DRH | Selon une récente étude réalisée à l’aide de documents déposés auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC, l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers) au cours des 30 dernières années, le nombre de directeurs des ressources humaines (DRH) n’a cessé d’augmenter, ainsi que leur rémunération.
Article de Jena McGregor pour Forbes US – traduit par Flora Lucas
Qu’il s’agisse de maintenir le personnel en bonne santé en cas de pandémie ou de gérer la bataille du travail hybride, le travail des DRH, dont la principale tâche récemment a été de gérer la « grande démission » et la vague de licenciements dans plusieurs grandes entreprises américaines, est devenu de plus en plus important et de plus en plus difficile au cours des dernières années.
Selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’université de Stanford, ces défis, ainsi que l’élargissement des responsabilités et la rotation des cadres d’entreprise à ce poste, sont quelques-unes des raisons pour lesquelles les DRH ont vu leur nombre et leur salaire augmenter considérablement au cours des 30 dernières années, pour finalement s’approcher de la rémunération de leurs pairs aux postes de directions.
La rémunération des DRH se rapproche de celui des autres cadres supérieurs
L’analyse des données issues des dossiers de la SEC, que les chercheurs ont rendue publique la semaine dernière et qu’ils prévoient de publier sous la forme d’un article universitaire, révèle que la rémunération des DRH, qui restent majoritairement féminins, est passée d’environ 40 % du salaire des autres cadres supérieurs, hors PDG, en 1992 à 70 % en 2022, comblant ainsi l’écart d’un tiers.
La part des entreprises de l’indice S&P 1500 ayant un cadre RH parmi les cinq cadres les mieux rémunérés figurant dans les dossiers de la SEC est passée de seulement 0,5 % à 13 % en 2022. Chez Intuit, par exemple, Laura Fennell (Chief People and Places Officer) a reçu une rémunération évaluée à 14 millions de dollars en 2022 (et 13,2 millions de dollars en 2023). Chez Uber, Nikki Krishnamurthy (Chief People Officer) a reçu une rémunération évaluée à 7,2 millions de dollars en 2022.
Les chercheurs, Nicholas Bloom et Mert Akan ont également constaté une évolution spectaculaire des titres portés par ces cadres au cours des 30 dernières années, passant d’un grand nombre de titres avec la mention « vice-président » ou « directeur » dans les années 1990 et au début des années 2000 à une augmentation considérable des titres avec la mention « chef », en particulier au cours de la dernière décennie.
« Il faut quelqu’un au sommet qui ne soit pas seulement un exécutant. »
« Je ne suis pas surpris », déclare Nicholas Bloom, un économiste qui étudie depuis longtemps les questions liées au travail à distance. « Si l’on remonte aux années 1990, les ressources humaines se résumaient à la conformité, aux pensions et aux salaires. Aujourd’hui, c’est devenu beaucoup plus compliqué. Le travail à domicile est sans doute le plus grand [problème], mais la DEI (diversité, équité et inclusion, NDLR) en est un autre très important. Il y a aussi la pandémie. Ce sont toutes des choses très compliquées et hautement importantes : elles impliquent la stratégie, les relations publiques, le produit. Il faut quelqu’un au sommet qui ne soit pas seulement un exécutant. »
Cependant, l’évolution importante des rémunérations s’explique probablement aussi par deux autres facteurs. Compte tenu de la complexité croissante de la fonction et de l’importance grandissante du capital humain pour les PDG, de plus en plus de cadres accèdent au poste de haut responsable des ressources humaines après avoir fait carrière dans la gestion d’unités commerciales, d’opérations ou d’autres parties de l’entreprise, plutôt que d’avoir passé toute leur carrière dans le domaine des ressources humaines. L’exemple le plus célèbre est celui de Mary Barra, PDG de General Motors, qui a occupé le poste de DRH entre la direction de l’ingénierie de la production mondiale et celle du développement des produits au niveau mondial.
Larry Emond, associé principal de Modern Executive Solutions, une société de conseil en matière de talents, explique que sa propre analyse des plus grandes entreprises mondiales montre que seul un tiers des DRH actuels ont passé toute leur carrière dans cette fonction. « La majorité d’entre eux étaient des dirigeants d’entreprise et, en cours de route, ils sont passés aux ressources humaines », explique Larry Emond, qui précise qu’environ 10 % d’entre eux n’ont jamais passé de temps sur le terrain « jusqu’au jour où ils sont devenus DRH ». Alors que les entreprises continuent de faire face à une pénurie de talents dans de nombreux domaines, les PDG accordent de plus en plus d’importance à cette fonction et y placent des personnes ayant une expérience plus large.
« La question de l’offre de main-d’œuvre va continuer à élever les ressources humaines au rang de solution à un problème majeur », affirme Larry Emond, qui note que parmi les recherches actuelles de DRH aux États-Unis, la rémunération dans les grandes entreprises est toujours d’au moins un million de dollars, et que nombre d’entre elles proposent en outre d’importants plans d’actionnariat. « L’époque où les questions de personnel n’étaient qu’une question secondaire est révolue depuis longtemps. »
Le poste de DRH intègre désormais une réalité bien plus large
Larry Emond, qui organise régulièrement des réunions en petits groupes des meilleurs DRH, explique qu’il existe un autre facteur d’augmentation de leur rémunération : un nombre croissant d’entre eux ont des responsabilités encore plus étendues, telles que la direction du marketing ou le secrétariat général, en plus de leurs fonctions de ressources humaines. En 2023, le cabinet d’études Equilar a dressé une liste des DRH les mieux payés. Selon cette liste, la rémunération médiane des dix personnes les mieux rémunérées s’élevait à 7,1 millions de dollars, et les DRH supervisaient également la communication, le service juridique ou même les « transformations » de l’entreprise, en plus de leurs fonctions de direction des ressources humaines.
Nicholas Bloom estime que la montée en puissance des ressources humaines pourrait permettre à ceux qui passent du temps à ce poste d’avoir de meilleures chances d’accéder au poste de PDG, ou du moins de contribuer à accroître l’importance de ce poste au sein du groupe des cadres supérieurs. « Je pense qu’à un moment donné, les trois premiers postes seront ceux de PDG, de directeur financier et de DRH », explique Nicholas Bloom. « Il est clair que c’est ce vers quoi on se dirige. »
À lire également : Pourquoi nous, DRH de grandes entreprises, nous intéressons aux transformations du travail indépendant
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits