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Les leçons de Jason Silver pour changer de perspective et valoriser pleinement votre situation actuelle

SilverChanger de perspective et valoriser pleinement votre situation actuelle. Getty Images

Une contribution de Rodger Dean Duncan pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

Selon un vieil adage : « L’herbe est toujours plus verte ailleurs ». Mon grand-père, qui n’avait pas reçu une éducation formelle mais possédait une grande sagesse, répliquait souvent : « Il suffit d’arroser et de fertiliser sa propre pelouse. Après tout, vous êtes responsable de sa croissance ! Et la pelouse des voisins n’est peut-être rien d’autre que du gazon artificiel. »

Pourquoi cet adage perdure-t-il ? Les psychologues l’attribuent à des attentes irréalistes, à un manque de gratitude et à une tendance à se concentrer sur les défauts perçus. La FOMO (Fear of Missing Out), ou la peur de manquer quelque chose, y contribue également. Certaines personnes privilégient ce qu’elles ne connaissent pas à leur situation actuelle. Il y a aussi la comparaison sociale, une tendance à croire que les autres sont mieux lotis, ce qui rend leur « pelouse » plus verte en apparence.

Jason Silver s’attaque à ces idées reçues dans son nouveau livre Your Grass is Greener: Use What You Have, Get What You Want, at Work and in Life.

Vous vous demandez peut-être qui est Jason Silver ? Il a joué un rôle clé chez Airbnb à ses débuts et a ensuite participé à la création d’une entreprise d’intelligence artificielle, bien avant que l’IA ne devienne omniprésente. Aujourd’hui, il conseille un portefeuille de start-ups valorisé à plusieurs milliards de dollars, en leur montrant comment construire des entreprises solides et pérennes où les employés prennent réellement plaisir à travailler.

Le livre de Silver, écrit dans un style très accessible, regorge de conseils concrets pour rendre la vie, tant personnelle que professionnelle, plus productive et enrichissante. Par exemple, vous apprendrez comment :

  • Accomplir cinq jours de travail en quatre (sans avoir besoin de travailler tard le soir)
  • Apprécier votre travail quotidien (sans passer votre temps sur LinkedIn à chercher un nouvel emploi)
  • Progresser plus rapidement (sans attendre désespérément une promotion)

Silver nous a fait part de ses réflexions sur une série de questions auxquelles sont confrontés les travailleurs d’aujourd’hui.
Commençons par les problèmes de communication. Il semble qu’ils soient à la racine de nombreux problèmes relationnels.

 

Quels principes et pratiques peuvent être mis en place pour clarifier les problèmes de communication ou même les prévenir ?

« On pense souvent que le but de la communication est de se faire comprendre », explique Silver. « En réalité, il s’agit plutôt d’interprétation. Vous pouvez comprendre mes mots parfaitement, mais mal interpréter ce que je veux dire. La clé pour savoir si votre communication a été efficace n’est pas de vérifier si on vous a compris, mais de savoir comment on vous a compris. Vous pouvez demander à la personne de vous expliquer ce qu’elle a retenu de la conversation. Écouter son interprétation vous permettra de vérifier si votre message a bien été compris. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez clarifier votre propos. »

 

Quelle est la meilleure approche pour concilier des avis divergents dans une équipe en vue d’une décision commune ?

Silver affirme que la première étape consiste à exposer clairement les désaccords. « Souvent, lorsque nous voyons les gens hocher la tête pour acquiescer, nous supposons que tout le monde a compris, mais c’est justement à ce moment-là qu’il faut se méfier, car des aspects cruciaux pourraient avoir été négligés », explique-t-il. « Il est important de demander qui n’est pas d’accord ou qui a une opinion différente. Les décisions deviennent plus solides lorsqu’elles intègrent des points de vue divergents, et vous obtiendrez plus d’engagement lorsque chacun aura eu l’occasion d’exprimer ses préoccupations. Plutôt que de viser un consensus absolu, qui n’est pas toujours nécessaire, l’objectif devrait être d’obtenir un alignement sur une décision que tout le monde peut soutenir. Demandez à votre équipe : « Quelles conditions devraient être remplies pour que vous puissiez soutenir cette décision, même si vous n’êtes pas complètement d’accord ? » »

 

Dans le monde professionnel actuel, pourquoi tant de personnes considèrent-elles l’hyperactivité comme un signe de réussite, alors qu’en réalité, cela nuit à leur efficacité ?

« Nous avons tendance à nous comparer sans cesse aux autres », explique Silver. « Est-ce que je progresse suffisamment ? Est-ce que je contribue plus que Marie ? Ai-je plus de succès que Marc ? Ces questions sont complexes, c’est pourquoi notre cerveau opte souvent pour des raccourcis. Inconsciemment, nous utilisons des critères simplistes comme le nombre d’heures travaillées ou le montant de notre salaire pour mesurer notre impact et notre succès. Cela fausse généralement nos motivations, nous éloignant de ce qui est réellement efficace et agréable au travail. L’hyperactivité conduit à l’épuisement, ce n’est pas un signe de réussite. »

 

Silver cite l’écrivain français Antoine de Saint-Exupéry : « La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer. » Comment cette idée peut-elle s’appliquer à la gestion de notre temps, de notre énergie et de notre attention ? En d’autres termes, comment peut-on apprendre à dire non plus souvent pour se concentrer sur les choses essentielles ?

Silver offre une perspective différente. « Pour être plus productif, concentrez-vous sur l’accomplissement de progrès significatifs sur un nombre réduit de priorités », conseille-t-il. « Identifiez les trois initiatives les plus importantes que vous souhaitez vraiment faire avancer chaque semaine. »

Même les personnes les plus compétentes peuvent parfois éprouver le syndrome de l’imposteur. Silver propose des conseils pour y faire face, que vous soyez personnellement touché par ce syndrome ou que vous le remarquiez chez quelqu’un d’autre.

