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Le Japon Limite Les Heures Supplémentaires À… 100 Heures Par Mois

Photo Getty Images

Alors que les 35 heures sont remises en question par les entreprises, un comité spécial japonais s’est réunit en septembre dernier pour statuer sur la limite du nombre d’heures mensuelles, à savoir 100 heures, dans le but de freiner les suicides liés à l’excès de travail.

Le « karoshi », l’excès de travail, est un véritable phénomène sociétal au Japon. Alors que le pays manque de main d’oeuvre, il freine la productivité (certains travaillent plus lentement pour comptabiliser plus d’heures supplémentaires payées) et dissuade les mères de retourner au bureau. Les opposants du comité avancent que ce plafond ne résoudra pas le problème puisque ce sont des pratiques d’après-guerre, la valeur d’un salarymen se mesurait alors à son endurance. Le Premier ministre Shinzo Abe s’est tout de même félicité d’ « une étape historique pour réformer la façon de travailler au Japon » alors que le « karoshi » est responsable du décès de centaines de personnes par an.

Alors que la durée légale est de 40 heures par semaine, il existe un plafond théorique de 45 heures supplémentaires par mois, qui n’est plus valable s’il existe un accord d’entreprise. Si la réforme est véritablement adoptée, les sociétés qui ignorent les dispositions légales seront passibles de sanctions. Mais elles pourront quand même demander à leurs employer de travailler jusqu’à 100 heures supplémentaires par mois en cas d’activité intense. Si la situation devait se prolonger plus de deux à six mois, les heures descendraient alors à 80 en moyenne… Résultat de négociations difficiles entre l’exécutif, la fédération patronale Keidanren et la Confédération japonaise des syndicats de travailleurs (Rengo).

Trop c’est trop

« Nous ne pouvons pas accepter cela. C’est scandaleux », lance ainsi Emiko Teranishi, porte-parole d’un groupe de proches de victimes de « karoshi ». Gérant d’un restaurant de soba à Kyoto, son mari s’est suicidé en 1996, épuisé par d’interminables horaires, sans aucun week-end de repos, et sous pression de sa direction pour doper les ventes. « Il était déprimé. Il me disait qu’il ne pouvait ni dormir ni manger. Tous les matins, je lui demandais de prendre un jour de repos, mais il allait quand même au travail », évoque-t-elle, qualifiant ces 100 heures à un pas en arrière, alors que le Premier ministre japonais avait promis de prendre les choses en main.
Une association d’avocats en droit du travail juge ce plafond « tout à fait inapproprié » et « impossible à soutenir »., évoquant l’approbation tacite du gouvernement d’une limite « qui peut mettre en danger la santé des salariés », estime son président, Ichiro Natsume. Dans la presse japonaise, Hifumi Okunuki, présidente du syndicat Tozen s’est posé la question de savoir « combien d’autres travailleurs devront mourir avant que notre pays se réveille ? »

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