C’était le chaînon manquant. C’est devenu le voilier dont tout le monde parle, entre Rouen, Brest et la Rochelle. Grand Voilier Ecole trace un horizon maritime pour la jeunesse française. On vous raconte son histoire, l’ambition et les valeurs que ses marins défendent.
A l’origine du projet, Pierre-François Forissier, ancien commandant de sous-marins et chef d’état major de la marine entre 2008 et 2011. A ses côtés, le Finistérien Patrice L’Hour, skipper émérite et ancien commandant de goélette, entraînant dans son sillage son puissant réseau de marins passionnés et de bonnes volontés (107 bénévoles).
Le Français, star de cinéma
La mer est une formidable école de la vie. La France dispose du deuxième espace maritime mondial et d’un savoir-faire inégalé en la matière. Grand Voilier Ecole a dessiné et imaginé un trois-mâts spécifique pour la jeunesse. Après une recherche de financements dans l’objectif de construire un voilier sur-mesure, depuis les chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, les membres fondateurs ont croisé la route du Français, un navire de 46 m racheté en Angleterre en 2018 par le Vannetais Frédéric Lescure (France Armement, Socomore…). L’Ex-Kaskelot (Cachalot), solide navire danois de 1948 est l’un des derniers trois-mâts en bois encore en activité. Joyau du patrimoine maritime mondial, le voilier est déjà une star avec une quinzaine de films à son actif. Mais c’est pour un tout autre casting qu’il a rebondi il y a quatre ans en Bretagne…
2 700 jeunes ont déjà embarqué
Le trois-mâts arrive à Saint-Malo en 2018. Il est sain, bien équipé, simple à mener malgré ses 19 voiles et près de 900 m2 de toile à envoyer. Avec une centaine de passagers à la journée ou une trentaine en croisière et transit sur plusieurs jours, le Français dispose de larges espaces pour réunir les participants et dispenser les modules pédagogiques (histoire, météo, navigation…) proposés en mer. Mais l’essentiel ne se joue pas dans la grande salle « cargo » qui servait autrefois à acheminer les marchandises.
Courant 2021, les premières navigations démarrent à la journée, avec des collégiens, lycéens et jeunes adultes qui pour la plupart n’avaient jamais posé le pied sur le pont d’un bateau. Et encore moins sur un trois-mâts chargé d’histoire, le genre de navire que l’on aperçoit au large et qui est, habituellement, à caresser des yeux depuis le quai.
A bord du Français, le courant de marée s’est enfin inversé ! Des enfants, même résidant dans des villes portuaires et qui n’avaient encore jamais posé le pied sur un voilier, peuvent larguer les amarres et tirer sans attendre sur les bouts. Ils découvrent la vie embarquée, apprennent à composer dans un espace réduit et à révéler leur potentiel dans un univers jusque-là inconnu. Ils en sortent à jamais transformés !
Véritable joyau du patrimoine maritime en action, le Français a accueilli 1 300 jeunes de la France entière, dès sa première année de fonctionnement.
Deux ans plus tard, ce sont déjà 2 700 jeunes de tous horizons qui ont navigué lors d’une sortie ou de plusieurs journées de navigation en Manche et Atlantique. La participation des mécènes permet aux moins à l’aise financièrement d’embarquer. Le manque de moyens n’est jamais un frein pour larguer les amarres aux côtés de Grand Voilier Ecole, le montant de la navigation à la journée étant pris en charge si besoin par l’association.
Bien plus qu’une virée en bateau
Aucune sortie à bord du Français ne ressemble à une autre. Futurs marins pêcheurs qui s’échinent à hisser les 19 voiles pour naviguer une journée sans moteur, élèves ingénieurs se frottant à la cohésion d’équipage, jeunes autistes venus avec leurs parents s’échapper et humer le bon air du large, collégiens repartant avec une idée du métier de marin… Grand Voilier Ecole tisse sa toile du vivre ensemble avec des sorties qui mêlent savamment les publics et fait évidemment une place aux personnes souffrant d’un handicap. Espace de liberté mêlant partage et prises d’initiative. Le navire invite à bien plus qu’une virée en bateau. Les premiers mécènes qui ont rejoint l’aventure ne s’y sont pas trompés. Ils ont saisi les enjeux et assouvissent aussi leur quête de « terriens en mal de mer ». Ils savent combien l’océan et ses exigences remettent systématiquement les choses à l’endroit. Il suffit d’embarquer un jour aux côtés de Grand Voilier Ecole pour comprendre. Ressentir les émotions d’une première nuit en mer, la complicité d’un équipage au diapason.
Sens et feu sacré
Du sens et de la vérité, voilà ce que l’on trouve en navigant aux côtés de Grand Voilier Ecole. Dans un monde semé de doutes et d’incertitudes et tous genres, venir naviguer sur le Français, à la voile, auprès d’un équipage aussi bienveillant qu’expérimenté, permet de repartir du bon pied et de retoucher terre plus confiant. Apaisé. Conforté. Les marins qui ont imaginé ce navire pour la jeunesse française cultivaient cette brûlante intuition. Leur feu sacré n’est pas près de s’arrêter avec plus d’une centaine de jours de mer programmés en 2023, fendant les eaux d’un archipel de moments forts parsemés des plus belles rencontres.
Crédit « Ewan Lebourdais – Peintre officiel de la Marine ⚓ www.ewan-photo.fr
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