« Les conseils classiques préconisent souvent d’avoir confiance en soi, comme s’il était facile de se débarrasser des doutes », explique-t-il. « Il est non seulement difficile de se débarrasser du syndrome de l’imposteur, mais des recherches montrent qu’il ne faut même pas essayer. En fait, ce syndrome peut améliorer votre performance en vous poussant à vous concentrer davantage sur les besoins des autres. S’intéresser sincèrement à ce qui compte pour vos collègues renforce la confiance et le sentiment d’appartenance. Le syndrome de l’imposteur ne nuit pas à votre performance, il la booste. Au lieu de le combattre, considérez-le comme un atout pour améliorer vos résultats. »

 

La plupart des gens aimeraient trouver de la joie dans leur travail. Comment peuvent-ils identifier ce qui, dans leur emploi, contribue à leur plaisir ou non ?

« La réponse est en réalité très simple », avance Silver. « Pour apprécier davantage votre travail, faites plus de ce que vous aimez. Simple à dire, mais pas toujours facile à faire. Si vous voulez trouver plus de satisfaction dans votre travail, commencez par établir un point de départ. Prenez une feuille de papier et, sur la gauche, faites une liste des activités que vous aimez, comme donner des présentations ou résoudre des problèmes. Puis, ouvrez votre agenda et, sur la droite de la feuille, notez tout ce que vous avez fait la semaine dernière. Reliez les activités que vous aimez, listées à gauche, aux tâches accomplies la semaine dernière, à droite. Combien de liens avez-vous établis ? »

Silver explique que beaucoup de gens n’aiment pas leur travail autant qu’ils le pourraient, car ils ne le font pas de la manière qui leur convient le mieux. Il développe cette idée : « Ce qui fonctionne pour moi ne fonctionnera pas forcément pour vous. Par exemple, j’aime faire des présentations, tandis que vous préférez peut-être rédiger des rapports. Si j’écrivais à votre place ou si vous présentiez à ma place, cela ne serait pas idéal, même si les deux tâches permettent de mettre à jour l’équipe sur le projet. Chacun doit trouver sa propre méthode de travail, celle qui lui convient le mieux. En trouvant votre propre façon de travailler, vous serez plus efficace et prendrez plus de plaisir dans votre travail. »

Certaines personnes estiment que les émotions ou les intuitions ne devraient pas influencer les décisions. Silver admet que, bien que les émotions ne soient pas le facteur principal, elles sont tout de même essentielles.

« Prendre en compte vos émotions non seulement améliorera vos décisions, mais sans émotions, votre cerveau ne peut tout simplement pas décider », explique-t-il. « Depuis les années 1800, les neuroscientifiques étudient le rôle des émotions dans la prise de décision et ont découvert que notre esprit rationnel a besoin des émotions pour passer de la réflexion à l’action. Essayer de supprimer vos émotions revient à aller à l’encontre de la façon dont votre cerveau fonctionne, ce qui n’est bon ni pour les affaires ni pour d’autres domaines. À la place, intégrez vos intuitions dans vos décisions, en les traitant comme vous le feriez pour des facteurs plus « rationnels » tels que le prix, la qualité ou le risque. »

 

Comment les leaders peuvent-ils efficacement solliciter et obtenir des feedbacks sur la performance ?

« De nombreux dirigeants me disent qu’ils demandent régulièrement des retours, mais n’en reçoivent que rarement », explique Silver. « Ce n’est pas que les gens ne veulent pas donner de feedback, c’est qu’ils ne sont pas préparés au moment où vous le demandez. En général, nous sollicitons des retours après avoir terminé une tâche. La réponse typique est : « Laissez-moi réfléchir et je vous dirai ». Puis, tout le monde se retrouve pris par d’autres tâches et aucun suivi n’est fait. À la place, préparez les gens à l’avance. Par exemple, informez votre équipe avant de commencer votre présentation que vous leur demanderez des retours à la fin. Ainsi, ils prêteront attention tout au long de votre intervention et seront plus enclins à vous fournir des commentaires pertinents une fois que vous aurez terminé. »

 

Comment les dirigeants peuvent-ils créer un climat de confiance pour donner un feedback à leurs collaborateurs ?

« Recevoir des retours, surtout lorsqu’ils sont négatifs, peut être perturbant », explique Silver. « Est-ce que mon manager me dit que je ne fais pas bien mon travail, ou cherche-t-il simplement à m’aider à progresser ? »

Il souligne que pour donner des retours de manière efficace, les leaders doivent lever toute ambiguïté. « Faites connaître votre intention dès le départ. Démarrez la conversation en expliquant comment vous voulez que votre feedback soit compris. De cette manière, les personnes se concentreront sur ce que vous dites au lieu de deviner vos intentions. En clarifiant vos objectifs, votre feedback sera mieux reçu et aura plus de chances d’être efficace. »

 

Quel serait le message clé de Jason Silver s’il ne pouvait en donner qu’un ?

« Vous êtes compétent ! Vous avez plus de contrôle sur votre travail actuel que vous ne le pensez », dit-il. « Vous pouvez accomplir bien plus avec les compétences que vous avez déjà, beaucoup plus que vous ne l’imaginez. Vous pouvez obtenir de meilleurs résultats et être plus satisfait au travail sans avoir besoin de grands changements ni de formations intensives. Ce qu’il vous faut, ce sont simplement les bonnes stratégies pour optimiser votre travail. »


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