Qu’est-ce qui fait qu’une équipe qui travaille sur un même projet est efficace ? La question a hanté des générations de managers. Une récente étude conduite chez Google apporte la réponse sur un plateau : la gentillesse, qualité se développe avec la pratique de la méditation !
Un mauvais climat qui s’installe dans une équipe travaillant sur un projet commun peut avoir de fâcheuses conséquences pour l’entreprise. Même s’il reste « gérable », du moins jusqu’à un certain degré, ce mauvais climat favorise néanmoins des contretemps comme le dérapage des délais. Or, tout retard influe directement sur le chiffre d’affaires et le bénéfice de l’entreprise. Si le mauvais climat dépasse un certain seuil, l’équipe risque de se disloquer, poussant au départ certains collaborateurs, souvent les plus talentueux, ceux capables de se reclasser sans difficulté. Même une équipe rodée qui fonctionne bien peut traverser de graves crises…avec les mêmes conséquences pour l’entreprise. Gérer une équipe n’est donc pas une tâche facile pour le manager qui en a la responsabilité. A ce sujet, les cours de management dressent un constat exhaustif des difficultés, suggérant une longue liste de recommandations, souvent de simple bon sens, mais qui restent toutes en surface.
Si l’on met de côté les conflits personnels qui peuvent interférer avec la logique du groupe, le travail en équipe conduit souvent au choc des égos et des caractères qui mine la cohérence du groupe, favorisant son éclatement, voire la contestation de son leader. Pourtant, sur le papier, l’union fait la force est l’idée qui prédomine. Synergie de compétences et d’idées, « le travail en équipe motive les collaborateurs, facilite l’épanouissement personnel et l’accomplissement de soi »… à condition toutefois qu’il y ait une bonne atmosphère. La base du travail en équipe est la communication et la circulation de l’information, mais aussi l’écoute, une facette de la communication plus souvent négligée. Avec le développement du travail sur PC, on a cru un moment que l’arrivée d’outils de travail collaboratif allait améliorer la situation. Il n’en est rien. Mal utilisés, ces outils ne font qu’accroître la pression sur le mental des membres de l’équipe comme c’est le cas avec toutes les nouvelles technologies (voir à ce sujet )
La confiance, clef de voûte
Le manager doit être conscient du fait que sa façon de manager influe lourdement sur le climat de l’équipe. S’il délègue peu et exerce des contrôles tatillons, l’atmosphère va automatiquement devenir pesante. S’il est stressé ou colérique, il ne fera que détruire la confiance, l’ingrédient que tous les livres de management qualifient de « condition nécessaire à la circulation du savoir au sein de l’équipe ». Car, sans la confiance, les problèmes difficiles ne peuvent trouver de solution. La confiance motive les personnes à partager ce qu’elles savent et à apprendre des autres.
La liste des recommandations faites aux managers pour mieux gérer leurs équipes a de quoi laisser perplexe. Certaines relèvent du simple bon sens : de dédramatiser lorsqu’il y a problème, fêter toute avancée vers l’objectif, faire de l’humour pour détendre l’atmosphère ou encore autoriser le « squat » de bureaux vides par ceux que le travail en open space dérange. Certains préconisent d’instaurer une heure par semaine sans email et sans téléphone afin de faire baisser la pression. Probablement qu’un réglage entre communication électronique et communication en face à face est nécessaire. Toutefois, certaines recommandations ne sont pas loin de la manipulation car elles infantilisent les membres du groupe sous prétexte de jouer sur l’effet Madeleine de Proust, par exemple en apportant « des fraises Tagada rappelant l’enfance »… ou de simples croissants au petit déjeuner. Emmener son équipe boire un pot après le travail n’est pas non plus une bonne idée car elle empiète sur la vie privée, ce qui n’est pas une habitude à favoriser.
Confronté à une très large échelle à ce problème, le géant Google a lancé en 2012 le Projet Aristote. Objectif ? Trouver les facteurs qui font qu’une équipe de travail est efficace. Deux années durant, statisticiens, chercheurs, sociologues, psychologues organisationnels et ingénieurs ont été mis à contribution pour passer au peigne fin les habitudes de plus d’une centaine de groupes de travail et découvrir celles qui en font le succès. Des facteurs tels qu’avoir des centres d’intérêt communs, de se voir en dehors du travail ou d’être à égalité entre hommes et femmes n’ont montré aucune corrélation avec le succès. Les recherches se sont alors tournées vers l’étude des règles implicites d’interaction entre les membres.
