Quinze start-up réunies sous la bannière HappyTech s’évertuent à développer la notion de bien-être au travail. Fédérées et avec un label, elles veulent proposer un catalogue de solutions et un annuaire des jeunes pousses du secteur. Le collectif a rencontré à plusieurs reprises Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, car au-delà de la promotion du bien-être, c’est la lutte contre le mal-être au travail qui est en jeu.
Avec leurs bâtons de pèlerins, sans coquille Saint-Jacques mais avec une besace pleine d’optimisme, les membres de la HappyTech font leur chemin. Car de l’optimisme, voire même une certaine forme de foi, il en faut pour inculquer la notion de bien-être dans le monde de l’entreprise. Est-il besoin de rappeler que le terme travail vient du Latin « tripalium » qui désignait à l’époque romaine un pieu à trois pieds destiné à immobiliser et torturer les esclaves pour comprendre que souffrance et travail vont malheureusement souvent de pair ? Un chiffre le montre, celui de plus de 3 millions de travailleurs présentant un risque de « burn out »*, cette maladie dont les contours sont encore mal définis mais dont les origines se puisent dans le surmenage, le stress, la pression, et dont les conséquences se caractérisent par l’explosion, la dépression, et l’incapacité à retourner dans l’entreprise.
Sans aller jusqu’au burn out – ou son opposé le bore out, le syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui – l’idée est de lutter contre tout mal-être, avec des arguments économiques : les membres de la HappyTech ont constaté qu’une entreprise de 500 salariés peut économiser environ un million d’euros par an en ayant des salariés « heureux ». En effet, ils estiment qu’une entreprise dans laquelle les salariés se sentent bien baisse de trois jours le taux d’absentéisme, baisse également le turn over de 2% et augmenterait de 5% sa productivité.
Responsable de la qualité de vie au travail
Pour les membres du collectif, la question du bien-être au travail concerne tout le monde, du salarié au dirigeant. « Notre objectif est de démocratiser le bien-être au travail », indique Thomas Coustenoble, président de l’association HappyTech. Derrière cette expression de bien-être au travail, la quinzaine de jeunes pousses membres mettent en exergue plusieurs thèmes comme le fait de partager ses émotions, simplifier l’accès aux services, connecter les salariés, trouver des mentors… Bref, développer et infuser une culture du bien-être chez les dirigeants, les employés, les syndicats, les délégués du personnel, le Medef…
Coup de pub pour les start-up ? Certainement. Mais une réelle volonté de déniaiser le bonheur et aller au-delà l’effet de mode de certaines fonctions, comme celle du Chief Happyness Officer (CHO), cet ovni salarial, encore peu connu et reconnu. « Le bien-être ne doit pas être qu’un sujet RH », indique Thomas Coustenoble. Certaines entreprises ne déclarent pas en avoir un, d’autres ne lui donnent pas ce titre préférant des termes de « responsable de la QVT », la qualité de vie au travail, et d’autres encore n’en ont tout simplement pas. « L’enjeux, est qu’ils fassent autre chose que de préparer des petits déjeuners une fois par semaine », affirme Florence Feve-Vallot, déléguée générale de la Happytech. Si les CHO viennent souvent de profils communication, ressources humaines, ou événementiel, leur formation reste inexistante. L’ESSEC, en partenariat avec le collectif va réfléchir à la création d’une chaire universitaire sur la thématique du bien-être au travail.
Confiance et confidentialité
Parmi les membres de la HappyTech, Quatre épingles propose une application de conciergerie d’entreprise pour équilibrer vie professionnelle et vie personnelle, Comeet, un algorithme pour connecte les salariés de grandes entreprises. Mais aussi Workwell, BoostYourFit, Cocoom, Mon Martin… Toutes à leur manière diffusent le bonheur en entreprise. Reste la question des données. Etant toutes des entreprises de la tech, la confidentialité est un questionnement majeur. « Nous offrons un endroit sécurisé où s’exprimer », souligne Stéphane Bourbier de Our Company. Confidentialité est gage de confiance, et donc d’utilisation, de la part des salariés.
*Etude menée par le cabinet Technologia, agréé par le ministère du Travail, qui avance le chiffre de 3,2 millions de travailleurs présentant des risques de « burn out ».
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