modèle de start-up est loin d’être une fin en soi. S’il correspond à certaines attentes légitimes en matière économique et sociale, il peut dériver facilement vers un modèle marketing, où le faire-valoir prend le pas sur le reste. La valorisation de l’entreprise devient la priorité et bien souvent, avec l’arrivée de nouveaux actionnaires (passage obligé pour garantir son développement), l’objet de départ évolue vers la nécessité constante de « générer du cash » – dérive maintes fois observée lors de l’éclatement de la bulle Internet en 1999.

 

Mais l’objet d’une entreprise ne peut se résumer par une course éperdue vers la croissance. C’est encore plus dangereux à l’échelle d’une économie. Toute entreprise doit trouver un équilibre entre les performances et le bien-être social. Et force est de constater qu’avec le temps, les (ex-?) startup ne brillent pas toujours dans ce domaine. Les exemples d’Amazon, Uber ou Deliveroo sont là pour le prouver, la performance passe souvent avant la qualité de vie au travail.

Peut-être en avons-nous un peu trop fait dans la communication ? L’évolution des modes de travail – bien naturelle et permanente depuis la révolution industrielle – a été « marketée » comme une « révolution ». Mais la culture d’entreprise est un état d’esprit, pas un modèle d’entreprise.

Les start-up forment aujourd’hui un laboratoire à ciel ouvert, la vitrine d’un autre possible pour tous, qui nous laisse entrevoir un modèle gagnant-gagnant conciliant les intérêts de l’entreprise (la performance au sens large) avec ceux des salariés (leur bien-être et épanouissement dans le cadre de leur job). A condition que l’objet de départ résiste à la pression du « monde réel ».

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