A l’occasion de la 15ème édition de la semaine de la qualité de vie au travail (SQVT), du 11 au 15 juin, Forbes France a rencontré Anne-Sophie Vasseur, cofondatrice de Javelo, un outil de suivi et de management des performances qui veut réconcilier ressources humaines (RH) et opérationnel. Mission: permettre aux collaborateurs de reprendre la main sur leur travail en ajustant régulièrement leurs objectifs.
Perte de sens. C’est probablement le principal problème évoqué par les salariés du tertiaire. Derrière leur bureau, devant leur ordinateur, ils cherchent une direction. Or, ce cap est bien souvent donné une fois par an, à l’occasion du fameux entretien annuel. Un espace-temps pensé pour faire le point sur l’année écoulée et les nouveaux objectifs à atteindre, mais qui est souvent vécu comme une contrainte supplémentaire par les managers et les salariés tant sa temporalité semble peu adaptée à celle d’un travail au quotidien. C’est en partant de cette distorsion qu’est née en 2015 la start-up Javelo. Fondée par Anne-Sophie Vasseur et Gautier Machelon, la jeune pousse propose d’accélérer le rythme avec un outil de suivi des performances qui encourage les mises à jour et les ajustements des tâches à accomplir.
« Nous avons voulu réconcilier les ressources humaines (RH) et l’opérationnel », indique Anne-Sophie Vasseur, Directrice Générale de Javelo. « L’idée est de donner des feedback en continu. » Le logiciel Saas s’adresse à tout type d’entreprises, avec une préférence pour les boîtes de 100 à 3 000 employés. Une centaine de clients (industries, start-up, médical, etc.) ont installé l’outil pour permettre aux salariés et aux managers de connaître l’état d’avancement d’un projet. « Nous pouvons entrer par la porte opérationnelle (le Codir) ou parfois par les ressources humaines. »
Méthode OKR
C’est par là que tout a commencé pour elle. Après une licence de psychologie et un master de médiation d’entreprise, la jeune femme aujourd’hui âgée de 31 ans trouve un premier emploi chez Multiposting, la start-up de Gautier Machelon (revendue depuis à SAP). Il lui confie à l’époque le recrutement. Puis, parce qu’elle « s’ennuie vite », lui permet de s’essayer aux relations presses, à l’événementiel, etc. « Nous utilisions la méthode OKR, objective and key results », raconte-t-elle. « L’idée est de créer des objectifs, avoir un plan d’action et le mettre en place en cascade dans l’entreprise. Problème, nous ne parvenions pas à faire suivre ces objectifs dans toutes les équipes. »
En 2015, alors qu’elle est dans une autre structure, Gautier Machelon revient vers elle avec l’idée de Javelo : créer un outil adapté au management des entreprises, et notamment au suivi des performances. Pour commencer, le fondateur lui donne une enveloppe sur fonds propres pour lancer une version bêta. Aujourd’hui, l’entreprise emploie 13 personnes, est en phase de recrutement, et vient de boucler une levée d’un million d’euros auprès du F3A de bpifrance, du seedclub d’Isai et de business angels.
Suivi n’est pas flicage
« Certains de nos clients pilotent déjà leurs objectifs, d’autres veulent innover avec une nouvelle manière de manager et de travailler, dans les deux cas, nous accompagnons les entreprises dans cette transformation. » L’outil, une fois présenté au top management, est progressivement installé dans les services. Par crainte d’être considéré comme un outil de « flicage » de l’activité des collaborateurs ? C’est tout l’enjeu, montrer que le suivi des performances n’est pas l’équivalent moderne de la pointeuse, mais un outil permettant d’ajuster en même temps que l’on fait. Un peu comme dans le lean management. « C’est un outil flexible, mais le point essentiel est la transparence : il faut montrer les objectifs de chacun et les objectifs de l’entreprise. »
« Les salariés voient alors que leurs objectifs individuels sont corrélés à ceux de l’entreprise. Nous aidons le salarié à rester focus et à trouver du sens à son travail. » Les entreprises sont ravies car elles améliorent les performances. Côtés salariés, s’ils craignaient le flicage, ils se retrouvent motivés, de l’avis d’Anne-Sophie Vasseur. Commercialisé avec un modèle classique Saas (licence annuelle et tarif par utilisateur), l’outil compte bien s’exporter en Europe, en commençant par les entreprises décentralisées.
La clé de leur réussite : « être aussi bottum up. A chaque fois qu’un objectif est perçu comme étant inatteignable, le salarié et le manager peuvent discuter et réajuster. » En plus, Javelo affirme faciliter l’entretien annuel en permettant de noter les évolutions tout au long de l’année.
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