Penser sa rémunération en terme de taux horaire serait générateur de stress. Selon des chercheurs américains, croire en cette maxime augmenterait le taux de cortisol dans le corps, l’hormone qui favorise le stress, l’insatisfaction et la mauvaise santé générale.
« Remember that time is money », écrivait Benjamin Franklin en 1748. Le temps, c’est de l’argent. Sauf que, à trop vouloir courir après les billets, on tombe. Pour preuve, l’étude réalisée en 2001 par Cathleen Kaveny. La chercheuse, aujourd’hui au Boston College voulait comprendre pourquoi les avocats semblaient d’éternels insatisfaits, malgré la rémunération élevée et le prestige de leur métier. Une insatisfaction qui les poussent même à abandonner. Selon elle, la réponse est simple : les membres du barreaux voient leur temps « découpé en minutes facturables ». Les avocats penseraient ainsi en fonction de l’argent gagné – ou perdu – selon le temps passé ou non à travailler.
Deux chercheurs, Jeffrey Pfeffer, professeur à Standford graduate school of business, et Dana R. Carney, de Berkeley et de la Haas school of business, ont voulu poursuivre la réflexion. Un article de Quartz du mois de mai, traduit par Courrier International en juillet, résume leur étude dans un texte au titre cash : « être trop conscient de l’équation « le temps, c’est de l’argent » est un très bon moyen de se stresser et de mourir plus tôt. » C’est, en résumé, le fond de cet article scientifique. « Plus on est conscient de la valeur économique de chaque instant, plus on est stressé, et plus on présente un taux élevé de cortisol », rapporte Quartz. Or, la sécrétion de cortisol conduit à toute une liste de réactions en chaîne telles que l’augmentation de la glycémie, l’inhibition de certaines réponses du système immunitaire,
Penser le temps en dollars
Martin J. Smith, l’auteur de l’article publié à l’origine dans la revue de l’université de Stanford, raconte l’anecdote qui a conduit Jeffrey Pfeffer à se pencher sur la question : « alors qu’il n’était pas payé à l’heure, son bulletin affichait un salaire horaire. » Le chercheur a alors pris conscience de « la valeur de son temps », rapporte le journal. Et se serait mis à « penser le temps en dollars ».
Avec Dana R. Carney, ils ont recruté 104 sujets tests qu’ils ont rémunéré 57,50 dollars pour deux heures de travail. Pour « démontrer la corrélation argent et stress », ils ont séparé le groupe en deux : ceux qui calculaient leur revenu par minute, et les autres qui se contentaient de travailler, traduit Courrier International. Avant et après les deux heures de travail, ils ont effectué des relevés salivaires pour mesurer le taux de cortisol, un « indicateur physiologique de stress ». Résultat : le groupe invité à calculer son taux horaire présentait 25% de plus de cortisol, et n’avait pas apprécié les pauses accordées durant l’exercice. Or, rapporte l’article, de plus en plus de salariés sont « payés à la tâche ». « Le stress engendré par cette nouvelle organisation du travail peut avoir des répercussions sur l’état de santé générale de la population, conclut l’étude », relayée par Quartz.
Rappelons que le stress est à l’origine de maladies modernes telles que les maladies cardiovasculaires, l’obésité, les troubles du sommeil et de la digestion… Quant à la devise, Benjamin Franklin a vécu jusqu’à 84 ans. Sa formule ne lui a apparemment pas été fatale.
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