Le 25 février 2016, Emmanuel Macron, alors encore Ministre de l’économie, annonçait la fin du CDI à vie dans la même entreprise devant la Fédération des Travaux Publics. Dans le même temps tout au long de l’élection présidentielle, certains candidats, notamment Nathalie Kosciusko-Morizet, n’ont eu de cesse de prôner le développement du travail indépendant, évoquant « l’ubérisation » de l’économie.
De toute évidence, il existe un mouvement de fond de transformation du monde du travail résultant de l’accélération de nos économies et de la recherche d’une ultra-performance économique par les entreprises. Les enjeux de performance des entreprises dans une compétition mondiale les incitent en effet à rechercher deux leviers dans leur organisation du travail : une nouvelle forme d’organisation qui n’est plus par poste mais par projet et une flexibilisation de leurs ressources humaines.
Cette flexibilisation n’est pas nouvelle en France car depuis de nombreuses années les entreprises font massivement appel à l’intérim qui pèse un poids plus important dans notre pays que dans d’autres pays développés. Ainsi, selon le Ministère du Travail, près de 90 % des propositions d’embauches se font actuellement en intérim, en CDD ou en apprentissage. Cette proportion est tout de même à nuancer étant donné que par construction, le nombre de contrats temporaire est très élevé puisqu’ils se renouvellent sans cesse.
En réalité, le nombre de personnes travaillant en CDI en France reste supérieur à 80 %, même si dans la tranche des 15-24 ans, la proportion avoisine logiquement les 50 %. Nous constatons également que le nombre de postes de cadres en CDI a tendance à augmenter et nous mesurons depuis 12 mois sur le site meteojob.com une augmentation significative des postes en CDI proposés par les ETI et les grandes entreprises.
Aussi, il est certain que les formes de contrats temporaires vont continuer à se développer (intérim, portage, CDD, auto-entrepreneur, …). Cette mutation va s’opérer petit à petit, dans le cadre d’une mutation règlementaire et culturelle. Déjà, nous constatons que de plus en plus de jeunes diplômés (environ 25 %) rêvent de travailler à leur propre compte alors que cette proportion n’était que de 5 à 10 % il y a une vingtaine d’années.
Si nous suivons ces signaux, il est donc légitime de se dire que la fin du CDI approche.
Je ne le crois pas. Et si le CDI disparaissait, il devrait être remplacé par une autre forme de contrat long (par exemple sur 5 ans) et ceci pour deux raisons :
La première est sociétale : une fraction importante de la population (probablement 25 %) n’est pas capable de travailler par missions, à son propre compte soit par manque d’autonomie, soit à cause du stress que génère l’incertitude. Certes, il est envisagé de créer une sorte de flexi-sécurité qui protège tous les travailleurs mais pour cette population, il me parait important d’apporter des solutions contractuelles qui leur amènent un niveau suffisant de stabilité et leur permettent un épanouissement personnel. La solidarité dont fait preuve les entreprises japonaises dans le maintien de perspectives à long terme pour une partie de leurs salariés est un facteur important de stabilité et de bien-être collectif pour un pays comme le Japon et doit nous interpeller.
La seconde est un éclairage oublié dans le raisonnement de ce qui fait la performance d’une entreprise à savoir son capital humain : l’importance pour les entreprises, quelles qu’elles soient, de disposer de salariés loyaux, engagés dans la durée sur un projet collectif, prêt à se battre pour leur succès et l’importance de conserver les talents et les expertises. Une entreprise qui ne fonctionnerait que par projets avec des travailleurs indépendants, n’aurait pas d’âme en définitive. Aurait-elle la capacité d’innover et de rester compétitive sur le long terme ? Serait-elle réellement compétitive ?
Finalement, le CDI ou une forme alternative de contrat long terme (5 ans minimum), sont évidemment voués à perdurer. Certes entre 30 et 50 % des emplois seront peut-être à l’avenir temporaires mais je ne serais pas étonné que la moitié des formes de travail continue à s’inscrire sur des formes de durées longues à l’avenir.
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