Afficher des slogans green, ‘veggie’, comme prôner le respect des droits des animaux est devenu une mode. Un argument marketing dont on use et abuse… sans modération. Pour la légende des Beatles, Paul McCartney, c’est surtout un véritable mode de vie. De son régime alimentaire à son implication active au sein de l’association PETA, dont Macca est le meilleur ambassadeur, en passant par l’écriture de chansons sacralisant la vie animale, l’icône intergénérationnelle contribue sans relâche à éveiller les consciences. Pour Forbes, Sir Paul McCartney prend la parole. Exclusif.
Le sujet du respect et de la protection de la vie animale est à présent abordé dans tous les domaines (économique, politique, sociétal…). Considérez-vous que nous avons progressé sur la question ou que nous sommes loin d’être à la hauteur ?
Sir Paul McCartney : Tout d’abord, je pense que nous avons fait des progrès fantastiques et l’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) a joué un rôle très important dans cette avancée. Je pense aussi que les gens sensibilisés commencent à faire passer le message sur un certain nombre de fronts à l’instar de la cruauté envers les animaux, la santé et la préservation de l’environnement. Je suis constamment surpris par les grands progrès qui ont été réalisés ! Il y a vingt ans, lorsque vous parliez des ‘Droits des animaux’, les gens ne savaient pas concrètement de quoi il était question. Au fur et à mesure, avec le concours de PETA, ils ont été éduqués sur le sujet. Ils ont appris à quel point nous étions cruels en tant qu’espèce envers nos concitoyens de la Terre.
Souvenez-vous de toutes les choses du passé qui semblaient insurmontables : Gandhi en Inde face à la toute-puissance de l’Empire britannique… impossible, n’est-ce pas ? Il l’a fait ! L’apartheid en Afrique du Sud semblait ne jamais prendre fin. Et Mandela a fini par faire triompher son idéal humaniste sur la suprématie blanche. Dans notre lutte pour une éthique et le respect de la vie animale, nous avançons malgré la fatigue, les préjugés, les difficultés. Nous gagnerons de la même manière que les peuples ont accédé au respect inaliénable de leurs droits.
Pourquoi avez-vous fait le choix de militer sans relâche pour le respect des droits des animaux ? Qu’aimeriez-vous partager sur ce choix et son impact dans votre existence ?
Sir Paul McCartney : J’ai la conviction que les animaux ont le droit de vivre, bien que cela semble très simple, notre culture leur a refusé ce droit de tant de manières. Dans cette planète, nous autres, êtres humains, sommes dans une forme de cohabitation avec les autres espèces. A mes yeux, mes coreligionnaires méritent les meilleures chances de vivre à l’égal des animaux qui sont eux aussi des êtres sensibles. J’aime l’idée de leur offrir les meilleures opportunités d’épanouissement et cela implique de ne pas les tuer. Cette prise de conscience est née d’un moment particulier où j’ai eu « une révélation » dans les années 1970 alors que je dînais avec mon épouse Linda : nous découpions un rôti, puis en baladant le regard vers la fenêtre nous pouvions voir nos agneaux gambader joyeusement dans les pâturages. Ce jour-là, impossible de chasser de notre esprit que nous leur prenions la vie pour qu’elle finisse dans… notre assiette. Rien n’a jamais plus été comme avant depuis. Nous avions pris la décision de ne jamais plus regarder en arrière !
Récemment en France, le maire de Lyon, l’écologiste Grégory Doucet, a souhaité instaurer un menu sans viande à la cantine… Une mesure qui a soulevé une importante polémique au niveau national forçant l’édile à faire machine arrière. Cet exemple démontre à quel point cette question est abordée de manière idéologique. Est-ce que les « pour » et les « contre » sont irréconciliables ? Comment amener de la sérénité dans les débats ?
Sir Paul McCartney : Je dis toujours que le changement est une chose très lente, plus encore lorsque c’est un sujet qui impacte nos enfants. Décider de devenir végétarien est avant tout une décision individuelle. A certains égards, je peux comprendre que cette initiative ait pu crisper les débats. Ceci étant posé, je pense qu’il est judicieux de commencer par instaurer un menu sans viande le lundi par exemple, afin d’éveiller les consciences. Nous avons constaté que l’introduction d’une telle mesure suscitait spontanément un élan amenant à une extension de deux à trois autres jours. Une approche qui parvient même à toucher un cercle plus large car elle se propage en dehors des murs de l’école pour toucher les proches. C’est une passerelle pour décider de devenir ‘veggie’. Et pour prendre conscience qu’il existe tant d’alternatives délicieuses pour les non-carnivores !
Vous avez par ailleurs la conviction que « si les abattoirs avaient des parois de verre, tout le monde serait végétarien »…
Sir Paul McCartney : De même que si chaque cosmétique testé sur des lapins ou des souris avait une photo sur l’emballage montrant leur vivisection, leur peau enflammée, je pense que tout le monde laisserait la cruauté sur l’étagère… J’ai toujours soutenu PETA dans son combat sans relâche et déterminé en faveur de l’interdiction des expérimentations animales. Nos sociétés doivent sacraliser la vie animale.
Regardez les premières photos de moi à l’occasion du concert caritatif Live Aid : j’ai ce manteau de fourrure noire que Linda aimait parce que c’était un manteau tellement ‘cool’, du moins, c’est ce qu’il semblait à l’époque. Je me souviens avoir demandé au vendeur la provenance et il a dit : « C’est du ragondin ». Je n’avais aucune idée de ce à quoi cela pouvait ressembler. Ce que je veux dire par là, c’est que je ne comprends que trop bien l’attrait pour ce genre d’accessoires tape-à-l’œil, notamment lorsque vous gagnez de l’argent pour la première fois. Vous voulez afficher ces signes extérieurs de richesse : vous voulez les fourrures les plus exubérantes, vous voulez que le chinchilla dégouline de vous, vous voulez des bijoux. Problème : il y a une différence de taille entre la fourrure et les bijoux puisque la fourrure tue !
Le pouvoir des vidéos, des images permet de sensibiliser massivement le public.
Vous faites par ailleurs le lien entre « végétarisme » et « protection de la planète ». Expliquez-nous.
Sir Paul McCartney : Assurément ! Penchez-vous sur la question, le végétarisme règle tellement de choses d’un seul coup : l’écologie, la famine, la cruauté animale. Combien d’études pointent les effets néfastes des élevages industriels pour la planète ? Il y a un impact sur nos ressources d’eau qui s’épuisent, sur nos sols, mais aussi sur la faim dans le monde. Ne négligeons pas les bénéfices au niveau de la santé publique puisque la viande n’est pas l’aliment le plus sain. Comme beaucoup de personnes, j’ai longtemps pensé que la source principale de protéines était la viande animale ; en devenant végétarien, j’ai réalisé que ma santé n’était aucunement dans la balance. On peut trouver des protéines dans tellement d’autres aliments. La meilleure chose à faire est juste de se poser des questions, de s’éduquer sur le sujet. Quiconque s’en inquiète devrait obtenir les faits, les examiner et se forger une opinion.
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