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Freelance : une parentalité contrariée face à une natalité en berne

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Multitasking mother taking care of baby and working from home

Une contribution de Charly Gaillard CEO de Beager. 

 

Le statut de freelance n’a jamais autant séduit qu’actuellement, avec près de 6 salariés sur 10 qui disent réfléchir à sauter le pas dans les 2 à 3 années à venir. Pourtant, la flexibilité et la liberté offertes par ce statut disparaissent en partie lorsqu’il s’agit de la parentalité. Aspect ignoré des pouvoirs publics, il devient urgent d’agir alors que notre pays fait face à une baisse inquiétante de la natalité.

 

Pour relancer la natalité, n’oublions pas les freelances

Le taux de natalité français a reculé de 6,6% entre 2022 et 2023 selon l’INSEE. C’est quasiment 20% de moins qu’en 2010, le dernier pic de naissances en date. Ces chiffres font écho au « réarmement démographique » souhaité par le Président de la République qui entend relancer la natalité à tout prix. Congés de naissance, check-up fertilité, meilleur accès à la PMA… de nombreux moyens sont mis sur la table. Malheureusement en occultant totalement la question de la parentalité des indépendants, qui représentent pourtant la catégorie de travailleurs dont la progression est la plus rapide en France, avec 110% d’augmentation en seulement 10 ans.

Si les Français renoncent à avoir des enfants, ce n’est pas uniquement en raison de la baisse de fertilité, mais aussi à cause d’un manque de soutien de l’État. Cette situation est encore plus difficile pour les freelances, qui ne bénéficient pas des mêmes droits que les salariés. De nombreux dispositifs sont conditionnés à des critères de revenus stables et l’indemnisation du congé maternité est plafonnée à 60 € par jour pour une indépendante alors qu’elle peut atteindre 100% de la rémunération pour une salariée. Les freelances ne peuvent pas non plus bénéficier du congé pathologique ou des aides de garde d’enfants aussi facilement que les salariées. Enfin, les indépendantes ont l’obligation de mettre en sommeil leur société pour toucher des aides. Dans la mesure où les allocations sont plafonnées, pourquoi ne pas permettre le travail à temps partiel avec une allocation réduite ?

 

Indéparents, un statut qui exige une grande discipline

Évidemment, être freelance est un choix fort qu’il faut pouvoir assumer sur le long terme et l’État ne peut pas tout, surtout dans les conditions économiques actuelles. Mais aucun statut professionnel ne devrait empêcher un couple de s’inscrire dans un projet de parentalité, surtout au moment où notre pays requiert une forte reprise démographique. Dans les faits, nombre de freelances sont obligés de choisir entre leur carrière et leur désir d’enfants. Au mieux, ils reportent ce projet à plus tard malgré les difficultés potentielles que cela implique. Avec l’évolution des formes d’emploi, des naissances toujours plus tardives et une fertilité qui s’effondre, l’État doit agir pour que chacun puisse devenir parent dans les meilleures conditions.

Face à ces inégalités, les freelances doivent redoubler d’efforts pour s’organiser. La gestion du temps devient cruciale pour concilier travail et parentalité, et certaines situations, comme les familles monoparentales, rendent cette tâche encore plus complexe voire impossible. Pour atténuer cette charge réelle et mentale, il est nécessaire de repenser sa manière de travailler, en adoptant par exemple des modèles asynchrones ou au forfait. Ce fonctionnement peut permettre de mieux gérer les contraintes parentales tout en maintenant une activité suffisante souvent indispensable à l’équilibre financier de la famille.

D’autres solutions pourraient être testées pour faciliter ce casse-tête du quotidien, par exemple grâce à des modes de garde subventionnés adaptés aux indépendants ou le développement de crèches aux horaires élargis avec la possibilité de réserver les créneaux à la carte en faible anticipation. Dans tous les cas, il peut être judicieux de s’entourer d’autres parents indépendants vivant la même situation : le partage de bonnes pratiques est essentiel pour ne pas subir sa parentalité mais bien la vivre pleinement !


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