« Car la demande intérieure stagnant, les prix stagnent ou baissent. Les entreprises voient ainsi leurs coûts baisser, avec comme conséquences, l’amélioration de leur compétitivité. À cela s’ajoute l’augmentation de la qualité constatée depuis quelques années. Deux éléments qui pourraient permettre à la Chine d’augmenter ses parts de marché mondiales. »
Aujourd’hui, la Chine est LA superpuissance industrielle mondiale, car elle produit près de 35% des biens manufacturés. Mais il faut aussi garder en tête que la Chine doit faire face à une énorme crise immobilière qui rappelle celle du Japon de 1990 à 1997.
Un secteur immobilier qui représentait ces dernières années 25 à 30% du PIB chinois.
Une crise immobilière que les Chinois ne voulaient pas voir, et qui durait depuis plusieurs années. Une crise qui a abouti à la liquidation du géant Evergrande qui avait accumulé près de 300 milliards de dollars de dettes.
Mais La Chine semble pour l’instant mieux gérer sa crise que celle du Japon qui avait duré 7 ans de 1990 à 1997, et, dont le cout pour l’économie fut estimé en incluant les actifs boursiers et immobiliers à plusieurs années de PNB.
Point positif la crise immobilière a engendré une réorientation des investissements.
Alors que l’investissement dans les secteurs immobiliers a très fortement décliné, l’investissement des entreprises des autres secteurs a lui augmenté en 2023 en moyenne de 10% (source : Rexecode).
Quant aux investissements dans les composants électroniques, ils ont eux augmenté de 15%. Et, c’est aussi plus de 18% pour les investissements dans les véhicules électriques, dans les batteries et dans l’aérospatial. (source : Rexecode)
Enfin ce que l’on connait assez mal, c’est le montant des investissements dans les Robots humanoïdes et l’IA Intelligence artificielle, deux secteurs très dynamiques en Chine. Cela, car les Chinois considèrent qu’il y a dans ces nouvelles technos de l’augmentation de l’intelligence humaine, un atout culturel pour ne pas dire culturaliste, à ne pas négliger.
Mais qui dit superpuissance dit aussi animosité des concurrents.
Il est aussi évident que certains pays se sentent de plus en plus économiquement concurrencés et/ou vassalisés par la puissance industrielle chinoise, et, par son excédent commercial. Un excédent qui devait être en 2023 d’environ 10% d’un PIB qui était lui de près de 17 000 milliards de dollars.
Une Chine qui donc ne peut plus se satisfaire d’exporter ses produits, et qui se doit d’affirmer sa puissance. Une Chine qui n’avait pas reproduit l’erreur de l’URSS, tenter d’exporter son idéologie, et qui se sent aujourd’hui obligée de se montrer si confrontée, qu’elle ne se contentera plus de guerres dites harmonieuses.
Et qui dit conflictualité dit automatiquement augmentation du budget de l’Industrie militaire.
Le budget consacré à la défense a doublé depuis l’arrivée de Xi Jin Ping il y a 10 ans. Il devrait être en 2024 de plus de 7% du PIB, a comparer aux 2% du PIB pour la France et aux 3,5% pour les États-Unis. Néanmoins, le budget chinois est aujourd’hui de seulement 33% du budget militaire américain.
Enfin, comme on le sait tous, des avancées technologiques dans le domaine militaire engendrent tôt ou tard de nouvelles productions industrielles civiles.
Une Chine qui fait aussi face à une quasi-déflation.
Cela, à cause de la faible confiance des consommateurs depuis la terrible période Covid et à cause bien sûr de la crise immobilière.
Mais, cette stagnation des prix pourrait renforcer la puissance industrielle chinoise.
Car la demande intérieure stagnant, les prix stagnent ou baissent. Les entreprises voient ainsi leurs coûts baisser, avec comme conséquences, l’amélioration de leur compétitivité. À cela s’ajoute l’augmentation de la qualité constatée depuis quelques années. Deux éléments qui pourraient permettre à la Chine d’augmenter ses parts de marché mondiales.
Mais une Chine fragilisée par sa démographie
À cause de son très faible taux de naissance, ce pays qui avait récemment un avantage économique considérable, car 70 % de sa population était d’âge actif (15-59 ans), à comparer à 54 % au Japon, elle devrait perdre cet avantage rapidement. Dans les 25-30 ans, la Chine comptera alors vraisemblablement entre 220 et 250 millions d’actifs de moins qu’aujourd’hui, c’est considérable pour l’usine du monde, d’où son intérêt pour les robots humanoïdes.
Trois secteurs en plein développement
Le 1er celui des Véhicules électriques
La Chine avait un retard irrattrapable dans le secteur des véhicules thermiques. Mais discrètement depuis 6-7 ans la situation du secteur automobile s’est inversée et c’est maintenant l’occident, qui a pris du retard dans ce segment des véhicules électriques.
Le 2e celui de l’Intelligence artificielle ou générative
Tout s’est accéléré avec Kai-Fu Lee, un éclectique polymathe, qui fut le premier président de Google en Chine, et qui a créé 01.AI pour concurrencer les Américains sur l’open source et l’IA générative.
Kai-Fu Lee un natif de Taiwan est arrivé adolescent aux États-Unis, où Il obtint un diplôme de Columbia. Kai-Fu Lee a ensuite exercé des responsabilités chez Apple et Microsoft. Aujourd’hui, Lee est installé à Pékin, où il avait commencé par diriger le fonds d’investissement Sinovation Ventures.
D’autre part les autorités ont aussi sélectionné au cours des derniers mois pas moins de 40 LLM (Large Learning Margin) ou algorithmes de machine learning dédiés à la résolution de problèmes à usage public. Parmi les 14 LLM retenus on retrouve 01.AI de Kai Fu Lee et Xiaomi.
Le 3e secteur, celui de la Santé et de l’Industrie pharmaceutique
Ce qui est peu évoqué, c’est que la Chine est aussi devenue l’épicentre de l’innovation pharmaceutique mondiale. Elle est désormais une zone de découvertes pharmaceutiques.
Un marché pharmaceutique chinois qui devrait être de plus de 160/180 milliards de dollars en 2025. Cela représente une part très importante de la production mondiale d’API ou ingrédients pharmaceutiques actifs. Une grande partie des API utilisés aujourd’hui en occident proviennent de Chine.
Savoir aussi que les autorités locales ont pris conscience du vieillissement il y a déjà bien longtemps. Cela les a incité à créer une base régionale majeure de biotechnologie à Chengdu dans le Sichuan.
En 2016, un institut de recherche en cancérologie, l’Institut J.Michael Bishop a été inauguré à Chengdu. Cet institut porte le nom de l’immunologue et microbiologiste américain, prix Nobel 1989 de physiologie. La notoriété de Bishop est due à son Prix Nobel pour ses travaux sur les oncogènes des Rétrovirus.
La zone de développement de la « Chengdu International Biotech Industry town » pourrait permettre à la Chine de devenir un acteur mondial dans la recherche et le traitement du cancer. Un autre institut devrait voir le jour bientôt en coopération avec le professeur K. Barry Sharpless prix Nobel de chimie 2001.
En résumé la Chine devrait conserver son statut de puissance économique incontournable. Les investissements récents de multinationales telles que Apple, Stellantis et Volkswagen semblent le prouver. La seule différence avec la période d’avant la Covid, c’est que les small-caps et les mid-caps semblent aujourd’hui plus réticentes a investir en Chine.
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