La formation professionnelle en France, c’est un ensemble de sigles et surtout, de réformes. En novembre 2017, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a rouvert les négociations avec les partenaires sociaux sur le thème de la formation professionnelle, dont la dernière réforme date de 2014, sous François Hollande. François Galinou, président de l’ICPF, organisation de certification des professionnels de la formation et du conseil, donne son avis sur la formation professionnelle.
Quel est aujourd’hui l’enjeu de la formation continue ?
Aujourd’hui, très peu de salariés peuvent travailler sans formation. Il faut former sans cesse et de manière de plus en plus pointue les travailleurs. La formation doit donner des résultats, les attentes sont très fortes de la part des salariés et des entreprises, là où la formation continue n’était pas auparavant considérée. Le numérique par exemple, impose une formation continue, et dans tous les métiers.
Problème, le système actuel est complexe. La formation est très souvent financée. Or, le système commence à se gripper car la demande ne correspond plus à l’offre. Selon moi, salariés, état, entreprises ne sont pas satisfaits du système.
La vraie question est de savoir combien, sur les 500 000 chômeurs passés par une formation professionnelle, ont trouvé un emploi, et surtout, combien ont trouvé un emploi correspondant à leur formation ? Il n’y a pas de chiffres ! Il est très difficile d’associer la formation aux résultats d’une entreprise. L’employeur ne va pas toujours se rendre compte et mesurer que tel ou tel résultat a été obtenu parce que l’un de ses salariés a suivi une formation.
Délivrer des diplômes est chiffrable, mais la personne qui a suivi une formation l’a avant tout fait pour trouver un emploi.
Vous semblez dire qu’il y a trop de formation diplômante ?
En France, nous avons tendance à croire que l’attestation, le diplôme, permettent de trouver du travail.
Il y a trop de formations ! Plus précisément, il y a en France 90 000 organismes de formation. Dès qu’un prestataire de formation est rémunéré, il peut devenir organisme de formation. Ce n’est donc pas difficile de se faire enregistrer comme organisme de formation, mais cela ne veut pas dire que la formation est de qualité.
Avec 25 millions de financement public pour les formations professionnelles, cela attire beaucoup de candidats pour être formateurs.
Mais il y a peu d’organismes de qualité. 90 000 sont déclarés, mais seulement 6 000 sont certifiés. C’était l’objectif de la réforme de 2014 : proposer un contrôle de qualité. Avec cette démarche de certification demandée, nous nous sommes rendus compte que la majorité des organismes de formation ne peuvent pas être certifiés tout simplement parce qu’ils n’ont pas les connaissances suffisantes en droit pour le faire. Il faudrait former des formateurs pour former les formateurs afin qu’ils proposent des formations de qualité.
Si seulement 6 000 organismes sont certifiés sur les 90 000 existants, que se passe-t-il pour les autres ?
La réforme de 2014 a permis de faire émerger 6 000 organismes certifiés. Ce groupe-là était prêt depuis longtemps, il a rapidement été certifié et peut désormais se concentrer sur le e-learning. C’est un groupe qui va de l’avant.
Il y a ensuite un groupe qui pourrait être certifié. Ils ont fait une première démarche, vont être contrôlés.
Enfin, il y a tous ceux qui n’ont rien fait car étaient des formateurs ponctuels.
Comment va évoluer le dossier de la formation professionnelle en 2018 ?
Nous sommes en pleines négociations.
Plusieurs idées émergent : soit avoir recours à un certificat obligatoire pour être référencé, ce qui augmenterait les exigences de la certification et tout le monde devra être certifié. L’autre possibilité est de simplifier le système de formation qualifiante.
Aujourd’hui, le compte personnel de formation fonctionne avec un catalogue, l’idée serait de le supprimer et donner la possibilité au salarié de choisir vraiment ce qu’il veut.
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