Hôtellerie: Hyatt Lance ‘RiseHY’ Pour Susciter Des Vocations

Dans un secteur qui peine à recruter et qui ne peut faire l’économie de l’humain malgré sa digitalisation accélérée, comment l’hôtellerie et la restauration peuvent-elles enrayer la crise des vocations ? Le géant hôtelier Hyatt a décidé d’agir par une initiative d’inclusion à travers son programme ‘RiseHY’ destiné aux jeunes déscolarisés sans activité. Objectif : former, recruter et développer l’esprit entrepreneurial de candidats qui mésestiment – à tort ou à raison – le monde de l’hospitality. A l’horizon 2025, Hyatt s’engage à embaucher 10 000 profils issus de ses promotions RiseHY. Emmanuelle Lacoste, Directrice des Ressources Humaines de la branche française, porte le projet dans l’Hexagone. Entretien. 

En s’attaquant à la pénurie de personnel dans l’hôtellerie et la restauration, Hyatt veut aussi apporter une réponse à la problématique des jeunes déscolarisés sans activité. 33 jeunes ont été sélectionnés pour la première promotion française de ‘RiseHY’. Quelle est l’ambition de ce programme ? 

C’est une démarche gagnante pour tous. Depuis toujours les valeurs d’inclusion sociale et de respect de tous inspirent notre raison d’être : « We care for people so they can be their best ». Ce principe que nous portons se traduit par « Nous prenons soin des gens afin qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes ». Ainsi, dans un contexte où l’hôtellerie et la restauration connaissent une très forte pénurie de main-d’œuvre (en France notamment), nous nous devons d’être proactifs sur la question en tant qu’enseigne internationale. Dans notre secteur, n’oublions pas que l’humain est au cœur du réacteur. Les possibilités de plein emploi et d’évolution hiérarchique sont bien réelles !

Concrètement, le programme RiseHY déployé dans nos hôtels a pour but d’accompagner un groupe de jeunes déscolarisés afin de leur présenter nos activités en vue de les former à des métiers opérationnels traditionnellement présents dans les hôtels. Ce cursus spécifiquement conçu pour eux a la triple vocation de leur proposer un poste à terme, de les sensibiliser aux différentes opportunités de carrières et de les amener à développer leur esprit entrepreneurial. Cette première promotion compte 33 jeunes, originaires de la banlieue parisienne, de Cannes et de Nice (pour nos hôtels du Sud).

Hyatt s’est associé à deux partenaires de choix afin de concrétiser ce projet : l’association « Les Déterminés », fondée en 2015 par Moussa Camara, dont la raison d’être est de développer l’initiative et l’entrepreneuriat, en banlieue et dans les milieux ruraux ; et le centre de formation « ASFOREST », un organisme créé en 1969 axé sur les métiers de l’hôtellerie et de la restauration. ASFOREST dispensent des formations certifiantes par des spécialistes issus de ce secteur.

Quels leviers pour rompre la spirale à grande échelle ? 

Il faut améliorer le bien-être en entreprise. Dans notre secteur, cela passe par les horaires qui sont traditionnellement difficiles. Une problématique dont s’est saisi Hyatt France il y a déjà quelques années : nous avons éliminé ‘la coupure’ entre les services du midi et du soir avec une interruption au milieu. Les plannings sont plus fluides. Nous avons également porté l’effort sur la gestion des heures supplémentaires en anticipant au mieux la charge de travail. Toutefois, quand il y a des extras, ils sont rapidement payés ou récupérés.

Autre levier : le changement de notre approche du recrutement. Il faut trouver des « niches » à ajouter aux profils les plus communément recherchés. Les jeunes de RiseHY sont une de ces niches. Il convient aussi de s’intéresser aux personnes en reconversion professionnelle qui ont la passion de nos métiers. Enfin, notre groupe est tout autant concerné par les personnes en situations de handicap. Hyatt France intègre depuis longtemps ces profils qui participent pleinement à la marche de nos services, lesquels interagissent directement avec la clientèle.

Autre enjeu, la rétention des talents. Comment Hyatt s’empare-t-il de ce défi ? 

Dans notre industrie, la mobilité géographique est importante. De fait, il est tout à fait classique de voir un collègue bouger tous les deux ou trois ans. La galaxie Hyatt nous permet de répondre aux aspirations des salariés. Dans la pratique, si un collaborateur souhaite être transféré dans un autre établissement alors qu’il est arrivé depuis peu, c’est possible ! Nous nous adaptons à tous. Aujourd’hui il faut aller vite ! Si un collègue mérite d’être promu, on n’attend pas. La mobilité est un formidable accélérateur de carrière, les opportunités de promotions hiérarchiques sont proportionnelles aux riches expériences cumulées.

Qu’est-ce qui vous différencie dans l’écosystème ? Pourquoi vouloir faire carrière chez Hyatt France ?

Rejoindre Hyatt France est une chance. Nous avons 10 hôtels, dont 2 palaces, tous différents. Chacun peut trouver l’établissement qui lui correspond à un moment donné, et demander un transfert pour partir acquérir d’autres compétences, vivre une nouvelle expérience, tout en restant dans la famille Hyatt. A chacun de façonner son parcours, à son image. En chiffres, Hyatt France c’est : 2900 collaborateurs, 200 postes ouverts, 35 transferts internationaux chaque année (collègues souhaitant partir à l’étranger) et 65 transferts nationaux.

Vous pilotez la direction des ressources humaines hexagonales de l’une des plus prestigieuses enseignes hôtelières du monde. Comment équilibrez-vous vie professionnelle et vie privée ?

J’aime passionnément mon métier ! Cela fait 22 ans que j’ai rejoint Hyatt après des études hôtelières à Glion en Suisse. Lorsque je suis devenue directrice de l’hébergement, j’ai été challengée pour mener de front vie de famille (je suis mère de trois enfants) et carrière. L’entreprise m’a donc permis d’évoluer par le levier de la formation jusqu’à devenir DRH pour la France, un pays qui compte désormais 10 hôtels. En ce sens, je suis très reconnaissante à Hyatt de m’avoir permis de changer de métier. Cette confiance – dans notre ADN – est une grande chance !