Angie, cabinet de conseil, et Malt, plateforme de mise en relation entre freelances et entreprises, publient ce mardi 21 mai une étude qui analyse les nouvelles interactions entre les auto-entrepreneurs et les responsables des ressources humaines des entreprises.
Un million de professionnels en France exercent aujourd’hui leur activité en freelance. Voilà un nombre colossal d’autant plus que cette donnée a triplé en seulement 10 ans. Cette montée en puissance permet-elle aux freelances d’être considérés par les DRH comme des ressources humaines à part entière des entreprises ? La notion « d’entreprise élargie » n’est-elle pas en train de gagner progressivement du terrain auprès des DRH ? Le contexte de pénurie de talents et de transformation du métier de RH n’impose t-il pas aux DRH de reconsidérer rapidement leur relation avec les freelances ?
Pour répondre à toutes ces questions, Malt, plateforme de freelances en France, et l’agence de conseil Angie ont lancé une grande enquête quantitative auprès de plus de 500 freelances, croisée avec une série d’entretiens qualitatifs avec des DRH de grands groupes.
Freelances : des attentes croissantes vis-à-vis des entreprises
Véritable choix pour 90% d’entre eux, le statut de freelance est avant tout motivé par le désir d’indépendance. S’il répond aux attentes de la génération 18-25 ans, un nombre croissant de professionnels de 25 à 34 ans envisage de se préparer à se lancer en freelance.
Autre caractéristique qui se dégage de l’enquête, l’envie d’une relation installée dans la durée avec leurs clients. Près de la moitié des freelances (47%) souhaitent des missions comprises entre un et six mois et près de 20% recherchent même des missions de plus de six mois. Loin du cliché du prestataire volage et peu investi, 64% souhaitent travailler régulièrement avec le même client.
Les freelances ont même un désir de communauté. Pour 30% d’entre eux, les « bonnes relations avec l’équipe » font partie de leur motivation à collaborer de manière régulière avec une entreprise. Certains souhaiteraient être traités comme des collaborateurs et expriment leur envie de bénéficier des formations (près de 20%) proposées par l’entreprise ou de programmes d’onboarding pour mieux connaître l’entreprise et ses collaborateurs (17,7 %). 16,3% aimeraient être invités aux grands rendez-vous des salariés et 14% souhaiteraient avoir accès aux services de l’entreprise (restauration, etc…).
Une réalité qui échappe encore aux DRH
Côté DRH, la distance est encore de mise… La majorité des DRH interviewés ne voient pas encore les freelances comme des acteurs de la transformation des organisations, ni comme le moyen de ré-internaliser des compétences stratégiques. Ils sont perçus essentiellement comme des ressources complémentaires qui permettent de « boucher les trous ».
Si la notion d’entreprise élargie n’est pas clairement intégrée au positionnement RH et à l’organisation de l’entreprise, chacun reconnaît que le phénomène va prendre plus d’ampleur à l’avenir.
Les principaux freins à cette meilleure prise en compte des freelances par les DRH sont le risque de requalification en salariat, la confidentialité et la protection des données de l’entreprise et le sentiment de limiter les risque en choisissant plutôt des sous-traitants de plus grande taille et référencés chez eux plutôt qu’un freelance.
Des perspectives d’une nouvelle relation se dessinent
Le métier des RH est en pleine mutation avec l’arrivée de nouveaux outils numériques qui libèrent les RH d’un nombre croissant de tâches administratives (paie, congés, etc…) et leur permettent de se consacrer davantage à la gestion de l’humain : un sujet crucial dans un contexte de pénurie de talents et d’évolution des attentes des actifs français qui ne souhaitent plus forcément être salariés.
« Avec l’automatisation des tâches administratives, c’est enfin l’occasion de passer de la gestion des « ressources » humaines à la gestion des « talents » de toutes sortes, que ce soit pour 4 mois ou 4 ans, freelance ou salarié. Aujourd’hui, une entreprise qui ne sait pas comment travailler avec les freelances se met en risque de ne pas avoir accès aux meilleurs talents. L’enjeu pour les RH demain : se réapproprier le sujet des freelances et s’assurer que l’expérience humaine soit aussi bonne pour les freelances que pour les salariés! » Vincent Huguet, CEO de Malt.
Les DRH constatent que l’implication des talents repose de plus en plus sur un projet, une équipe ou une mission que vers une entreprise dans son ensemble. Cela les amène à une réflexion autour du concept d’open talent, qui consiste à penser l’organisation comme un écosystème de talents (internes et externes) qui collaborent ensemble pour créer de la valeur.
C’est en développant cette piste qu’on peut imaginer un rapprochement entre freelances et DRH. Les DRH devraient alors redéfinir les ressources humaines comme l’ensemble des talents (y compris les freelances) qui contribuent aux projets de l’entreprise.
« On voit l’émergence chez les DRH interviewés d’une réflexion de fond sur la nécessaire réorientation de leur mission vers la gestion stratégique des ressources et des compétences dans un contexte d’évolution des modalités d’engagement souhaitées par les talents les plus recherchés. Cela rend inéluctable à court ou moyen terme l’intégration du freelancing dans les priorités des DRH. Elle nous conforte dans notre projet : accompagner les DRH dans le renforcement de l’attractivité auprès des freelances et dans l’amélioration de l’expérience qu’elle propose à cette ressource stratégique. » analyse Stanislas Haquet, Directeur associé d’Angie Engage qui a co-piloté l’étude.
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