Pensée par des experts du Design Thinking, la House of Codesign (HOC) est un espace qui permet aux entreprises d’acculturer leurs équipes aux pratiques du codesign et du Design Thinking. L’objectif est double : apprendre aux salariés à travailler différemment en équipe et faire émerger de nouveaux projets.
C’est dans une petite rue discrète, de l’autre côté du périphérique, que se cache la House of Codesign (HOC). A Saint-Ouen, rue des entrepôts, un espace de plusieurs étages – avec terrasse, amphithéâtre – a été conçu pour accueillir et acculturer les entreprises aux Design Thinking. Cette méthode, dont nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises, permet de « tester et d’arrêter un projet au bout de quelques semaines », explique Christophe Canas, consultant et « facilitateur en atelier collaboratif » chez HOC.
Installés dans la salle principale organisée en amphithéâtre, une vingtaine d’hommes écoute avec attention Eric Lemoine, concepteur des lieux et expert en Design Thinking. Des hommes uniquement, tous ingénieurs et responsables régionaux chez Eurovia, une entreprise de Vinci conceptrice d’infrastructures routières, ferroviaires et d’aménagements urbains. Parmi une poignée d’axes stratégiques pensés en commun lors d’un brainstorming tout en post-it, quatre sont sélectionnés par les participants qui vont plancher dessus toute la matinée : carrière digitale, expérience salariée, expérience client et croissance verte.
Les groupes formés autour de ces grandes thématiques vont à nouveau faire ce travail d’interconnexions. Un moment d’échange, dans la bonne humeur, durant lequel chacun est invité à dire tout ce qui lui passe par la tête quand il entend « expérience client ».
Pépite
A la tête de Reloaded, une agence de transformation digitale, Eric Lemoine a voulu créer cet espace pour rendre la transformation plus concrète. « Aujourd’hui, avec Eurovia, il s’agit d’une sensibilisation à ces méthodes de travail. Les chefs d’agences régionales ont deux jours pour faire émerger de nouvelles idées. » L’immense majorité tombera à l’eau. « Si une pépite émerge du lot, elle pourra remonter à l’entreprise et entrer dans un programme plus avancé », ajoute Christophe Canas qui surveille et oriente le bon déroulé des ateliers.
HOC propose des parcours d’une journée à 18 mois, comme avec la communication de Bouygues qui a eu droit à une master classe d’un grand reporter sur son utilisation du smartphone, à des ateliers d’écriture, à une pratique de l’employee advocacy… « Nous voulons que chacun monte en compétence », souligne Eric Lemoine qui travaille ainsi avec huit clients du Cac40. Mais aussi avec le ministère de l’Education sur une accélération de projet. « Ils travaillaient depuis onze ans sur une nouvelle plate-forme pour les conventions de stage. La difficulté était de prendre en compte les besoins des scolaires, des étudiants, des filières pro, mais aussi des établissements et des entreprises », raconte Eric Lemoine. « Nous avons passé du temps à faire comprendre qu’une convention est un contrat, puis nous avons fait un premier prototype en quatre jours qui sera en ligne l’an prochain. »
Problème
Autour des tables, les participants d’Eurovia ont vingt minutes pour identifier un problème et l’exprimer en une seule phrase. Une phase cruciale du Design Thinking. « Il est difficile d’adapter l’empathie à l’expérience client. » Les chefs d’agence ne sont pas satisfaits. Et après quelques détours et contours, le problème trouvé est : « il est difficile de faire correspondre nos offres aux attentes des clients. »
« Trouver le problème est le moment le plus difficile de la journée », explique Christophe Canas. « En réfléchissant sur le problème, ils pensent surtout à la solution, or, c’est en pensant à la solution que l’on passe à côté du vrai problème. »
Chaque groupe, après avoir trouvé des images pour illustrer son problème, est invité à restituer ses réflexions devant l’ensemble des participants. Que viennent chercher les entreprises dans cette maison de Saint-Ouen ? « Eurovia est le pôle travaux publics de Vinci, nous sommes dans l’obligation de faire évoluer l’état d’esprit, de changer les méthodes de travail, les relations salariés-clients », indique Olivier Beaujouan, Directeur formation chez Eurovia. Après une visite chez Léonard, l’unité innovation de Vinci, il semble satisfait de voir les chefs d’agences pratiquer « le test and learn ». « L’objectif est de leur ouvrir l’esprit, leur montrer qu’il est possible de nouer des partenariats avec des start-up, et d’appliquer le Design Thinking à l’entreprise. »
Etat d’esprit
A la fin de la journée, il compilera l’ensemble des ébauches d’idées et pourquoi pas en récupérer quelques-unes à développer. Mais il souligne : « l’objectif premier est de leur montrer que la rupture approche et qu’ils peuvent récupérer des méthodes et un état d’esprit. »
Une fois le problème bien délimité, les participants pourront enfin imaginer des solutions. Pour Christophe Canas, certains groupes fonctionnent mieux que d’autres, et son rôle, au feeling, est de parvenir à créer une dynamique de groupe et les pousser à plus de créativité. Et apprendre à accepter l’erreur.
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