Le télétravail a apporté une nouvelle flexibilité, et pour beaucoup, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cependant, il a également mis en lumière des défis persistants dans le monde du travail, notamment le phénomène du présentéisme.
Un article de Julian Hayes II pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
Le présentéisme est depuis longtemps un sujet de préoccupation pour les dirigeants et les organisations, souvent éclipsé par l’absentéisme. Pourtant, son impact est considérable. Selon un rapport du Global Corporate Challenge (GCC), alors que quatre jours d’absentéisme sont perdus chaque année par employé, le présentéisme représente quant à lui 57,5 jours.
Une étude publiée au début des années 2000 dans le Journal of Occupational and Environmental Medicine a estimé que le présentéisme coûtait aux États-Unis plus de 150 milliards de dollars (138 milliards d’euros) par an. À l’ère du numérique, où le télétravail est devenu la norme pour de nombreuses entreprises, le coût du présentéisme est probablement encore plus élevé.
Le Covid-19 est à l’origine de la montée du présentéisme numérique
La pandémie de Covid-19 a radicalement changé notre façon de travailler. Le travail à distance s’est imposé du jour au lendemain et a donné naissance à un nouveau phénomène : le présentéisme numérique. Cela suppose que les employés doivent être constamment en ligne pour prouver leur productivité et leur engagement, que ce soit en répondant à des e-mails et des notifications ou en participant à de nombreuses réunions virtuelles.
Malgré l’impératif du télétravail pendant cette période, le bien-être des employés en a pâti. Une enquête commandée par LinkedIn en collaboration avec la Mental Health Foundation a mis en lumière les multiples impacts sur les travailleurs à distance :
- 56 % ont déclaré se sentir plus anxieux ou stressés
- 24 % ont eu des problèmes de santé mentale
- 31 % ont déclaré avoir eu des difficultés à dormir pendant cette période
Même si les mesures de distanciation sociale ne sont plus d’actualité, les répercussions du télétravail persistent, car de nombreux employés ne souhaitent pas retourner au bureau.
L’impact du présentéisme numérique
Comme son homologue traditionnel, le présentéisme numérique est un frein à la productivité et à la culture. Les signes de présentéisme numérique dans l’entreprise sont les suivants :
- Répondre aux sollicitations professionnelles en dehors des heures de travail
- Travailler même en étant malade
- Faire des heures supplémentaires non rémunérées
- Baisse des performances et augmentation de l’épuisement
- Détachement et désengagement
Selon une étude de Gallup, les employés désengagés sont 2,6 fois plus susceptibles de chercher un nouvel emploi que les employés engagés. La transition des pratiques de bureau standard vers le monde numérique présente une multitude de défis.
Par exemple, s’il est courant de recevoir des encouragements et de comprendre son rôle au sein de l’organisation en présentiel, cette reconnaissance fait souvent défaut dans le monde virtuel. Une enquête menée auprès de 2 000 personnes par Catalog et GitLab a révélé que 54 % des individus se sentent obligés d’être connectés à des moments précis de la journée plutôt que d’être encouragés à se concentrer sur leur travail, contribuant ainsi à l’essor du présentéisme numérique. Dans cette même étude, 68 % des cadres supérieurs ressentent de manière plus intense les pressions liées au présentéisme.
Le présentéisme numérique n’en est encore qu’à ses débuts, mais il peut avoir des répercussions considérables sur la culture organisationnelle, la productivité et les résultats. Voici deux solutions que les dirigeants peuvent commencer à mettre en œuvre pour lutter contre le présentéisme numérique :
Planifiez des vérifications régulières pour maintenir la confiance
Une communication régulière qui ne ressemble pas à de la surveillance de la part de la direction peut apaiser les craintes des employés concernant les répercussions éventuelles s’ils prennent des congés et atténuer l’épuisement professionnel. Un rapport Gallup de 2018 souligne l’importance de la communication après avoir conclu que le manque de communication et de soutien de la part des dirigeants était l’une des principales causes de l’épuisement professionnel.
Promouvoir une culture du bien-être à tous les niveaux
La culture organisationnelle commence au sommet, et c’est le PDG qui donne le ton. L’efficacité des politiques, des directives et des principes liés à la culture dépend de votre volonté à les mettre en œuvre. En tant que représentant principal de l’entreprise, le fait de donner la priorité au bien-être personnel et de fixer des limites envoie un message clair aux employés. En outre, l’intégration de diverses initiatives de bien-être dans votre entreprise, telles que l’accès à diverses ressources de santé numérique, peut favoriser le bien-être des employés.
Bien que le télétravail offre de nombreux avantages aux employés et aux employeurs, le présentéisme menace la culture et les résultats des entreprises modernes, en particulier le présentéisme numérique. En restant proactifs et en adoptant une culture axée sur le bien-être, les dirigeants peuvent faire un grand pas en avant dans la lutte contre les effets résiduels du présentéisme numérique et, en fin de compte, créer une main-d’œuvre plus heureuse, en meilleure santé et plus productive.
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