Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) ont envahi nos sociétés. Elles n’ont pas que des effets positifs, cas de la messagerie électronique et des réseaux sociaux. Mal utilisés, ces NTIC peuvent nuire profondément à la santé de chacun. Heureusement, l’Ayurvéda permet de maîtriser ces effets indésirables grâce à de bonnes pratiques.
Les nouvelles technologies qui ont envahi notre quotidien sont une formidable source de productivité, nul ne peut nier cette évidence. Pourtant, contrairement à bien des idées reçues et aux discours marketing, les NTIC ne sont pas neutres. Mal utilisées, elles peuvent nuire profondément à l’individu, menacer sa santé, sa productivité, et même sa vie. Les cas de « burn out » qui se multiplient en sont une parfaite illustration. Mais, n’attendons pas d’en arriver là ! Premier outil visé, la messagerie électronique, une technologie censée fonctionner en mode asynchrone.
En clair : le correspondant répond au message envoyé lorsqu’il ouvre son application de messagerie. Cela peut prendre quelques minutes… voire plusieurs jours ou semaines. Ce laps de temps mobilise certaines zones qui ne se désactiveront que lorsque la réponse tant attendue arrivera[1]. Le cerveau fonctionne ainsi. Imaginez l’effet d’une telle mobilisation sur la personne qui attend des dizaines de réponses.
A cela s’ajoute les effets pervers de la messagerie électronique qui autorise à loisir la multiplication des copies. Un top manager peut recevoir des centaines de copies de comptes rendus de réunions qu’il est censé lire, ce dont il n’a objectivement pas le temps. Ces effets étant cumulatifs, la messagerie, bien que source de productivité, finira par accroitre la surcharge mentale du manager. Elle favorise aussi les interruptions inopinées. « Tiens, voilà enfin la réponse de mon directeur commercial que j’attends depuis deux jours » ! Ces interruptions intempestives nourrissent le stress et dégradent visiblement la concentration. Autre effet pervers : la productivité de l’ordinateur personnel favorisant le travail en mode « multitâches », le manager avide de briller voudra assumer plus de responsabilités, ce qui l’amènera à suivre de plus en plus de dossiers. Résultat ? La surcharge mentale s’accroîtra d’autant.
Exigences de productivité, responsabilités accrues : les raisons sont légion
En pratique, l’esprit du manager reste ainsi préoccupé par des milliers de sollicitations en attente de résolution. Bien sûr, il pourra toujours demander à ne pas recevoir de copies et faire le point oralement avec un collaborateur de temps à autre sur les avancées de telle ou telle réunion de travail. Quoiqu’il en soit, avec le succès et la prise de responsabilités, arrive toujours le moment où son mental finira par s’emballer, ce que l’ayurvéda qualifie de déséquilibre de Vata. Le contexte économique dans lequel évoluent la majorité des entreprises ne fait qu’aggraver une situation qui n’en a nul besoin.
Les exigences de productivité dans un contexte de concurrence internationale acharnée, voire débridée, finissent par empoisonner le mental du manager et alimenter une fatigue qui conduit fatalement à l’épuisement nerveux. Ce mal, qui ne vise pas seulement les cadres, se répand aujourd’hui comme une véritable épidémie. Il a donné lieu à de nombreux ouvrages instructifs sur le sujet. « Burn out, quand le travail rend malade » du Dr François Baumann, aux Editions Josette Lyon, fait figure de référence en la matière : «… la personne ainsi ‘consumée’ ne voit pas clairement les conséquences de son état : elle n’est pas encore consciente d’être entrée dans une pathologie. Elle va poursuivre son travail à un rythme effréné et même accéléré par rapport à ses habitudes… mais avec une absence d’efficacité, une redondance dans l’effort qui entretiendra cette démotivation générale en rapport avec la faiblesse des résultats obtenus.»
Dosha Vata
Confrontées à cette course à la productivité, comment les entreprises françaises réagissent-elles le plus souvent ? En mettant la pression sur leurs cadres, elles les poussent à l’épuisement et lorsqu’ils deviennent visiblement moins productifs, elles n’hésitent pas à les mettre sur une voie de garage ou s’en séparer pour les remplacer par de plus jeunes, plus dynamiques, moins chers payés et moins usés sur le plan nerveux ! La France détient, rappelons-le, le triste record du plus faible taux d’emploi des plus de 50 ans en Europe !