Les bénéfices de la méditation transcendantale
Il est rapidement apparu que les meilleures équipes étaient d’abord celles où les membres étaient gentils les uns envers les autres et où régnait un climat de sécurité psychologique. Qu’est-ce à dire ? « Le fait que les membres d’une équipe pensent qu’ils peuvent prendre des risques interpersonnels en toute sécurité, que l’équipe ne fera pas honte, ne rejettera pas ou ne punira pas un membre qui s’exprime, reflète un climat caractérisé par la confiance interpersonnelle et le respect mutuel dans lequel les membres se sentiront à l’aise » précise Amy Edmondson, enseignante à la Chaire de Management à la Harvard Business School. Depuis cette découverte[1], Google cherche tous les moyens possibles d’améliorer la «sécurité psychologique» au sein de ses équipes.
Les techniques de méditation apportent une réponse à ce problème : de nombreuses recherches scientifiques montrent qu’elles développent la créativité, l’entraide, l’écoute, le respect des autres, l’humour, etc. Devenu un classique depuis sa première publication en 1995, un ouvrage défendait déjà l’application de la philosophie Zen pour améliorer le travail en équipe. Zen of Groups, The Handbook for People Meeting with a Purpose de Dale Hunter, Anne Bailey et Bill Taylor reste une référence sur le sujet. Sa Sainteté le Dalaï Lama a apporté sa pierre à l’édifice dans un ouvrage co-écrit avec Howard Cutler sur la pratique de la méditation de pleine conscience[2]. Un an après, Caroll Michael publiait aux Editions Shambala 35 principes du Bouddhisme pour trouver la clarté et l’équilibre au milieu de chaos du travail[3]. La bienveillance, qualité spécifique développée par la pratique de la méditation de pleine conscience, facilite à l’évidence le travail des équipes.
La méditation transcendantale a également fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques[4]. En développant la personnalité de celui qui la pratique en augmentant la cohérence des ondes alpha au niveau du cortex préfrontal, elle crée un climat de sécurité psychologique qui se renforce avec le temps. L’usage en entreprise de cette technique a démarré au milieu des années 70 dans des groupes industriels où le travail en équipe est stratégique : General Motors (Etats-Unis), Procter & Gamble (Etats-Unis) ou Sumitomo Heavy Industries (Japon). La méditation transcendantale mobilise les réserves latentes du cerveau, d’où accroissement de la créativité, de la satisfaction au travail ainsi qu’une amélioration des relations au travail, autant de paramètres qui influent positivement sur le travail en équipe. Le développement de l’harmonie au travail résulte de la stabilité et la confiance en soi. Dans les entreprises qui ont introduit la méditation transcendantale auprès d’une partie de leur personnel, les études ont montré une amélioration du travail en groupe, de la communication ainsi qu’une plus grande harmonie dans l’environnement de travail.
Vu l’importance stratégique du travail en équipe dans tous les secteurs de l’économie, il serait dommage de passer à côté d’outils qui ont fait leurs preuves sur le terrain.
[1] Notons que d’autres facteurs ont été mis en lumière par l’étude comme la possibilité de compter les uns sur les autres afin de produire le meilleur travail possible, la structure et la clarté des objectifs, des rôles, et des plans d’exécution, le sens du travail effectué par chacun et son impact sur l’entreprise.
[2] Intitulé “The Art of Happiness at Work: The Conversation Continues About Job, Career, and Calling”, cet ouvrage est publié aux éditions Riverhead Books.
[3] Awake at Work: 35 Practical Buddhist Principles for Discovering Clarity and Balance in the Midst of Work’s Chaos.
[4] Les recherches sur la méditation transcendantale ont été publiées dans plus de 100 journaux scientifiques dont l’Academy of Management Journal, Frontiers in Bioscience, Electroencephalography and Clinical Neurophysiology, European Journal of Endocrinology, Experimental Neurology, International Journal of Neuroscience, Japanese Journal of Industrial Health, Journal of Business & Psychology, Journal of Human Stress, Journal of Management Education, L’Encéphale, Lancet ou Motor and Sensory Processes of the Brain.
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