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Grandes Écoles Et Universités A l’Heure Digitale : Les Filières Croisées Ont La Cote

Grandes écoles - Filière Digitale

Interpellées par le virage digital au sein des entreprises, les grandes écoles et les universités sont engagées dans une nouvelle course : elles multiplient les filières mixtes en créant des passerelles entre compétences commerciales et techniques, entre marketing et industrialisation.

La numérisation des activités et la dimension stratégique des plateformes d’e-commerce poussent les entreprises à recruter des profils pluridisciplinaires. Or,  les filières existantes d’enseignement supérieur peinent à adapter leurs cursus. Ils sont généralement très spécialisés.

Soit il s’agit d’un apprentissage des techniques de référencement sur Internet, ou des « concepts digitaux » (Web, web mobile, ‘Responsive design’…), soit il s’agit de méthodes de design ou conception de plateformes web, ou encore des outils d’analyse d’audience, ou bien la maîtrise des techniques de génération de ‘leads‘ (contacts prospects), et celle des réseaux sociaux. L’idéal est de réunir une double culture : « digitale » et « business ».

Cette demande pour une réelle pluridisciplinarité a été entendue par la plupart des filières de formation.  Preuves en sont ces rapprochements récents entre écoles de commerce et écoles d’informatique. On voit surgir des spécialisations en marketing digital et e-commerce. En outre, une expérience de 2 ou 3 (voire plus) dans une activité d’e-business ou dans la conduite de projets informatiques est toujours bienvenue.

Passerelles entre deux cultures

En ce sens, les formations classiques – licences ou maîtrises – sont rarement pluridisciplinaires. C’est seulement à partir des mastères que l’on constate un mixage des enseignements liés au ‘digital’ (e-commerce, ‘e-business’).

Dans les promotions, on rencontre, en réalité, des étudiants qui sont issus soit d’une filière commerciale ou littéraire, soit de l’univers informatique ou technique. D’où la limite du modèle. Il n’est pas facile d’organiser un brassage de ces deux cultures pour chaque étudiant. Or, beaucoup d’entreprises recherchent des candidats ayant effectivement les deux casquettes, plutôt que de constituer des équipes pluridisciplinaires.

L’interdisciplinarité en pratique

Beaucoup d’initiatives intéressantes ont vu le jour depuis quelques mois et misant sur l’interdisciplinarité. Au niveau des mastères (Bac+5),  notons le rapprochement entre l’Ecole Centrale de Paris (ingénieurs) et l’ESSEC. Depuis un an, ils ont conçu un mastère commun, le MSc « Data science and business analytics », délivré sur chacun des deux campus. Le contenu concerne les outils informatiques, l’analyse quantitative, la compréhension de l’environnement économique, ainsi que « la manière pour les décideurs d’évoluer dans une entreprise grâce à cette connaissance ».  Les deux écoles proposent également des programmes de formation continue se rapportant à ces thématiques.

De son côté, HEC s’est rapprochée de l’Ecole 42 fondée par Xavier Niel (patron de Free) pour concevoir un programme  destiné à ceux qui veulent créer leur propre start-up en quelques semaines  – Track Digital Entrepreneur. Une quarantaine d’équipes se sont portées candidates, soutenues par des webdesigners de Strate, des élèves de E-artsup, de l’Essec et de ESCP, Polytechnique, Centrale, Normale Sup, Télécom ParisTech… L’objectif ici est de marier les talents : webdesign, développement de fonctionnalités Web, techniques de commercialisation, marketing, business plan, etc.

Le cursus, qui repose sur le concept ‘’learning by doing’ mixe des cours théoriques, du coaching, du ‘speed dating‘ et des interventions de dirigeants de start-up… L’un des objectifs ici est de mettre les équipes en relation avec des investisseurs privés ou institutionnels.

La double compétence ‘e-business’ et plateformes techniques

D’autres écoles n’ont pas attendu pour comprendre l’intérêt de cette interdisciplinarité. Ainsi, l’ESG Paris, qui a créé un mastère e-Business au début des années 2000, constate : « Dans le commerce, la publicité, les RH, le tourisme, les achats, la recherche et le développement, c’est  l’e-business qui amène à recruter de nouveaux profils avec une double compétence digital business et technique« .
La filière vise des diplômés d’écoles d’ingénieurs et de commerce ou gestion, ou autre diplômés universitaires proches de ces disciplines, sans oublier le marketing et la communication. Ce même programme de formation est proposé en formation continue à des professionnels en activité.

Autre initiative intéressante, celle de l’ESSCA  (Angers et Boulogne) qui a conçu un mastère spécialisé « Mix Digital & Business Développement ». Il forme « des managers « caméléons » capables d’accompagner les entreprises dans le développement de ‘business models’ digitaux innovants ». Il allie de solides compétences techniques, marketing et commerciales ».

Marketing et génie logiciel…

L’ISG a également développé un MSc « Digital Management et Web Stratégie »,  sur deux ans : il apporte un contenu sur l’e-marketing et les domaines techniques y afférant. Pour un cursus commun, il s’est rapproché de l’école d’ingénieurs informatiques Epita. De même, le groupe Epitech, auquel appartient l’Epita (groupe IONIS), déploie depuis la rentrée 2016 une nouvelle filière de 3 ans baptisée ETNA dans 5 villes de France (Lille, Lyon, Marseille, Nantes et Toulouse). Elle vise des profils Bac+2 ou +3 en s’orientant vers le génie logiciel, les réseaux et la sécurité. Le contenu pédagogique est adapté en fonction des compétences déjà acquises. Il sera possible d’intégrer directement la 2ème année, et la 3ème année pourra s’effectuer en alternance en entreprise.

Beaucoup d’autres établissements ont pris de nouvelles initiatives (dont le DSTI, ll’IPI, le CESI,  l’ICAN, l’UTT…). De même, des mastères MIAGE (Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises) se réorientent vers des contenus liés à la transformation numérique.

A noter enfin que ces nouvelles alliances, invoquant le marketing et le commercial, devraient également contribuer à attirer des étudiantes : elles représenteraient à peine un quart des promotions dans les écoles d’ingénieurs.

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Sources :

Projet de loi numérique :
http://www.gouvernement.fr/action/pour-une-republique-numerique

http://www.oecd.org/fr/presse/leniveaudinstructionprogressedanslespaysdelocdemaisdesobstaclesdemeurent.htm

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