Le bien-être au travail passe aussi par le nez

Une contribution de Pierre Loustric, Président de SCENTYS

Et si une solution pour rendre le retour au travail plus agréable et productif se trouvait… dans le nez ? L’odorat, subtil et puissant, joue un rôle essentiel dans notre interaction quotidienne avec le monde qui nous entoure. Bien que souvent sous-estimé, ce sens offre des perspectives inexplorées non seulement dans le domaine de la médecine, mais également dans le monde du travail. Loin d’être simplement un outil du marketing, l’olfactif représente une opportunité précieuse pour les entreprises de s’engager de manière innovante et significative face aux enjeux sociétaux actuels.

L’odorat joue plus qu’on ne le pense sur notre quotidien et sur notre bien-être au travail

À travers un processus fascinant, notre système olfactif transforme les odeurs en signaux envoyés au cerveau, engendrant des réactions émotionnelles qui déterminent nos comportements. Imaginez un immense réseau de sentiers qui se croisent et s’entrecoupent dans une forêt dense, où chaque chemin est une odeur spécifique guidant nos émotions et nos actions. C’est un système organisé et précis, malgré sa complexité apparente, essentiel à notre interaction avec le monde.

Chacun connaît le phénomène fascinant de mémoire olfactive, qui fait appel à une partie spécifique de notre cerveau étroitement liée à nos émotions, notre anxiété et nos souvenirs. Mais l’on sait moins à quel point les odeurs peuvent influer sur notre humeur et nos comportements, compte-tenu de leur capacité à générer une réponse physiologique directe du corps humain. Les odeurs ont aussi un impact sur les interactions sociales.

Dans un cadre professionnel, reconnaître et optimiser cet impact peut transformer un lieu de travail en un environnement plus harmonieux et productif, où les employés se sentent à l’aise et motivés. Des études ont montré que l’introduction de fragrances agréables dans les espaces de travail peut réduire le stress des employés, augmenter leur sentiment de satisfaction et même améliorer leur productivité. Par exemple, la diffusion de senteurs de citron dans des bureaux a été associée à une réduction de 54% des erreurs typographiques, tandis que l’odeur de lavande peut diminuer l’agressivité et favoriser la relaxation[1].

Repenser l’impact de l’odorat dans notre rapport au travail

Le Covid a également eu un impact encore difficile à évaluer. En 2021, une étude de l’INSERM démontrait l’impact de l’anosmie liée au Covid-19 sur la qualité de vie, avec en particulier une réduction des relations sociales pour les patients touchés. Le port du masque semble également avoir eu un impact sur notre perception des odeurs et notre relation au monde. 38% des Français se disent par exemple plus sensibles aux odeurs que précédemment. En 2022, une étude BVA[2] révélait ainsi que les Français étaient 94% à prêter attention aux mauvaises odeurs dans leur quotidien.

Est-ce un facteur à lier à la difficulté des Français à revenir au travail ? Certaines entreprises se saisissent en tout cas désormais de la question et font de la création d’une ambiance sensorielle une nouvelle dimension de la marque employeur, au regard de sa capacité à générer qualité de vie et bien-être pour leurs collaborateurs.

Dans un monde où réel et virtuel s’entremêlent et où le phénomène de souffrance psychique explose, l’exploration du sensoriel et de l’odorat apparait en tout cas comme un axe essentiel pour répondre aux défis sociétaux d’aujourd’hui et de demain.

[1] Etude Frontiers Psychology en janvier 2015

[2] Etude BVA pour SCENTYS en juin 2022