Chez Pernod Ricard, neuf salariés de moins de 30 ans sont devenus les piliers de la direction de l’entreprise. Dans les rangs politiques, c’est Emmanuel Macron qui a galvanisé les foules en accédant à l’Élysée avant de fêter son 40ème anniversaire. Du côté de la culture, Julie Narbey a brigué la direction générale du Palais de Tokyo à peine la trentaine passée. La dynamique semble transcender tous les secteurs. Les jeunes sont-ils en train de prendre le pouvoir ?
À la croisée de levées de fonds stratosphériques et d’une économie qui se digitalise, les Millenials semblent s’imposer comme les nouveaux « golden boys » face à des générations dépassées. L’économie, la politique ou encore le management : cette montée en puissance n’a rien d’allégorique, c’est sur le terrain qu’elle se concrétise, notamment au travers des nouvelles technologies. Les exemples foisonnent : pour changer le monde, les jeunes ne demandent plus la permission, ils créent des start-ups, renouvellent les offres, réalisent une économie parallèle et opèrent un raz de marée générationnel.
Comment les jeunes disruptent le pouvoir
Partout dans le monde, les symboles se créent : des territoires historiquement « traditionnalistes » comme la politique, la finance ou les médias voient leurs personnalités phares passer au second plan. Aussi normal puisse-t-il être, ce renouveau transcende l’ensemble des secteurs pour créer une réelle dynamique, allant jusqu’à bouleverser les process, abroger le management paternaliste -qui ne semble plus adapté aux nouvelles générations- et à adopter des méthodes plus agiles.
Cette génération qui n’était pas prise au sérieux semble aujourd’hui plus mûre, habituée plus tôt à prendre des responsabilités. Sa facilité à appréhender le monde du web, à échanger par mail et à « multi-tasker » en fait un atout crucial pour les PME et pour les grands groupes, qui ont besoin de jeunes dirigeants pour opérer leur transformation, autant pour leur image que pour leur survie. L’avènement de la technologie aurait donc poussé les cadres historiques à céder leur place à ceux qui maîtrisent mieux ces outils. Le numérique est au cœur de cette nouvelle économie façonnée par eux et pour eux : les digital natives sont destinés à en prendre les rênes.
Bouleverser les paradigmes par la force du management
Exit la sur-formalisation, la hiérarchie ferme et la surenchère de process : les 30-45 sont davantage dans le faire que dans le faire-faire. L’émergence de jeunes talents issus du digital est servie par leur capacité d’apprentissage accélérée et leur maîtrise native des outils digitaux qui leur ouvrent rapidement les portes du pouvoir. L’économie se transforme de façon opérationnelle en adoptant des codes de management anglo-saxons qui plaisent tant aux start-up.
Peut-on parler de hold-up ? Non, il s’agit plutôt d’une révolution pacifique qui s’opère dans la cohabitation et non dans la compétitivité. Les jeunes sont amenés à prendre le pouvoir de manière naturelle au sein des entreprises, au fur et à mesure que leur potentiel se révèle, grâce à l’importance prise par les nouvelles technologies. Les outsiders d’hier sont devenus indispensables grâce à leur maîtrise des réseaux sociaux, de la e-réputation, des codes de la communication en ligne et de la viralité, mais également de la nouvelle économie dans laquelle nous sommes entrés.
Le recrutement a changé
Si l’on peut dire que les jeunes dirigeants bouleversent les méthodes de management en arrivant au pouvoir, ils poussent aussi leurs aînés à s’adapter à leur personnalité. Pour la première fois, les millenials imposent à leur supérieurs un rapport à l’emploi radicalement différent. Donner du sens à la fonction, exiger un cadre de travail plaisant, ne pas se concentrer uniquement sur les objectifs : en infiltrant la vie active, ces nouvelles générations bouleversent de manière indirecte « l’expérience travail » et poussent les entreprises à s’adapter pour rester attractives.
Conséquence logique, les méthodes de recrutement ont donc radicalement changé. Désormais, le CV n’est plus qu’une clé d’entrée. La personnalité, les soft skills, les compétences et l’enthousiasme sont davantage demandés. On recrute des personnalités, des histoires, des compétences – non plus une liste de diplômes et d’expériences.
En 2017, la politique française a simplement réalisé le pivot que l’économie avait amorcé depuis une vingtaine d’années. Emmanuel Macron en est le plus fort symbole : il a compris et appliqué cette transformation communicationnelle avant les autres. En remportant l’élection présidentielle, il s’est inscrit dans la transformation économique mondiale qui est en train de se réaliser par la prise de pouvoir des 30-45 ans. Mais attention, la génération suivante n’est pas loin.
Par Benjamin du Fraysseix, PDG de Technicis
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