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Il est temps pour les dirigeants de poser les bonnes questions

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Les dirigeants doivent poser les bonnes questions. | Source : Getty Images

Une interview du Times de Sir Martyn Oliver, directeur de l’Ofsted, met en lumière la nécessité pour les dirigeants de se poser les bonnes questions et de remettre en cause leurs idées reçues.

Article de Roger Trapp pour Forbes US – traduit par Flora Lucas

 

Début janvier, le Times a publié une interview passionnante de Sir Martyn Oliver, qui venait de prendre ses fonctions à la tête de l’Ofsted, l’organisme chargé depuis 1992 d’inspecter les écoles du Royaume-Uni. En temps normal, un article sur un tel bureaucrate n’intéresserait probablement que ceux qui s’intéressent de près à l’éducation ou au fonctionnement du gouvernement britannique. Cependant, l’époque actuelle est loin d’être normale pour toutes sortes de raisons, en particulier pour les écoles. La situation n’était pas brillante auparavant, mais depuis la pandémie, on s’inquiète des effets disproportionnés du confinement sur les enfants, non seulement en termes d’apprentissage, mais aussi de développement social. Parallèlement, de nombreux rapports ne cessent de faire état d’une augmentation des taux d’absentéisme et de violence dans les écoles britanniques. Pour couronner le tout, une enquête menée à la fin de l’année dernière a révélé qu’une inspection de l’Ofsted ayant conduit à une révision à la baisse de la notation d’une école avait « contribué de manière plus que minime » à la détérioration de la santé mentale du directeur et à son décès, le médecin légiste avertissant que si l’Ofsted n’en tirait pas les leçons, il y aurait « d’autres tragédies de ce genre ». Il est donc essentiel d’écouter ce que Sir Martyn Oliver a à dire.

 

« Je veille à ce que l’ensemble du personnel soit ouvert et transparent. »

Ancien chef d’établissement devenu directeur d’un trust gérant 41 écoles, principalement dans des zones défavorisées au Royaume-Uni, Sir Martyn Oliver n’est manifestement pas du genre à esquiver les défis. Il a fait la une des journaux et a été critiqué pour sa discipline stricte, mais il reste courageux. Soulignant qu’il a déjà réussi à changer la culture d’organisations, il affirme vouloir changer la culture « défensive » de l’Ofsted. « Tout commence par le leadership, la vision et l’efficacité », déclare-t-il. « Je veille à ce que l’ensemble du personnel soit ouvert et transparent, et non pas sur la défensive. »

D’un point de vue extérieur, il semble que le problème de l’Ofsted réside dans ses débuts. Le Premier ministre britannique de l’époque, John Major, a créé cette agence publique pour remplacer les anciens inspecteurs de Sa Majesté, afin d’être plus rigoureux dans l’amélioration des normes. Il est donc facile de comprendre comment les personnes en charge des inspections et de la gestion de l’organisme ont pu se sentir investies d’une sorte de mission au nom des personnes vulnérables.

 

Le scandale du Post Office au Royaume-Uni

On trouve des échos de cette attitude ailleurs, notamment dans le récent scandale du Post Office (office postal) : les enquêteurs semblent avoir fait preuve d’un excès de zèle et leurs supérieurs ont manqué de curiosité pour comprendre comment tant de problèmes comptables pouvaient soudainement se produire dans de petits bureaux de poste, ou ont été tellement convaincus de l’existence d’une fraude généralisée qu’ils n’ont pas remis en question les conclusions de l’ordinateur. Comme l’a récemment écrit Camilla Cavendish, ancienne directrice de la politique de David Cameron lorsqu’il était Premier ministre, le Royaume-Uni est truffé d’organisations « fondamentalement irresponsables ». Le Post Office, qui appartient à l’État, mais est indépendant, en est un excellent exemple. Il en va de même pour les universités britanniques qui rémunèrent leurs dirigeants comme s’il s’agissait d’entreprises, mais qui ne sont pas gérées comme telles, et pour les monopoles de l’eau privatisés qui ont passé des années à déverser illégalement des eaux usées dans les rivières et la mer, sans que cela ne donne lieu à des sanctions.

Selon Camilla Cavendish, le scandale du Post Office montre qu’il est important de garder l’esprit ouvert. Le contexte est également important. À l’Ofsted, qui, outre le contrôle des écoles, inspecte également les foyers pour enfants, les gardes d’enfants, les crèches, les collèges et les centres de formation sécurisés, le nouveau directeur aurait l’intention d’introduire des « aperçus régionaux », qui se concentreront sur des zones géographiques afin d’examiner les problèmes dans leur ensemble. « L’intérêt d’être un chef de file du système est d’examiner tous ces éléments et de se demander pourquoi cela se produit », explique Sir Martyn Oliver.

 

Un problème qui ne se limite pas au secteur public

Il est tentant de penser qu’il s’agit d’un problème propre au secteur public et aux organismes hybrides qui lui sont associés. Certes, de nombreux éléments viennent étayer l’opinion de Camilla Cavendish selon laquelle il existe une « classe d’apparatchiks », des dirigeants qui passent d’un poste à l’autre au sein du système en dépit d’échecs parfois terribles. Cependant, il semble qu’il y ait de nombreux dirigeants du secteur privé qui, loin de poser les bonnes questions, ne remettent pas en cause les idées reçues, avec des résultats souvent peu brillants et qui, sauf en cas de catastrophe comme une crise financière, sont tout aussi capables de passer d’un poste lucratif à un autre.

 

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