Ayant compris depuis des milliers d’années que la suractivité mentale aggravait le déséquilibre du dosha Vata, l’Ayurvéda recommande un ensemble de bonnes pratiques afin d’échapper à ces effets pervers. La séquence est bien connue : lorsque la fatigue, la nervosité et l’anxiété s’installent, la concentration et l’efficacité diminuent, et, dans la foulée, la productivité chute. Elle met un certain temps à s’installer et à produire des contre-performances, c’est pourquoi il convient d’être vigilant et de traquer le moindre signe qui finira – et ce n’est qu’une question de temps- par mener au « burn out ». Exemple : les emails envoyés en fin d’après-midi sont un bon indicateur car s’ils sont bourrés de fautes d’orthographes et de propos négatifs, ils trahissent une baisse de la vigilance, signe d’un état de fatigue. Le ton négatif, signe d’impatience et d’agressivité, révèle pour sa part un déséquilibre du dosha Pitta. L’état physique et mental du manager révèle alors un fort niveau de stress. Le souffle devient plus court. Le moment est venu de prendre plus de repos et de loisirs.
Le déséquilibre Vata influence également la perception du temps puisque ce dosha est le principe qui gouverne le mouvement dans la physiologie, y compris au niveau mental. Lorsque Vata est équilibré, le temps perçu s’écoule normalement, la personne ressent un certain calme. Lorsque le Vata devient déséquilibré, le mouvement du mental s’accélère. La perception du temps suit cette accélération. Le manque de temps devient le principal leït motiv, à prendre très au sérieux car le contexte professionnel mondial n’évolue pas en faveur de l’équilibre du dosha Vata. L’entreprise poursuivra sans relâche sa quête effrénée de productivité en profitant de ces outils qui empiètent sur la vie privée des salariés, souvent avec leur consentement. Répondre à un email qui arrive à minuit ou surveiller sa messagerie toute la soirée sont devenus des comportements courants. Ils sont implicitement valorisés par l’entreprise qui n’y trouve que des avantages, même si la loi l’oblige à encadrer certains débordements. A terme, le déséquilibre Vata est donc appelé à s’aggraver dans des proportions plus inquiétantes à mesure que ces écrans occuperont une place plus prépondérante dans notre quotidien.
Réseaux sociaux et incidences physiologiques
Avec les réseaux sociaux, la situation ne fait qu’empirer. Car, contrairement aux apparences, le réseau social ne déroule pas qu’un flux d’informations. Ce dernier cache un flux encore plus dangereux d’émotions ainsi que le rappelle Christophe Ginisti, consultant reconnu en matière de marketing social. La tonalité émotionnelle non filtrée des messages qui circulent sur Twitter ou Facebook activent l’amygdale, partie du cerveau où se trouve logée la zone limbique qui gouverne les émotions. Une heure passée sur ces réseaux sociaux peut mettre à mal la stabilité émotionnelle de la personne et ouvrir la voie à des propos irresponsables empreints de violence[2].
Pour maîtriser les pièges des NTIC, les entreprises doivent encadrer le flux des messages entre certaines heures et instaurer une politique restrictive en matière de copies. L’objectif général est de diminuer le flux des messages qui circulent dans l’entreprise et dont 80% sont d’origine interne. Les entreprises peuvent également adopter la pratique d’une journée sans emails. L’Université de Harvard a montré qu’une telle pratique n’avait pas d’impact négatif sur la marche des affaires[3]. En France, des entreprises comme Dell ou Pixmania l’ont adoptée avec succès.
Sur le plan individuel, le personnel de l’entreprise doit être encouragé à surveiller l’équilibre des doshas Vata et de Pitta, en respectant des consignes de bon sens (faire régulièrement des pauses, gérer les priorités ou concentrer les tâches de même nature) et les précieux conseils de l’Ayurvéda pour corriger le moindre déséquilibre de Vata qui guette toute la société dans cette folie productiviste.
Petit rappel succinct de quelques recommandations qui ont fait leurs preuves : yoga et méditation matin et soir, manger chaud à heures régulières une nourriture fraîche et onctueuse avec peu de goûts amers, piquants ou astringents, couper les outils de communication après 18H, passer une soirée calme avec lecture ou musique douce, coucher tôt. Ceux qui ont plus de temps peuvent pratiquer en outre l’automassage à l’huile de sésame chaque matin avant la douche et l’exercice physique. C’est ainsi que la productivité individuelle sera préservée dans le temps. Les études montrent que la pratique de la méditation transcendantale est celle qui repose le plus l’organisme et le mental. L’idéal serait d’enseigner ces bonnes pratiques à l’école et surtout à l’université. Le fonctionnement particulier du mental qui a tendance à s’emballer sous certaines conditions devrait y être expliqué et enseigné. Il y va de la santé des employés et de la santé de toute la société.
[1] Cela rappelle l’histoire de l’homme qui se met au lit et entend le voisin du dessus faire du bruit en posant sa chaussure par terre. Il ne pourra s’endormir avant d’avoir entendu le bruit de la seconde chaussure.
[2] Harcelés sous la pression d’amis sur Facebook, des adolescents soumis à de tels régimes ont fini par mettre fin à leur jours.
[3] Stop Letting Email Control Your Work Day, Harvard Business Review
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