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InterContinental, fer de lance de la transformation de monument historique 

Dôme Hôtel Dieu Intercontinental Lyon
coupole accueille l'un des plus impressionnants bars au monde

Il y a 75 ans, InterContinental ( Groupe IHG Hotels & Resorts ) ouvrait son premier hôtel dans un édifice Belle Epoque à Belém au Brésil. La chaîne, lancée dans le cadre de la diversification de la ligne aérienne Pan-American World Airways pour offrir un hébergement haut de gamme aux voyageurs, garde cet ancrage très local. Implanté en France dans les 5 plus grandes villes, le groupe redonne vie et lustre à des monuments historiques emblématiques… Un défi de réhabilitation devenu une marque de fabrique pour l’une des plus anciennes chaînes d’hôtels du monde de luxe. Rencontre avec Madelijn Vervoord, Directrice régionale des hôtels InterContinental Hotels & Resorts pour le Sud.

 

Désirée de Lamarzelle : InterContinental fête ses 75 ans d’existence juste après la seconde guerre mondiale ?  

Madelijn Vervoord : Oui, c’est une chaîne d’origine américaine dont la création remonte à 1946, juste après la guerre, : la Pan-American World Airways  compagnie aérienne de l’époque fondée par Juan Trippe qui avait des liaisons entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud a décidé de se diversifier en ouvrant des hôtels sur les lieux qu’elle desservait, pressentant l’essor des voyages. Le tout premier hôtel intercontinental fut à Belize. Puis cela s’est développé en Europe. Intercontinental fête aujourd’hui ses 75 ans et 220 hôtels dans le monde.

Que représente cette chaîne hôtelière de luxe en France ?

Toujours un ancrage local, avec 6 hôtels en France : Paris (deux), Bordeaux, Marseille et Lyon. Ceux de Marseille et de Lyon ont pour points communs d’avoir été des projets avec à la clé un énorme chantier de rénovation dans des bâtiments historiques car c’étaient des anciens hôpitaux et des bijoux d’architecture. A Paris, il a été entièrement rénové après avoir été fermé pendant un an et demi. Ce sont 500 chambres qui sont au-dessus du Café de la Paix sur la place de l’Opéra. L’authenticité et la montée en gamme d’un lieu ancré localement font partie de l’ADN même d’Intercontinental. On a beaucoup dans nos hôtels une clientèle locale pour les restaurants et les bars et leurs terrasses.

Quelle est la clientèle de  l’Intercontinental ?

Plutôt une clientèle d’affaires, mais on dénombre de plus en plus de touristes dont certains de la région. Avec la crise, les gens ont besoin de se faire plaisir, de sortir mais ils vont moins loin, et ils restent aussi plus longtemps. Il y a aussi une clientèle loisirs du week-end car Lyon, par exemple, devient de plus en plus touristique.

Avec le secteur de l’hôtellerie en pleine mutation, développez-vous de l’offre à la journée pour travailler ?

Il y a beaucoup de sociétés, à Lyon par exemple, qui offrent ces services de bureaux à la journée, mais nos offres en ce sens n’ont pas pris pour l’instant. En revanche, nos offres famille ont très bien fonctionné et nous développons d’autre services comme l’accueil des chiens qui sont rarement acceptés.  On se rend compte qu’il y a beaucoup de personnes sans enfant mais avec un chien et qui souhaitent pouvoir voyager sans se séparer de leur compagnon à poils.

N’est-ce pas un énorme défi que de réhabiliter des monuments publics ?

Intercontinental en France incarne aussi une vraie volonté d’investir dans le patrimoine français. Le modèle de Marseille a permis aussi de pouvoir avancer sur le modèle lyonnais. À Marseille, on avait senti une résistance de la part des locaux qui ne voulaient pas que l’on touche à leur « Hôtel Dieu » qui est maintenant une source de fierté. L’Hôtel Dieu de Lyon représente deux hectares et demi de travaux sur dix ans. C’était le plus gros projet de réhabilitation de bâtiments historiques par un fonds privé. Il y a eu un gros travail fait avec les Bâtiments de France, les Monuments historiques, et la Drac… tout cela dans le respect du respect de l’histoire des bâtiments.

 


Madelijn Vervoord : Même si la digitalisation de nos services est nécessaire, nous devons conserver un équilibre en offrant ce qui fait partie de l’expérience hôtelière de luxe comme partager autour de l’histoire du lieu, avoir un accueil et une restauration très personnalisés.


 

Il faut également séduire les habitants…

C’est normal, il y a quand même ce lien émotionnel très fort des habitants avec ces bâtiments historiques qui n’avaient pas forcément les fonds publics pour être rénovés. Si on prend Lyon, un tiers des Lyonnais est né dans le service maternité de ce bâtiment ! On propose une offre pour ceux qui sont nés ici, avec une coupe de champagne offerte le jour de leur anniversaire. On a la volonté de rester ouvert aux locaux et ces derniers viennent souvent montrer l’hôtel à leurs amis de passage car ils en sont fiers.

Il faut des fonds privés très importants également…

A Marseille, Bordeaux et Lyon, qui sont les trois hôtels que je dirige, ce sont des investisseurs français. Ce sont des contrats d’environ 25-30 ans. Par exemple à Marseille, l’investisseur est Axa. Ici, c’est Prédica, la branche assurance du Crédit Agricole. IHG Hotels & Resorts est un groupe coté en Bourse à Londres où nous gérons les hôtels pour le compte d’un investisseur qui, lui, n’a pas vocation à les gérer.

Quels sont les prochains projets en développement ?

Le groupe a plusieurs marques qui sont en expansion dont la marque Six Senses Hotels qui vient d’être rachetée avec son positionnement encore plus haut de gamme en termes de luxe et de personnalisation. On a également Kimpton qui est implanté en Europe et très axé sur la restauration : il se développe beaucoup sur la gastronomie, et la vie du quartier. Il y en a un à Paris dans un style Art Nouveau avec un très beau rooftop. InterContinental vient d’ouvrir à Barcelone et est en réflexion à Megève. Malgré la pandémie, notre cellule développement a continué à travailler car ce sont des projets à long terme qui s’étalent sur plusieurs années.

Qu’en est-il de digitalisation de vos services ?

Même si la digitalisation de nos services est nécessaire, nous devons conserver un équilibre en offrant ce qui fait partie de l’expérience hôtelière de luxe comme partager autour de l’histoire du lieu, avoir un accueil et une restauration très personnalisés… Cela reste très important, cet échange.

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